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dimanche 26 novembre 2023

Le mythe de Gandhi est l’une des plus grandes supercheries de l’histoire

 

Imaginez un instant que Gandhi vive aujourd’hui et qu’il soit exactement comme on nous le décrit, c’est-à-dire un résistant à l’empire, pacifique certes, mais farouchement déterminé à déposséder l’Empire de l’un de ses fleurons, risquant ainsi d’entrainer sa chute. Comment serait-il traité par l’Empire et ses médias ?

A l’époque de Gandhi, l’Empire et les médias étaient les mêmes et usaient exactement des mêmes méthodes. S’il avait été comme on nous le présente, une sorte de saint intouchable, champion d’une paix, mot  qui signifie la défaite de l’impérialisme, il aurait été traité exactement de la même façon qu’il le serait aujourd’hui.

Alors qui était Gandhi, dont la sainteté ne peut être discutée sous peine de révisionnisme ?

Avic

Le mode de vie austère du Mahatma est aujourd’hui bien ancré dans l’imaginaire collectif de l’Inde comme du reste du monde. Il s’agissait pourtant d’une suprême supercherie politique. Son prétendu dénuement n’était qu’un mythe, fruit d’une grande opération de communication. On se souvient, d’ailleurs, de la célèbre remarque de l’un de ses assistants : « Il faut beaucoup d’argent pour maintenir Gandhi dans la pauvreté. »

Il a toujours été pratiquement impossible de toucher à son image. Quand on a appris qu’il « autorisait » des adolescentes de son ashram à dormir nues avec lui (et des milliers d’entre elles se disputaient ce privilège), on nous a expliqué qu’il s’agissait d’une façon de « mettre son vœu de chasteté à l’épreuve ». On sait également qu’au nom de sa cause, il devait endurer nu les massages que lui faisaient subir ces mêmes filles pendant une heure chaque jour. Elles lui administraient également un lavement d’eau salée quotidien.

Selon ses proches collaborateurs, il était extrêmement difficile de travailler avec lui. Il dictait les moindres mouvements de ses adeptes, y compris ce qu’ils devaient manger et à quel moment. Le mot « compromis » ne figurait pas dans son dictionnaire. En 1920, lors d’un congrès national indien, il a déclaré : « À partir du moment où vous me choisissez comme leader, vous devez accepter la dictature et la discipline de la loi martiale. »

Gandhi l’impérialiste

Le pacifisme n’est apparu que tardivement dans la philosophie de Gandhi. Durant ses jeunes années, en Afrique du Sud, il s’était porté volontaire pour lever une brigade indienne au service de l’armée britannique dans la guerre des Boers. Les autorités n’étaient pas convaincues de la valeur de ses hommes mais, sur son insistance, elles avaient néanmoins fini par céder et les former comme brancardiers. En tant que sergent major, Gandhi a remporté des médailles à la guerre des Boers et, quatre ans plus tard, durant la guerre anglo-zouloue. En 1920, quand il a lancé son mouvement de non coopération en Inde, il les a cérémonieusement renvoyées au vice-roi – « non sans un pincement au cœur », a-t-il avoué.Jusqu’aux derniers jours de la campagne anti-britannique, il a approuvé le conflit. Il a soutenu de terribles émeutes à Calcutta sous prétexte qu’il s’agissait d’un « recours à la violence pour une cause morale ». Il a donné sa bénédiction à une sorte de prince, le nawab de Malerkotla, qui avait donné l’ordre de fusiller dix musulmans pour chaque hindou tué sur son territoire. Et, lors d’une réunion de prière, en juin 1947, quelques mois avant sa mort, il a déclaré : « Si nous avions la bombe atomique, nous l’aurions utilisée contre les Britanniques. »

L’idole des jeûnes

Gandhi a été le pionnier de la grève de la faim comme mode de protestation politique. Il l’a plus tard utilisée avec succès contre les Britanniques mais la première fois qu’il y eut recours, en 1932, ce fut pour des raisons remarquablement déplaisantes. Appartenant à une caste supérieure, il s’opposait à une proposition des autorités britanniques d’accorder aux « intouchables » (la plus basse classe sociale) un statut électoral séparé afin que leurs intérêts puissent être mieux représentés. Son jeûne était censé durer jusqu’à la mort. Il a duré cinq jours, c’est-à-dire jusqu’à ce que les dirigeants hindous aient fait pression sur le leader des intouchables pour qu’il refuse les réformes britanniques.En 2008, on a retrouvé des rapports de conversations ayant eu lieu au British Cabinet à l’époque. Ils nous apprennent comment Churchill réagissait aux menaces de grèves de la faim de Gandhi : « Nous serions débarrassés d’un mauvais homme et d’un ennemi de l’Empire s’il mourait. » Quand le Cabinet découvrit qu’on ajoutait du glucose dans le jus d’orange du mahatma et qu’on massait ce dernier avec des huiles nutritives, le Premier ministre commenta :

« Apparemment, ce n’est pas un jeûne mais juste un changement de régime». La pauvreté et l’opposition à tout ce qui était moderne constituaient l’épine dorsale de la philosophie de Gandhi. Il exécrait l’industrie et les moyens de communication de son temps. En revanche, s’il déplorait l’invention du télégraphe, de la radio et du téléphone, cela ne l’a pas empêché de passer énormément sur les antennes nationales durant ses grandes grèves de la faim, à l’apogée de sa lutte pour l’indépendance.

Il professait que le monde idéal était celui de la simplicité du rouet et de la charrue à bœufs. Selon les termes de sa biographe Judith Brown, il prônait un mode de vie « clairement et consciemment basé sur la pauvreté ».

Il était également contre la médecine moderne et a refusé que l’on injecte de la pénicilline à sa femme quand celle-ci a contracté une pneumonie. Elle en est morte. (Plus tard, il a trouvé tout à fait acceptable de prendre de la quinine pour soigner sa malaria).

mercredi 21 avril 2021

De la Perse à l’Inde : les commandos allemands au Proche et au Moyen Orient de 1914 à 1945

  

[Ci-desseus : Wassmus en 1915 en tenue persane]

Les études historiques se rapportant aux 30 ans de guerres européennes au cours du XXe siècle se limitent trop souvent à des batailles spectaculaires ou à des bombardements meurtriers, qui firent énormément de victimes civiles, comme Hiroshima ou Dresde. Les aventures héroïques de soldats allemands sur des fronts lointains et exotiques ne sont guère évoquées, surtout dans le cadre de l’historiographie imposée par les vainqueurs. La raison de ce silence tient à un simple fait d’histoire : les puissances coloniales, et surtout l’Angleterre, ont exploité les peuples de continents tout entiers et y ont souvent mobilisé les indigènes pour les enrôler dans des régiments à leur service.

L’historiographie dominante, téléguidée par les officines anglo-saxonnes, veut faire oublier les années sombres de l’Empire britannique, ou en atténuer le souvenir douloureux, notamment en valorisant le combat de cet officier anglais du nom de Thomas Edward Lawrence, mieux connu sous le nom de “Lawrence d’Arabie”. Cet officier homosexuel a mené au combat les tribus bédouines de Fayçal I qui cherchaient à obtenir leur indépendance vis-à-vis de l’Empire ottoman. Il fallait, pour les services naglais, que cette indépendance advienne mais seulement dans l’intérêt de Londres. Le 1er octobre 1918, Damas tombe aux mains des rebelles arabes et, plus tard dans la même journée, les forces britanniques entrent à leur tour dans la capitale syrienne. Mais les Arabes étaient déjà trahis depuis 2 ans, par l’effet des accords secrets entre l’Anglais Sykes et le Français Picot. L’ensemble du territoire arabe de la Méditerranée au Golfe avait été partagé entre zones françaises et zones anglaises, si bien que les 2 grandes puissances coloniales pouvaient tranquillement exploiter les réserves pétrolières et contrôler les régions stratégiques du Proche Orient. La liberté que Lawrence avait promise aux Arabes ne se concrétisa jamais, par la volonté des militaires britanniques.

Beaucoup de tribus de la région, soucieuse de se donner cette liberté promise puis refusée, entrèrent en rébellion contre le pouvoir oppressant des puissances coloniales. La volonté de se détacher de l’Angleterre secoua les esprits de la Méditerranée orientale jusqu’aux Indes, tout en soulevant une formidable vague de sympathie pour l’Allemagne. Les rebelles voulaient obtenir un soutien de la puissance centre-européenne, qui leur permettrait de se débarrasser du joug britannique. Ainsi, pendant la Première Guerre mondiale, le consul d’Allemagne en Perse, Wilhelm Wassmuss (1880-1931), fut un véritable espoir pour les indépendantistes iraniens, qui cherchaient à se dégager du double étau russe et anglais. L’historien anglais Christopher Sykes a surnommé Wassmuss le “Lawrence allemand” dans ses recherches fouillées sur les Allemands qui aidèrent les Perses et les Afghans dans leur lutte pour leur liberté nationale.

Fin 1915, début 1916, le Feld-Maréchal von der Goltz, commandant en chef des forces armées de Mésopotamie et de Perse, entre dans la ville iranienne de Kermanshah. Les Perses s’attendaient à voir entrer des unités allemandes bien armées, mais le Feld-Maréchal n’entre dans la ville qu’avec 2 automobiles. Pendant ce temps, le Comte von Kanitz avait constitué un front contre les Anglais qui avançaient en Perse centrale. Les forces qui meublaient ce front étaient composées de gendarmes iraniens, de mudjahiddins islamiques, de mercenaires, de guerriers tribaux (des Loures et des Bachtiars) et de Kurdes. La mission militaire germano-perse se composait de trente officiers sous le commandement du Colonel Bopp. Le gouvernement de Teheran cultivait une indubitable sympathie pour les Allemands : l’Angleterre se trouvait dès lors dans une situation difficile. Lorsque la Turquie ottomane entra en guerre, un corps expéditionnaire britannique, sous le commandement de Sir Percy Cox, occupa Bassorah et Kourna. La Perse se déclara neutre mais, malgré cela, les Anglais continuèrent à progresser en territoire perse, pour s’assurer l’exploitation des oléoducs de Karoun, entre Mouhammera et Ahwas.

Les tribus des régions méridionales de la Perse étaient toutefois fascinées par Wassmuss, le consul allemand de Boushir, originaire de Goslar. Wassmuss traversa le Louristan, région également appelée “Poucht-i-Kouh” (Derrière les montagnes), où vivaient des tribus éprises de liberté, celles des Lours. En 1916, Wassmuss fait imprimer le journal Neda i Haqq (La Voix du droit) à Borasdjan, “pour éclairer et éveiller l’idée nationale persane”. Wassmuss travailla d’arrache-pied pour influencer le peuple iranien. Son journal en appelait à la résistance nationale et préchait la révolte contre l’ennemi qui pénétrait dans le pays. Wassmuss fut ainsi le seul à pouvoir unir les tribus toujours rivales et à leur donner cohérence dans les opérations. « Les chefs religieux distribuèrent des directives écrites stipulant qu’il était légal de tuer tous ceux qui coopéraient avec les Anglais ». Mais tous les efforts de Wassmuss furent vains : il n’y avait aucune planification et la révolte échoua, littéralement elle implosa. Elle est venue trop tard : dès le début de l’année 1918, les troupes britanniques avaient occupé la majeure partie du territoire perse, en dépit de la neutralité officielle qu’avait proclamée le pays pour demeurer en dehors du conflit.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ne s’intéressaient qu’au pétrole, qu’à assurer leur prédominance économique en Iran, et ne se souciaient guère de lutter contre l’idée nationale persane. Rien n’a changé sur ce chapitre aujourd’hui : les Occidentaux ne cherchent que des avantages économiques. Toujours pendant le second conflit mondial, près d’un million d’hommes, épris de liberté, se sont rangés aux côtés de la Wehrmacht allemande, dans l’espoir de libérer leur pays de la tutelle des puissances coloniales occidentales : parmi eux, on compte les Indiens de la Légion “Asad Hindi”, les troupes recrutées par le Mufti de Jérusalem, les combattants issus des tribus du Caucase et quelques nationalistes iraniens. Ces derniers ont également apporté leur soutien à une opération osée, et sans espoir, que l’on avait baptisée “Amina”. Elle avait été planifiée par l’Abwehr de l’Amiral Canaris et devait être menée à bien par des soldats de la fameuse division “Brandenburg”.

L’objectif était de détruire la raffinerie de pétrole d’Abadan afin d’interrompre l’approvisionnement en carburant de la flotte britannique du Proche Orient. Mais les troupes britanniques et soviétiques sont entrées dans le Sud et dans le Nord de l’Iran, le 25 août 1941 et l’opération prévue par Canaris n’a pas pu avoir lieu. Plusieurs unités iraniennes résistèrent âprement mais dès le 28 août, elles ont dû capituler. Mais la lutte clandestine s’est poursuivie : début 1942, l’Abwehr allemande engage cent soldats indiens, qu’elle a bien entraînés, pour faire diversion dans l’Est de l’Iran. Les autres théâtres d’opération, très exigeants en hommes et en matériels, et l’éloignement considérable du front persan ont empêché toute intervention directe des Allemands. Les ressortissants allemands qui se trouvaient encore en Perse, après l’entrée des troupes britanniques et soviétiques, ont courageusement continué à soutenir les efforts des résistants iraniens. Il faut surtout rappeler les activités légendaires de Bernhard Schulze-Holthus, qu’il a déployées auprès des tribus guerrières des Kashgaï. Il était le conseiller du chef tribal Nazir Khan, qui refusait de payer des impôts à Teheran. Le rejet de la présence britannique conduisit donc à cette alliance germano-perse. Après plusieurs défaites, qui coûtèrent beaucoup de vies au gouvernement central iranien, celui-ci conclut un armistice avec Nazir Khan. Ce traité promettait l’autonomie aux Kashgaïs et leur fournissait des armes. En 1943, Nazir Khan revient de son exil allemand. Les Britanniques l’arrêtent et l’échangent en 1944 contre Schulze-Holthus.

De nos jours encore, les régions du monde qui ont fait partie de l’Empire britannique sont des foyers de turbulences, surtout au Proche Orient. La question est ouverte : à quand la prochaine attaque contre le “méchant Iran”, que décideront bien entendu les “bonnes” puissances nucléaires ?

► Rudolf Moser. (article paru dans zur Zeit, Vienne, n°44/2010)

♦ Pour prolonger :

http://www.archiveseroe.eu/histoire-c18369981/103

mardi 23 novembre 2010

La route des Indes

Les XVe-XVIe siècles constituent un véritable tournant de l’histoire européenne car les premiers voyages maritimes d’exploration y sont associés. Les causes de ces expéditions lointaines sont connues et multiples : conversion des païens, goût de l’aventure, recherche des épices et de l’or.
Transportées depuis l’Asie, les épices passaient d’intermédiaire en intermédiaire Chinois, Persans, Arméniens, Arabes, etc. Les prix de ces marchandises précieuses étaient donc élevés quand les marchés d’Europe étaient enfin atteints. L’idée apparut alors de découvrir les routes menant directement aux zones de production, c’est-à-dire aux Indes. Les principales tentatives eurent lieu à l’ouest - et l’Amérique fut découverte - ou vers le Sud, au-delà des rivages africains connus à l’époque. C’est cette dernière route que suivirent les marins portugais.
En 1413, Madère et Porto Santo sont reconnus et, en 1439, c’est le tour de l’archipel des Açores. Les Portugais poussent toujours plus loin et, en 1434, Gil Eanes franchit le cap Bojador.
Désormais, la découverte portugaise allait pouvoir véritablement commencer.
En 1445, le cap Vert et le golfe de Guinée sont atteints. En 1445, le monopole portugais risquant de se voir contester par les autres puissances européennes, le pape Nicolas V confirme les droits de Lisbonne par la bulle Romanus Pontifex. L’Afrique est officiellement domaine portugais et toutes les conquêtes et installations y sont par avance légitimées. L’encouragement à poursuivre les découvertes est ainsi donné. La même année, le prince Henri le Navigateur commissionne Ca Da Mosto et Uso di Mare pour l’exploration des côtes au sud du cap Vert et dans l’estuaire du fleuve Gambie.
A la fin du XVe siècle une accélération est donnée au mouvement qui est entamé par Diego Cao, lequel atteint l’embouchure du rio Poderoso, l’actuel fleuve Zaïre, en avril 1483. En 1486, il entreprend un second voyage plus loin encore vers les rivages inconnus du Sud et il longe la côte de l’actuelle Namibie où il disparaît.
Le 25 décembre 1487, Bartolomeu Dias atteint la baie d’Angra das Voltas où est bâtie l’actuelle ville de Ludoritz. En janvier 1488, il longe le littoral atlantique de la région comprise entre l’embouchure du fleuve Orange et le cap des Tempêtes qui sera ultérieurement baptisé “Bonne-Espérance”. Celui-ci est d’ailleurs doublé sans que les navigateurs s’en aperçoivent et, le 3 février 1488, les navires portugais jettent l’ancre dans la baie de Mossei dans l’océan Indien.
Le traité de Tordesilhas fut signé en 1494. Il partageait le monde entre les deux puissances ibériques ; l’expansion pouvait donc reprendre, avec une priorité politique pour Lisbonne : la découverte de la route des Indes. En 1495, Manuel 1er succède à Jean II : c’est sous son règne qu’elle fut ouverte.
Le 8 juillet 1497, Vasco de Gama quitte Lisbonne. Le 7 novembre, avec ses quatre navires, il jette l’ancre dans la baie de Sainte-Hélène, au nord-ouest du Cap. Puis, le 22 novembre, il double le Cap et “remonte” le long du littoral est-africain. Comme il célèbre la naissance du Rédempteur quelque part sur un rivage inconnu, il donne à cette contrée le nom de Natal qui lui est resté depuis. En 1498, il parvient aux Indes, ce but mythique de l’épopée maritime lusitanienne, presque un siècle après son commencement. En 1499, l’expédition est de retour au Portugal.
par Bernard Lugan Le Libre Journal de la France Courtoise - n° 25

lundi 12 juillet 2010

Comment la France abandonna Dupleix et les Indes

Dupleix était né le 1er janvier 1697 à Landrecies où son père remplissait les fonctions de contrôleur des domaines. Sur son enfance et sur sa jeunesse, nous ne savons presque rien. À neuf ans, il est externe au collège des jésuites de Quimper, où il demeure jusqu'en 1713. Deux ans plus tard, il est enseigne à bord d'un vaisseau qui fait le commerce des Indes. On le retrouve à Nantes, à Saint-Malo, à Paris, sans que l'on puisse savoir ni la durée de ses séjours, ni de quoi il vit. Pendant ce temps son père est entré dans l'administration des tabacs, d'abord comme directeur d'une manufacture, puis comme fermier.

La ferme des tabacs dépendait plus ou moins de la Compagnie des Indes. Fort de l'appui paternel, Dupleix se fait nommer à vingt-cinq ans conseiller et Commissaire général des troupes à Pondichéry. Mais, à nouveau, il faut avouer notre ignorance. Dupleix se tire sans doute avec honneur des missions subalternes qui lui sont confiées. Toutefois, différents incidents font croire qu'il manifeste dès ce moment un caractère hautain et dominateur qui indispose ses collègues et ses chefs. Il n'en est pas moins désigné en 1731 comme directeur à Chandernagor. La Compagnie encourageait ses employés à trafiquer pour leur compte. Dans son nouveau poste, il se montre administrateur habile et entreprenant. Il accroît le mouvement du port, fait bien les affaires des actionnaires et mieux encore les siennes. Enfin, il se marie avec une jeune veuve sans fortune et chargée d'enfants. Au départ de Dumas, en 1741, ses services l'imposent comme gouverneur et il vient résider à Pondichéry au début de 1742.

Pour juger de son caractère, nous n'avons guère que ses lettres. Il s'y montre dès l'abord brutal et pesant. Il ne connaît pas l'art des nuances; sans être vulgaires ses plaisanteries manquent d'élégance et de légèreté; il n'a ni grâce ni souplesse.

M. Alfred Martineau, professeur au Collège de France et ancien gouverneur des Établissements français de l'Inde, a consacré à Dupleix cinq volumes définitifs, au cours desquels il établit avec beaucoup de force que la politique d'intervention ne fut pas inspirée à Dupleix par des vues théoriques sur la colonisation. Elle se forma peu à peu au contact des faits et à la sollicitation des circonstances. Lorsque Dupleix se décida à en donner un grand exposé doctrinal, en 1753, son rappel était déjà décidé et son œuvre frappée à mort. En bref, ce sont les événements survenus autour de Pondichéry pendant la guerre de Succession qui lui révélèrent la prodigieuse faiblesse des souverains locaux. Il la pressentait déjà, mais il ne se rendait pas aussi exactement compte de la nullité de leurs troupes et de leurs gouvernements. Les victoires qu'il remporta avec une poignée d'hommes sur des armées cent fois plus considérables ouvrirent, à son imagination un champ illimité. D'autre part, le trésor de la Compagnie se trouvait à Paris et les comptoirs indiens ne pouvaient faire leurs achats qu'avec les fonds qui leur étaient envoyés de France. À plusieurs reprises, les bateaux avaient été arrêtés en route et les fonds avaient manqué. N'étant plus payés, employés et soldats avaient refusé le service. « Pas d'argent, pas de Suisses », disaient les principaux officiers. Pour empêcher les désertions, Dupleix avait dû engager sa fortune et son crédit. Deux ou trois fois, il avait été au bord de la ruine et la Compagnie avec lui. Le calcul et l'expérience lui prouvèrent aussi que le trafic des denrées tropicales était moins rémunérateur qu'on ne le pensait communément. La Compagnie supportait des frais généraux très lourds et la crainte d'avilir les prix entravait toujours le développement de ses importations. Dupleix en vint ainsi à la conviction qu'elle « ne pourrait se soutenir par le simple bénéfice de son commerce » et qu'il lui fallait aux Indes mêmes « un revenu fixe et assuré » : rentes foncières, impôts, monopoles, privilèges, tributs payés par les princes vaincus ou assistés. Jusqu'alors, on s'était contenté d'occuper quelques places dont l'entretien et la défense coûtaient d'autant plus cher qu'on n'y traitait point d'opérations commerciales sans acquitter les droits de douane et de péage prélevés par les dynastes locaux. La protection d'un domaine plus étendu ne serait ni plus difficile, ni plus dispendieuse. Quant aux frais de guerre, on les solderait au fur et à mesure avec les bénéfices de la conquête et le butin de la victoire. En fin de compte, la Compagnie régnerait sur un domaine dont l'acquisition ne lui aurait demandé qu'un peu d'audace et de persévérance.

Deux États indigènes recouvraient à peu près la péninsule indienne au sud du Godavery : la soubabie du Deccan et la nababie du Carnatic; la première au nord, Ia seconde au sud-est, celle-là voisine de Bombay et des Marattes, celle-ci proche de Pondichéry et vassale de l'autre. Deccan et Carnatic était disputés par des princes rivaux, héritiers plus ou moins légitimes, prétendants plus ou moins fondés. Deux des concurrents demandèrent à Dupleix son alliance. Il mit à leur disposition des officiers et des troupes, vainquit leurs rivaux et, en échange des services rendus, leur imposa la reconnaissance de son protectorat. Mais Dupleix avait péché par excès d'optimisme. Ses moyens financiers furent toujours insuffisants. Inquiets pour leur commerce, les Anglais prirent à leur tour parti pour les princes que nous avions dépossédés. Il se fit ainsi entre les deux nations, sous le couvert de leurs clients respectifs, une guerre indirecte, mais cependant effective, durant laquelle les troupes européennes, servant comme auxiliaires, se combattirent l'une l'autre, tout en se prétendant en paix, Les opérations en devinrent plus onéreuses. Si dans le Deccan, où nous fûmes constamment victorieux, les recettes couvrirent bien les dépenses, dans le Carnatic, où la lutte s'éternisa, le déficit atteignit plusieurs millions de livres que Dupleix dut se procurer soit par des emprunts, soit en puisant dans ses fonds personnels. D'autre part, Dupleix escomptait un succès assez rapide pour que les Anglais n'eussent pas le temps d'intervenir à propos. Pour cela, il lui aurait fallu, dès le début, une force supérieure aux deux ou trois mille hommes dont il disposait.

D'où il résulte en bonne logique qu'il ne pouvait réussir sans que sa politique fût, par avance, connue et appuyée par la Compagnie de France, dispensatrice des hommes et de l'argent. On retombe toujours au même point. Comment Dupleix eût-il trouvé à Paris un appui efficace quand l'opinion ne lui manifestait qu'indifférence ou hostilité et quand ses directeurs proclamaient eux-mêmes qu'ils réprouvaient toute intervention dans les affaires indigènes ?

Avec un héroïsme qu'on ne saurait assez admirer, il se décida à passer outre et à se lancer dans l'aventure. Lorsque, par suite de complications inattendues, il se trouva entraîné dans une guerre véritable et de longue durée, il était trop tard pour en faire l'aveu à la Compagnie et pour lui demander son approbation. Les troupes marchaient, le temps aussi et il fallait plus d'un an pour obtenir une réponse de France. Amené par la suite à justifier cette prolongation des hostilités, il ne cessa de représenter les événements sous le jour le plus favorable, dissimulant les difficultés, atténuant les revers, annonçant une paix prochaine et avantageuse. Au reste, la Compagnie ne fut nullement conséquente en son opposition. Elle n'ordonna pas à Dupleix de rendre les territoires qu'il avait conquis. Tant qu'il fut victorieux, flattée du succès de ses armes, elle n'esquissa qu'une timide défense contre les faveurs de la Fortune. Pendant trois ans, elle ne sut à quoi se résoudre, partagée également entre la crainte de manquer sa chance et celle de s'engager trop. Tout en recommandant à Dupleix de traiter au plus vite, elle lui envoya plus de renforts qu'elle ne lui en accordait autrefois, mais pas assez cependant pour lui assurer une supériorité décidée sur ses adversaires.

Jusqu'à la fin, il suppléa à tout par son génie. Comprenant l'âme indigène, sachant à la fois éblouir et terroriser, fastueux comme un sultan des Mille et une Nuits, magnifiquement aidé par sa femme, il soutint la lutte « avec une inlassable confiance, une ténacité merveilleuse et une admirable diplomatie; il ne se découragea jamais, même dans les situations qui paraissaient les plus désespérées et, par certains côtés, il mérite d'être comparé à Napoléon dont il devança les conceptions gigantesques en s'attaquant au même ennemi, sur un autre terrain, aussi vaste que l'Europe elle-même ». Sans doute est-il hasardeux de refaire l'histoire, mais en la circonstance, il n'est point téméraire d'avancer que Dupleix aurait fini par triompher, s'il avait pu mettre à la tête de ses troupes deux capitaines dignes de ce nom. Or, il n'en avait qu'un, Bussy, qui commandait au Deccan. Les chefs dont il se servit dans le Carnatic manquaient d'intelligence, de coup d'œil et d'audace. Connaissant leurs défauts, il essayait d'y parer en les accablant d'instructions minutieuses, de lettres quotidiennes ou biquotidiennes qui achevaient de les dérouter. On lui reproche d'avoir été tatillon; s'il avait abandonné ses lieutenants à leurs propres lumières, on l'accuserait de négligence. Il jugeait les hommes à leur valeur. Quand il en rencontra un, il sut l'apprécier. Jamais il ne marchanda sa confiance à Bussy et, en dépit de son tempérament autoritaire, il lui laissa toute initiative pour mener à bien la tâche qu'il lui avait prescrite. Non seulement Bussy conquit le Deccan par surprise, mais encore il le garda pendant sept ans et s'y fit aimer. Pour asseoir sa domination sur plusieurs millions d'Indiens, il disposait en tout de neuf cents hommes; il maintint son autorité et son prestige par une politique attentive, clairvoyante, autoritaire et souple à la fois. Il prenait soin de ne pas fatiguer le soubab et ses ministres par des audiences répétées, mais, en toute affaire importante, il leur faisait sentir son pouvoir occulte. Il avait l'art de traiter avec les grands seigneurs indiens et, sans être leur dupe, il leur témoignait une déférence apparente qui les flattait. Il paraissait leur laisser l'initiative des actes qu'il inspirait et, en caressant leur amour-propre, il apaisait leur amertume. De goûts très simples. il n'hésitait point à s'entourer d'un cérémonial éblouissant dont il se moquait en cachette, mais qui en imposait à la foule. « Comptez sur moi, écrivait-il à Dupleix, comme sur une personne qui vous est tout à fait dévouée par reconnaissance et par inclination... Vos nobles sentiments ont fait éclore le germe d'honneur qui était en moi et ce principe seul me guide aujourd'hui. »

Et Dupleix lui écrivait de son côté « Courage, mon cher Bussy, vous menez tout cela avec grandeur et décence. Cette entreprise ne pouvait tomber en de meilleures mains. Je vous en remercie de tout mon cœur et vous prie de continuer sur le même ton... Rien n'est plus glorieux pour le règne de notre monarque ... Tout ce que vous me marquez sur la gloire que le Roi et la nation acquerront est bien véritable et si on m'a obligation de l'idée, que ne vous doit-on pas pour l'exécution ! »

Dans le Camatic, hélas, tandis que les Anglais disposaient de deux véritables hommes de guerre, Clive et Lawrence, Dupleix n'avait à leur opposer qu'un incapable, Law de Lauriston, toujours lent, toujours surpris, toujours malheureux. Law se laissait véritablement hypnotiser par l'ennemi. Comme il assiégeait Tritchinopoly, il se prêta docilement aux manœuvres qu'espérait de lui l'armée de secours, abandonna son camp et alla se réfugier dans l'île de Sriringam où Clive entreprit de le bloquer. Au lieu de battre précipitamment en retraite, Law offrit sa démission et attendit son successeur. En hâte, Dupleix lui dépêcha son beau-frère d'Auteuil, avec une petite troupe. Quand il arriva, Law avait capitulé avec armes et bagages, six cents Européens, de l'artillerie, des munitions, un abondant matériel (juin 1752). D'Auteuil perdu avec quelques dizaines d'hommes essaya en vain de s'échapper. Lorsqu'il apprit le désastre, Dupleix fut admirable de sang-froid et de résolution. Il sauva Pondichéry, entrava la marche des Anglais, brouilla leurs alliances avec les indigènes et, sans remporter de succès décisifs, il reprit presque partout l'offensive. Si la garnison de Tritchinopoly n'était point, comme il s'en vantait, menacée à bref délai de famine et si elle recevait tant bien que mal un convoi sur deux, Clive et Lawrence de leur côté avaient dû abandonner l'espoir de nous vaincre en rase campagne. Enfin, Dupleix avait trouvé un chef, Mainville, qui sans valoir Bussy était infiniment supérieur à Law et à ses autres prédécesseurs.

Mais la nouvelle de Sriringam transmise de Londres à Paris avait créé une véritable panique parmi les directeurs et les syndics de la Compagnie. Lorsque, deux ou trois mois plus tard, parvint à son tour le rapport de Dupleix, on n'y ajouta pas foi. Déjà on accusait le gouverneur d'avoir, depuis des années, travesti sa situation réelle et accumulé les mensonges, afin d'engager la Compagnie dans une aventure contraire à ses intérêts, mais dont il retirait lui-même de scandaleux profits. Dupleix ne trouva qu'un défenseur, le prince de Conti, chef du cabinet secret de Louis XV. Conti reflétait sans doute les idées du maître. Mais le secrétaire d'État à la Marine et le contrôleur général étaient gagnés à celles de la Compagnie : « Du commerce, rien que du commerce; point de victoires, point de conquêtes, beaucoup de marchandises et quelques augmentations de dividendes ».

En mars 1753, on commença à parler de renvoi aux Indes d'un commissaire-enquêteur; en août, on désigna pour cette mission un des directeurs, Godeheu, « négociant pacifique et sage », écrit Voltaire; en octobre, enfin, comme les navires qui avaient dû quitter l'Inde en février n'étaient pas encore arrivés, les ministres excédés se décidèrent à faire signer au Roi l'ordre de révocation. Dupleix pourtant n'était pas coupable du retard des vaisseaux. Il les avait expédiés à la date ordinaire, mais par un fatal concours de circonstances, ils avaient tous relâché à l'île de France pour y réparer des avaries. Godeheu s'embarqua le 31 décembre sur le Duc-de-Bourgogne. Cinq autres vaisseaux, portant seize cents soldats l'accompagnaient. Dupleix était révoqué au moment précis où on lui envoyait de quoi vaincre !

À Pondichéry, Godeheu fit exactement ce qu'on attendait de lui. Il explora la caisse, vérifia la comptabilité, gratta les fonds de tiroir, accumula les paperasses et traita Dupleix comme un marchand de chandelles peut traiter un conquérant. Après quoi, il s'entendit avec les Anglais, c'est-à-dire qu'il accepta toutes leurs demandes. La Compagnie s'engagea à abandonner graduellement ses conquêtes et renonça pour l'avenir à toutes alliances et dignités indigènes (décembre 1754).

Dupleix mourut dix ans plus tard, ruiné par des spéculations imprudentes sans avoir pu se faire rendre les sommes qu'il avait déboursées pour donner un empire à la France. Un an après encore, Godeheu publiait contre lui un mémoire outrageant. Malignité, imposture, fausseté, mauvaise foi, perfidie, enivrement des grandeurs asiatiques, ressentiment, inconséquence, absurdité, déclamation, méchanceté ridicule : voilà de quoi était fait le caractère de Dupleix. Et le marchand de chandelles ronronnait avec satisfaction : Moi, je n'ai pas « porté mes vues à la sublimité où s'élevaient les siennes; je n'ai pas imaginé le plan... inouï de changer l'institution d'une compagnie commerçante, de ne l'occuper qu'à faire des conquêtes, de la rendre l'arbitre d'une partie du monde, de lui assujettir des souverains, de lui acquérir des royaumes... Je me suis soumis à des détails dont M. Dupleix avait dédaigné de s'occuper. Ma conduite a été approuvée par mes supérieurs.. Serait-elle moins digne du suffrage de mes concitoyens ? »

Le nom de Godeheu est demeuré le symbole de la plus épaisse sottise, celle qui se fait passer pour de la prudence et du bon sens. Au moins, le Roi finit-il par prendre à sa charge les dettes de Dupleix afin, disait le procureur général, « de conserver à sa mémoire l'honneur que l'éclat de ses actions a répandu sur sa vie ».

Pierre GAXOTTE. de l'Académie française, Historama septembre 1971.

samedi 26 décembre 2009

La route des Indes

Les XVe-XVIe siècles constituent un véritable tournant de l’histoire européenne car les premiers voyages maritimes d’exploration y sont associés. Les causes de ces expéditions lointaines sont connues et multiples : conversion des païens, goût de l’aventure, recherche des épices et de l’or.
Transportées depuis l’Asie, les épices passaient d’intermédiaire en intermédiaire Chinois, Persans, Arméniens, Arabes, etc. Les prix de ces marchandises précieuses étaient donc élevés quand les marchés d’Europe étaient enfin atteints. L’idée apparut alors de découvrir les routes menant directement aux zones de production, c’est-à-dire aux Indes. Les principales tentatives eurent lieu à l’ouest - et l’Amérique fut découverte - ou vers le Sud, au-delà des rivages africains connus à l’époque. C’est cette dernière route que suivirent les marins portugais.
En 1413, Madère et Porto Santo sont reconnus et, en 1439, c’est le tour de l’archipel des Açores. Les Portugais poussent toujours plus loin et, en 1434, Gil Eanes franchit le cap Bojador.
Désormais, la découverte portugaise allait pouvoir véritablement commencer.
En 1445, le cap Vert et le golfe de Guinée sont atteints. En 1445, le monopole portugais risquant de se voir contester par les autres puissances européennes, le pape Nicolas V confirme les droits de Lisbonne par la bulle Romanus Pontifex. L’Afrique est officiellement domaine portugais et toutes les conquêtes et installations y sont par avance légitimées. L’encouragement à poursuivre les découvertes est ainsi donné. La même année, le prince Henri le Navigateur commissionne Ca Da Mosto et Uso di Mare pour l’exploration des côtes au sud du cap Vert et dans l’estuaire du fleuve Gambie.
A la fin du XVe siècle une accélération est donnée au mouvement qui est entamé par Diego Cao, lequel atteint l’embouchure du rio Poderoso, l’actuel fleuve Zaïre, en avril 1483. En 1486, il entreprend un second voyage plus loin encore vers les rivages inconnus du Sud et il longe la côte de l’actuelle Namibie où il disparaît.
Le 25 décembre 1487, Bartolomeu Dias atteint la baie d’Angra das Voltas où est bâtie l’actuelle ville de Ludoritz. En janvier 1488, il longe le littoral atlantique de la région comprise entre l’embouchure du fleuve Orange et le cap des Tempêtes qui sera ultérieurement baptisé "Bonne-Espérance". Celui-ci est d’ailleurs doublé sans que les navigateurs s’en aperçoivent et, le 3 février 1488, les navires portugais jettent l’ancre dans la baie de Mossei dans l’océan Indien.
Le traité de Tordesilhas fut signé en 1494. Il partageait le monde entre les deux puissances ibériques ; l’expansion pouvait donc reprendre, avec une priorité politique pour Lisbonne : la découverte de la route des Indes. En 1495, Manuel 1er succède à Jean II : c’est sous son règne qu’elle fut ouverte.
Le 8 juillet 1497, Vasco de Gama quitte Lisbonne. Le 7 novembre, avec ses quatre navires, il jette l’ancre dans la baie de Sainte-Hélène, au nord-ouest du Cap. Puis, le 22 novembre, il double le Cap et "remonte" le long du littoral est-africain. Comme il célèbre la naissance du Rédempteur quelque part sur un rivage inconnu, il donne à cette contrée le nom de Natal qui lui est resté depuis. En 1498, il parvient aux Indes, ce but mythique de l’épopée maritime lusitanienne, presque un siècle après son commencement. En 1499, l’expédition est de retour au Portugal.
par Bernard Lugan http://www.francecourtoise.info/