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jeudi 11 juillet 2024

L’origine des croisades : la véritable raison pour laquelle la Croisade fut prêchée par le pape Urbain II

 

Ce chemin, c’est celui de Jérusalem, c’est celui du Christ-Roi, c’est celui de la Reconquista !

Alors que la tentative d’invasion de l’Europe de la part des arabo-musulmans, au VIIIème siècle, ne suscite aucun émoi de la part de la « bien-pensance », l’épisode des Croisades, qui n’a, comme nous allons le voir, rien à voir avec une volonté d’invasion, devient étrangement un acte de barbarie inacceptable.

Alexis Ier incarnait le seul bastion chrétien pouvant encore faire face aux puissants Seldjoukides. Mais, depuis la défaite de la bataille de Manzikert, l’Empire byzantin était très affaibli. Alexis Ier comptait alors sur le soutien et le secours du pape pour recruter des mercenaires et des chevaliers pour lui venir en aide. Ce fut chose faite le 27 novembre 1095, lors du Concile de Clermont, actuel Clermont-Ferrand. C’est en ce lieu que le pape Urbain II prêcha ce qui allait devenir la toute première croisade de l’histoire. Assis sur un trône, face à une foule immense, composée de chevaliers et de badauds venus des quatre coins de la France, Urbain II fit son discours, dont voici un extrait d’après le chroniqueur Foucher de Chartres :

« Il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d’Orient et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide. En effet, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, un peuple venu de Perse, les Turcs, a envahi leur pays. […] Beaucoup sont tombés sous leurs coups ; beaucoup ont été réduits en esclavage. Ces Turcs détruisent les églises ; ils saccagent le royaume de Dieu. Si vous demeuriez encore quelque temps sans rien faire, les fidèles de Dieu seraient encore plus largement victimes de cette invasion. Aussi je vous exhorte et je vous supplie – et ce n’est pas moi qui vous y exhorte, c’est le Seigneur lui-même – vous, les hérauts du Christ, à persuader à tous, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent, chevaliers ou piétons, riches ou pauvres, par vos fréquentes prédications, de se rendre à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple néfaste loin de nos territoires. »

Voilà la véritable raison pour laquelle la Croisade fut prêchée par le pape Urbain II.

Il ne s’agissait nullement d’une volonté d’invasion des territoires palestiniens de la part des Occidentaux, dans l’objectif de s’approprier les richesses et de soumettre les peuples en esclavage. Il s’agissait d’une réaction purement défensive face à un Islam qui fut toujours offensif et conquérant dès ses débuts, face à la chrétienté. N’oublions jamais que Jérusalem était chrétienne avant d’être sous domination musulmane.

La reconquête de la ville Sainte par les Chrétiens était donc parfaitement légitime !

Pour mieux comprendre cette réaction, transposons ces évènements sous un angle différent. Imaginez par exemple si à ce jour, l’armée américaine dans sa lutte éternelle contre le « terrorisme », s’amusait à interdire l’accès des musulmans à La Mecque les empêchant de faire leur pèlerinage autour de la Kaaba ? D’après vous, quelle serait la réaction des Musulmans dans le monde ? Sans surprise, ça déclencherait un tollé monumental et susciterait bien des réactions agressives et somme toutes légitimes aux yeux du monde musulman. Eh bien, c’est exactement ce qui s’est passé pour les Chrétiens du XIème siècle avec l’arrivée des Turcs Seldjoukides à Jérusalem. Si on considère la réaction légitime pour l’un, il faut l’accepter également pour l’autre !

Pour conclure, soyons tous fiers de cette grande épopée que furent les Croisades.

Une épopée aussi fascinante que douloureuse, face à laquelle nos ancêtres surent consentir au sacrifice pour la gloire et la défense de la civilisation chrétienne. Nous ne pouvons que saluer la mémoire de tous ces hommes qui, aujourd’hui encore, nous montrent le chemin à suivre face à un Islam qui n’a jamais cessé d’être conquérant.

Ce chemin, c’est celui de Jérusalem, c’est celui du Christ-Roi, c’est celui de la Reconquista !

Notre jour viendra !

Merci à la chaîne d’Action royaliste de rétablir la vérité sur l’origine des Croisades.

Fabien Laurent

Informations sur l’Action royaliste :
– Le site : http://www.actionroyaliste.fr/

Lire aussi sur MPI :
– Médiévales : Comment se battaient les Templiers durant les Croisades ?
– La première croisade : l’appel de l’Orient (Peter Frankopan)
– Trad’Histoire : les Croisades (vidéo)
– L’Epopée des croisades (René Grousset)
– Les croisades, un système d’auto-défense ponctuel, face à un impérialisme Islamique continu: La vérité (Vidéo)

https://www.medias-presse.info/lorigine-des-croisades-la-veritable-raison-pour-laquelle-la-croisade-fut-prechee-par-le-pape-urbain-ii/187431/

mardi 5 mars 2024

La bataille de Las Navas de Tolosa (16 juillet 1212)

 Au XIe siècle, en Espagne, le califat omeyyade entre dans une phase de “décomposition”. En 1031, il n’y a plus de calife, et al-Andalus éclate en une multitude de petits États appelés taifas, sur des bases ethniques. La reconquête s’accélère pour les États chrétiens du Nord. En 1086, l’année qui suit la prise de Tolède, les rois des taifas appellent à l’aide les Berbères almoravides qui venaient de fonder un empire en Afrique du Nord. L’émir Yûsuf ibn Tashfin stoppe alors la reconquête en écrasant l’armée chrétienne à Sagrajas (1086) avant de rembarquer pour le Maroc.

Les chrétiens parviennent néanmoins à rétablir la situation et l’expansion chrétienne reprend. En Afrique du Nord, la puissance almoravide s’effondre, remplacée par les Almohades. Ceux-ci débarquent en Espagne et s’opposent aux chrétiens, avec sur le plan militaire des hauts et des bas. En 1195 survient le désastre d’Alarcos pour les chrétiens, un traumatisme en Occident car survenant peu après la reprise de Jérusalem par les musulmans en Orient (1187). Les chrétiens sont repoussés jusqu’au Tage.
En 1199, le nouveau calife almohade, Muhammad an-Nasîr, souhaite en découdre avec les États chrétiens du Nord de la péninsule. Le calife est appelé chez les chrétiens le « Miramamolin » (déformation du titre al-Amîr al-Mu’Minin, « émir des croyants »). La puissance militaire de l’empire almohade est alors à son sommet et l’effroi se fait sentir jusque dans le Midi de la France : « à nous sont la Provence et le Toulousain, / jusqu’au Puy tout ce qui est au milieu ! » diraient les Sarrasins selon le troubadour Gévaudan. La trêve entre les Almohades et le royaume de Castille est rompue au milieu de l’année 1210.
I. Vers la bataille
Au milieu de l’année de l’année 1210, an-Nâsir décide de lancer une grande offensive contre la Castille pour abattre son plus redoutable ennemi. An-Nâsir proclame le djihad, traverse le détroit de Gibraltar avec une grande armée puis assiège la forteresse de Salvatierra. Mais les défenseurs de Salvatierra se défendent bien, au moment où Alphonse VIII de Castille ne peut pas riposter.
Lorsque Salvatierra chute, Alphonse VIII décide de rassembler l’ensemble de ses forces pour livrer une bataille rangée. Il envoie également des émissaires auprès des rois espagnols, du roi de France et du pape. Quelques troubadours deviennent les propagandistes de la cause castillane. Innocent III déclare la croisade et des prières pour la victoire s’organisent en France et à Rome. Un peu partout on s’enrôle pour partir combattre les Almohades.
Les croisés se regroupent à Tolède fin mai 1212. Parmi ces troupes, on retrouve le chef spirituel de la croisade contre les Albigeois, l’archevêque Arnaud Amaury de Narbonne. Les sources donnent un chiffre de 40.000 fantassins et 10.000 cavaliers. Le roi d’Aragon est venu accompagné de ses chevaliers, les rois du Léon et du Portugal ont envoyé des contingents. L’armée almohade se concentre à Séville. Elle se compose de Berbères, d’Arabes, de Turcs, de Noirs et d’un certain nombre de volontaires.
L’armée croisée progresse à la vitesse moyenne de 15 kilomètres par jour. Une chaleur étouffante accable les hommes et de ce fait un certain nombre de croisés désertent. Deux forteresses musulmanes sont prises : Malagon et Calatrava. De son côté, le calife avance jusqu’à la Sierra Morena et adopte une stratégie défensive. Les chrétiens avancent vers l’armée musulmane, tandis que le roi de Navarre Sanche VII arrive au dernier moment avec 200 chevaliers.
Le 14 juillet, les croisés établissent leur camp sur un haut plateau du versant sud de la sierra. An-Nâsir, qui ne les attendait pas là, essaie de les y expulser en provoquant immédiatement la bataille.
II. La bataille de Las Navas de Tolosa

Le lundi 16 juillet, l’armée croisée se range en ordre de bataille. « Jamais tant et telles armes de fer n’avaient été vues en Espagne » rapporte la Chronique latine des rois de Castille. Les chrétiens sont 10.000 à 14.000. Les Castillonais sont placés au centre, les Catalans et Aragonais à droite, les Navarrais à droite. Les autres croisés se sont placés dans les rangs castillans.
Face à eux, An-Nâsir aligne 20.000 à 25.000 hommes. Dans l’avant-garde et sur les flancs, des cavaliers turcs, berbères et arabes ; derrière la foule des volontaires pauvrement armée ; au centre et à l’arrière Almohades et Andalous avec une cavalerie lourde. Derrière l’armée musulmane, une enceinte fortifiée sur une colline.
La bataille débute par l’attaque des avant-gardes chrétiennes contre les cavaliers musulmans ; ceux-ci ripostent par une attaque rapide et un volte-face. Les croisés chargent alors les volontaires et les massacrent. Ils poursuivent l’effort mais se heurtent au centre de l’armée almohade. C’est à ce moment qu’arrivent les deuxièmes corps chrétiens. Les Almohades tentent sans succès d’attaquer les flancs des croisés pour les encercler.
An-Nâsir ordonne alors à son arrière-garde de partir au combat. Les croisés, exténués et ayant subi des pertes, supportent mal ce nouvel assaut. Les pertes sont nombreuses chez les chrétiens ; parmi les morts, le maître du Temple, le maître de Saint-Jacques et l’évêque de Burgos. Voyant le moment décisif arriver, les rois chrétiens chargent alors avec leurs troupes encore intactes. Les rangs musulmans s’effondrent. C’est une débandade.
Les chevaliers avancent vers la forteresse sur la colline. Les défenseurs luttent courageusement tandis que le calife abandonne le camp et part en direction de Séville. Finalement, les croisés pénètrent l’enceinte fortifiée du fort par plusieurs côtés. La bataille est terminée. Les musulmans continuent à fuir jusqu’à la nuit.
Les pertes sont mal connues : probablement quelques milliers de combattants pour les croisés, au moins 10.000 pour l’armée almohade.
III. Le début de la fin de la Reconquista
L’armée croisée mène dans les jours qui suivent des opérations militaires dans la région (prise des forteresses de Ferras, Navas de Tolosa, Vilches, Banos de la Encina ; capture de la ville abandonnée de Baeza ; capture de la ville d’Ubeda). Touchée par la dysenterie, l’armée chrétienne se retire fin juillet. A Calatrava, les rois rencontrent le duc Léopold VI d’Autriche, arrivé trop tard pour la bataille ! Les vainqueurs parviennent à Tolède où est organisée une grande cérémonie religieuse et populaire.
La bataille a un grand retentissement. « En Espagne, jamais il n’y eut une bataille comme celle-là » écrit l’évêque Luc de Tuy. Le 11 août 1212, l’archevêque de Narbonne Arnaud Amaury déclare au chapitre de l’ordre de Cîteaux : « Nous vous annonçons une nouvelle de grande joie, parce que Miramamolin, roi de Maroc, qui, selon ce que nous avons entendu de beaucoup, avait déclaré la guerre à tous ceux qui adoraient la Croix, a été vaincu et mis en fuite en bataille rangée par les adorateurs de la Croix. »
Sur le long terme, la bataille prépara la reconquête de l’Andalousie avec le passage de la Sierra Morena sous contrôle chrétien. Les Almohades se virent largement affaiblis militairement. La défaite atterra les musulmans tandis que les chrétiens virent dans leur victoire le « jugement de Dieu ».
Sources :
ALBANEL Laurent, GOUZY, Nicolas (dir.), Les grandes batailles méridionales (1209-1271), Toulouse, Privat, 2005.
MENJOT Denis, Les Espagnes médiévales. 409-1474, Paris, Hachette, 1996.

https://www.fdesouche.com/2012/07/16/la-bataille-de-las-navas-de-tolosa-16-juillet-1212/

mercredi 21 février 2024

Quand Poutine apprend l’histoire de France à Macron : à propos d’Anne de Kiev

 

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31/05/2017 (Breizh-Info.com) – En déplacement à Paris pour célébrer le tricentenaire des relations diplomatiques franco-russes, Vladimir Poutine a été reçu au château de Versailles par le président Macron, avec lequel il a pu s’entretenir durant de longues minutes en un “dialogue franc et direct” à l’issue duquel s’est déroulée une séance de questions-réponses avec les médias français et russes.

Ce n’est pas avec Pierre le Grand qu’ont commencé nos relations. Les racines sont encore plus lointaines. Vous avez probablement entendu parler de la reine Anne de Kiev…” déclare le président russe, dont on dirait qu’il fait découvrir l’histoire et la culture françaises à Emmanuel Macron… Ce dernier a-t-il au moins entendu vaguement le nom de cette reine de France hélas méconnue du grand public? D’ailleurs qui était-elle? Nous vous proposons de découvrir la vie et le parcours exceptionnel de cette femme venue des contrées lointaines, qui marqua de manière indélébile l’histoire de notre pays.

La date exacte de sa naissance n’est pas connue. C’est entre 1024 et 1032 que la princesse Anna aurait vu le jour à Kiev (qui, on ne le redira jamais assez, est la ville-mère de l’histoire russe). Son père n’est autre que le grand-prince Iaroslav, un des douze fils de Vladimir le Grand, qui avait converti son peuple à la foi chrétienne à la fin du Xème siècle. Sa mère est la princesse Ingegerd de Suède et de Norvège, fille du roi Olaf, premier souverain chrétien de Suède.

Le contexte social et politique est alors celui d’une Europe médiévale où le christianisme a assis sa puissance, et qui doit faire face aux profonds bouleversements de l’an mil. La Rus de Kiev bouillonne alors d’une soif de savoir, de “boire la science à la source”, selon les termes du journaliste Philippe Delorme. Ce savoir, le jeune état le puise dans les modèles classiques de Rome, de la Grèce antique et de Byzance.

La princesse Anna est ainsi éduquée comme une jeune fille de son rang se doit de l’être. Elle connaît le grec, le latin et maîtrise admirablement l’Ancien et le Nouveau Testament. Comme toutes les femmes de sa famille, elle sait lire et écrire. Les langues n’auraient eu aucun secret pour la jeune princesse qui maîtrisait, outre le vieux-slave et les langues anciennes, plusieurs langues européennes dont le français qui commence déjà à prendre de l’importance.

La voici prête, selon la formule du génial Philippe Delorme à “assumer un destin, quel qu’il soit, et à tenir son rang sans faire rougir sa toute puissante famille.” Et d’ajouter :”c‘est de France que la providence va lui faire un signe…

En effet, dans le lointain royaume des Francs, c’est Henri Ier qui règne depuis 1031. Troisième roi capétien consécutif, il doit asseoir la mainmise de sa dynastie, encore fragile, face aux grands féodaux, ces vassaux turbulents dont certains contrôlent des territoires bien plus étendus que le petit domaine royal.

Marié depuis 1034 à la jeune Mathilde de Frise, il perd cette dernière en 1044, probablement suite à une maladie. Devenu veuf, il doit s’empresser de quérir une nouvelle épouse afin de fournir un héritier mâle au royaume. Hélas, toutes ses requêtes sont rejetées : la Chrétienté est alors au tout début de la réforme grégorienne qui vise à ramener sur le droit chemin les brebis égarées. Les règles morales sont considérablement alourdies. Il est par exemple interdit de se marier avec une personne ayant un lien de parenté inférieur au septième degré. Or, toutes les princesses d’Europe sont peu ou prou parentes du roi des Francs, qui se désespère et se morfond en son palais.

Finalement, en 1049, un des envoyés apprend au roi que le prince Iaroslav de Kiev est le père d’une gracieuse jeune femme âgée d’une vingtaine d’années. Henri Ier envoie alors les évêques Gautier de Meaux et Roger de Châlons, chargés de cadeaux en tous genres, en ambassade à la cour d’Iaroslav, afin de demander au grand-prince la main de sa fille. Ce que le souverain slave accepte volontiers, favorable qu’il est à une ouverture vers l’Occident. Qu’a pu ressentir alors la jeune princesse, lorsque lui fut intimé l’ordre d’épouser un homme déjà mûr, régnant sur un pays si lointain dont elle ne connaissait que les rudiments du langage?

Après un voyage éprouvant de plusieurs mois, la princesse Anna arrive à Reims au début du printemps 1051, faisant littéralement fondre le roi Henri par son charme, selon les mots des chroniqueurs royaux qui rapportent que ce dernier, tout excité à la vue de sa jeune promise, se serait précipité pour l’embrasser dès qu’elle fût descendue de son chariot. On peut cependant questionner la véracité de cette “légende rose” qui fait de ce roi batailleur et querelleur un amoureux transi. Quoi qu’il en soit, le couple se marie en la cathédrale de Reims le 19 mai 1051, lors d’une somptueuse cérémonie présidée par l’archevêque Guy Ier. La princesse Anna Iraoslavna devient ainsi la reine Anne de France.

Durant les neuf années qui suivent leur mariage, Anne est la reine-consort des Francs. Aux côtés du roi Henri, auquel elle est dévouée, la reine consacre sont temps aux bonnes œuvres, notamment en dispensant sa charité aux pauvres, qui l’apprécient grandement.

Le roi tenait visiblement en haute estime sa femme si vertueuse et cultivée. Les historiens pensent en effet que la reine fut admise au sein du conseil royal, où elle avait droit de parole! En outre, nombre de décrets royaux promulgués par Henri Ier portent la mention “en présence de la reine Anne” ou “avec l’accord de mon épouse, Anne”, quand il ne s’agit pas carrément d’une double-signature du roi et de la reine, qui écrit en latin : “Anna Regina”.

Elle donne quatre enfants à son royal époux, dont le prince héritier qui sera nommé… Philippe. Un choix de nom bien étrange dans cette France encore pétrie de consonances germaniques. Il est aujourd’hui admis que ce choix fut celui de la reine, qui introduisit ainsi ce prénom hellénique dans les monarchies occidentales. Désignant littéralement “celui qui aime les chevaux”, le prénom Philippe pourrait être une référence à l’apôtre du même nom. La reine était en effet d’une grande piété, à tel point que le pape Nicolas II lui écrivit la qualifiait de “dame honorable dont les vertus sont parvenues jusqu’à Rome”.

Outre le prince héritier, la reine donne naissance à Hugues (futur comte de Vermandois). Avec deux garçons fringants, l’avenir des Capétiens est assuré. Henri peut tranquillement s’en aller vers Dieu en 1060, non sans avoir fait sacrer dès son vivant le prince Philippe, comme pour assurer la légitimité de ce dernier, encore âgé de huit ans.

Un conseil de régence est alors formé pour gouverner pendant la minorité du jeune roi. Il est présidé par Baudouin V de Flandre, l’oncle par alliance du roi, l’archevêque de Reims, Gervais, et bien sûr par Anne qui passe du statut de reine-consort à celui de reine douairière. Elle est cependant écartée du conseil en 1063. La raison en est son remariage avec Raoul IV du Vexin, un comte puissant et belliqueux.

Personne ne connaît les dessous de cette romance. Les historiens, se basant sur les chroniques d’époque, suggèrent qu’après la mort du roi, la reine a délaissé les affaires politiques aux autres membres du conseil de régence pour se consacrer aux œuvres caritatives et aux mondanités, donnant notamment des réceptions – très courues – au château de Senlis où elle vit avec son jeune fils. Ces galas auraient été pour de nombreux seigneurs le moyen d’approcher la reine (encore belle) et de lui faire une cour assidue. C’est pourtant sur le belliqueux Raoul que la jeune veuve jette son dévolu. Ce dernier, déjà marié, répudie alors son épouse et enlève la reine (manifestement complice) en 1063, pour l’épouser peu de temps après. Si le remariage en lui-même n’est pas un tabou, il est alors tout à fait inadmissible pour les nobles et les prélats que la veuve du roi épouse un simple vassal déjà marié.

Le couple, excommunié, reste soudé contre vents et marées. Et le scandale s’estompe au fil du temps. Si bien que même le roi Philippe Ier, brouillé avec sa mère depuis cet épisode, se réconcilie avec elle en 1067. Cette romance fait dire aux historiens contemporains que la reine Anne fut une “Lady Diana de l’an mil”… Au-delà de cette “légende rose” (terme de Philippe Delorme) on peut se demander si le comte Raoul ne visait pas le prestige et une place de premier plan en convolant avec la reine-mère. C’est tout le contraire qui se produisit, puisqu’il fut isolé sur la scène politique et dut vite s’exiler en son comté. Après la mort de ce dernier en 1074, Anne de Kiev regagne la cour royale et consacre ses dernières années à faire bâtir et restaurer des abbayes. Elle se serait éteinte en 1079.

Tous les rois de France jusqu’à l’actuel Louis XX sont ses descendants directs. A cela s’ajoutent les différentes dynasties dans lesquelles sa descendance a essaimé : les monarques britanniques, belges, espagnols, suédois, monégasques descendent tous de cette reine qui peut être considérée comme la première grand-mère de l’Europe.

Si les véritables relations franco-russes naissent avec Pierre le Grand en 1717, ce serait faire injustice à la reine Anne de Kiev de nier qu’elle fut la première à poser les fondements, à tisser le lien sacré qui relie la France et la Russie. Si le public français l’a ingratement relégué au brouillard de l’oubli, les Russes ont conservé intacte leur affection envers cette frêle princesse qui devint reine des guerriers Francs. Ainsi, lorsque le jeune tsar Nicolas II et le président Félix Faure se rencontrèrent à Paris en 1896 pour ratifier l’alliance franco-russe, ils se rappelèrent avec émotion la mémoire de cette reine. Faire parler d’une même voix la jeune République cabocharde et le tsarisme autocratique : voilà un autre mérite dont il faut ici rendre justice à la reine Anne de Kiev.

Nicolas Kirkitadze

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

https://www.breizh-info.com/2017/05/31/70838/poutine-apprend-lhistoire-de-france-a-macron-a-propos-danne-de-kiev/

samedi 17 février 2024

Aux origines de la Reconquista (Xe-XIe)

 Vers l’an mil a lieu une mutation d’une grande importance en Espagne : alors qu’al-Andalus (l’Espagne musulmane) entre dans une crise profonde qui conduit à son éclatement au cours du XIe siècle, l’Occident connaît un formidable essor démographique et économique, s’accompagnant d’une grande ferveur religieuse. La Chrétienté “se barde de fer” selon la formule de Munier-Jolain, historien du XIXe siècle.

Avant le XIe siècle, il est inexact de parler de Reconquista et d’ailleurs les territoires reconquis jusqu’à cette date sont négligeables. Ce ne’st qu’après le double “électrochoc” du sac de St-Jacques-de-Compostelle et du sac du Saint-Sépulcre, que l’idée d’une reconquête légitime de l’Espagne fait son chemin jusqu’à devenir un projet dynastique pour les souverains chrétiens espagnols. A cet égard, le royaume d’Aragon joue un rôle d’impulsion mais c’est le royaume de Castille qui s’étend le plus rapidement à l’Ouest de la péninsule. Le XIe siècle voit d’ailleurs la reconquête symbolique de Tolède, l’ancienne capitale des Wisigoths.

I. Les événements déclencheurs

Les raids musulmans de l’an mil

A la fin du Xe siècle, al-Mansûr (« le Victorieux »), vizir du calife de Cordoue Hisham II, mène une série d’expéditions vers les territoires chrétiens du Nord. En 983, la ville de Simancas est détruite et les habitants, réduits en esclavage, sont envoyés à Cordoue. En 985, la ville de Barcelone est prise et mise à sac. Mais l’événement qui va frapper profondément toute la Chrétienté est l’expédition de 997 contre le sanctuaire de Saint-Jacques-de-Compostelle. Avec une gigantesque armée, al-Mansûr assiège la ville, puis la prend et l’incendie. La basilique est rasée et les cloches ramenées à Cordoue. C’est un véritable traumatisme qui secoue monde chrétien. En Orient, un peu plus de 10 ans plus tard (en 1009), le calife fatimide al-Hakim rase le Saint-Sépulcre (remarquez la synchronicité des événements).

L’éclatement d’al-Andalus en taifas

Alors que vers l’an mil l’Occident chrétien entre dans une phase d’essor démographique et économique, l’Espagne musulmane, après la mort d’al-Mansûr (1002), connaît de graves troubles politiques, économiques et surtout ethniques. Al-Andalus est alors une véritable mosaïque de peuples entre les Arabes, les Berbères et les Hispaniques arabisés. L’affaiblissement du pouvoir central, les haines inter-ethniques et les difficultés économiques provoquent la dislocation de l’Espagne musulmane en de multiples principautés appelées taifas et la fin du califat omeyyade (1031).

Cette division politique ne peut que profiter aux Chrétiens, les taifas contrôlés par différents groupes ethniques entrant en concurrence pour tenter d’imposer leur hégémonie.

L’apparition d’un front

Jusqu’au Xe siècle, les royaumes chrétiens du Nord sont séparés des territoires musulmans par une sorte de vaste no man’s land que ni Cordoue, ni les Chrétiens ne contrôlent vraiment. Avec le roi de Navarre Sancho III (début du XIe), l’espace qui sépare l’Aragon et la région musulmane de Huesca se rétrécit considérablement. Ce point qui peut paraître anecdotique est fondamental : un front (au sens militaire du terme) apparaît entre deux mondes culturels diamétralement opposés.

Le vocabulaire employé par les textes latins traduit ce changement de la perception de la « frontière » : jusque vers l’an mil, les souverains utilisent le mot Extrematura (« marche ultime ou extrême ») pour désigner les bornes du Sud de leurs domaines. Vers le milieu du XIe siècle, et pour la première fois dans les documents parvenus jusqu’à nos jours, apparaît le terme de « frontière » dans le testament dressé par le roi Ramiro Ier en 1059. Le mot est réemployé 3 ans plus tard dans un texte concernant Falces (Ribagorce) où le roi précise comment l’on doit se comporter en tant que guerrier en terre de « frontière ».

II. Les débuts de la Reconquista

La naissance de l’idéologie

C’est au XIe siècle que naît l’idéologie de la Reconquista. En 1063, le pape Alexandre II décide d’accorder la rémission de leurs péchés à tous ceux qui iraient combattre les Sarrasins d’Espagne. La guerre contre les musulmans devient une « guerre sainte » (au sens « sanctifiant » du terme). Le roi d’Aragon Sancho Ramirez bénéficie de l’appui du souverain pontife et se rend à Rome en 1068, où il place son royaume sous la dépendance du pape, l’Espagne étant considérée comme ayant autrefois appartenu au patrimoine de saint Pierre. En échange, le roi se voit qualifié par les actes de chancellerie de rex Hispanie, titre prestigieux dont bénéficiera aussi son fils Pedro Ier. Sancho Ramirez et le pape continuent à entretenir des relations privilégiées par la suite.

La prise de Barbastro et la réaction musulmane

La première grande victoire remportée par les Chrétiens est la prise de Barbastro après 40 jours de siège, près de Huesca, en juillet 1064. L’opération réunit Ermengol III, comte d’Urgel, des chevaliers normands placés sous le commandement de Robert Crispin et peut-être le duc d’Aquitaine (sa participation longtemps admise est en réalité peu probable). La chute de la cité est alors un choc psychologique pour les musulmans d’al-Andalus.

La réaction ne tarde pas : dès 1064, le souverain du taifa de Saragosse, al-Muqtadir, attaque la haute vallée du Duero puis massacre des Chrétiens dans sa cité de Saragosse l’année suivante. Il lance également un appel au djihad à tous les musulmans d’al-Andalus. Il récupère Barbastro et le comte d’Urgel trouve la mort dans un combat.

La Reconquista jusqu’à Tolède (1085)

En 1069, Al-Muqtadir conclut un traité avec le roi de Navarre Sancho de Peñalén en échange du versement d’un tribut de 12 000 monnaies d’or. Le roi de Navarre s’engage à adresser une ambassade au roi d’Aragon Sancho Ramirez pour lui demander de cesser les hostilités, sans quoi il s’engagerait à combattre aux côtés d’al-Muqtadir. Le traité est renouvelé en 1073.

L’assassinat en juin 1076 de Sancho de Peñalén met fin aux difficultés rencontrées par le roi d’Aragon. Le mois suivant l’assassinat, Sancho Ramirez s’empare de Pampelune et d’Estella. En 1082, al-Muqtadir meurt, facilitant la reconquête. En 1083, le roi d’Aragon capture Graus, remporte la bataille de Pisa contre les musulmans (au sud de Naval), et reprend Secastilla.

Du côté de la Castille, le roi Alphonse VI parvient en 1069 à faire payer un tribut au souverain du taifa de Séville, Abbad III, puis, soutenu par la papauté, met le siège devant Tolède. Après 11 ans de guerre, l’ancienne capitale des Wisigoths capitule en 1085. En 1090, Sancho Ramirez accourt à l’aide d’Alphonse VI pour repousser victorieusement les Almoravides décidés à reprendre la ville.

Sources :
LALIENA, Carlos ; SÉNAC, Philippe. Musulmans et chrétiens dans le haut Moyen Âge : aux origines de la reconquête aragonaise. Minerve, 1991.
MENJOT, Denis. Les Espagnes médiévales, 409-1474. Hachette supérieur, 1996.
SÉNAC, Philippe. Al-Mansûr. Perrin, 2005.

https://www.fdesouche.com/2011/03/27/desouche-histoire-aux-origines-de-la-reconquista-xe-xie/

lundi 4 décembre 2023

Quand Poutine apprend l’histoire de France à Macron : à propos d’Anne de Kiev

 

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31/05/2017 – Paris  (Breizh-Info.com) – En déplacement à Paris pour célébrer le tricentenaire des relations diplomatiques franco-russes, Vladimir Poutine a été reçu au château de Versailles par le président Macron, avec lequel il a pu s’entretenir durant de longues minutes en un “dialogue franc et direct” à l’issue duquel s’est déroulée une séance de questions-réponses avec les médias français et russes.

Ce n’est pas avec Pierre le Grand qu’ont commencé nos relations. Les racines sont encore plus lointaines. Vous avez probablement entendu parler de la reine Anne de Kiev…” déclare le président russe, dont on dirait qu’il fait découvrir l’histoire et la culture françaises à Emmanuel Macron… Ce dernier a-t-il au moins entendu vaguement le nom de cette reine de France hélas méconnue du grand public? D’ailleurs qui était-elle? Nous vous proposons de découvrir la vie et le parcours exceptionnel de cette femme venue des contrées lointaines, qui marqua de manière indélébile l’histoire de notre pays.

La date exacte de sa naissance n’est pas connue. C’est entre 1024 et 1032 que la princesse Anna aurait vu le jour à Kiev (qui, on ne le redira jamais assez, est la ville-mère de l’histoire russe). Son père n’est autre que le grand-prince Iaroslav, un des douze fils de Vladimir le Grand, qui avait converti son peuple à la foi chrétienne à la fin du Xème siècle. Sa mère est la princesse Ingegerd de Suède et de Norvège, fille du roi Olaf, premier souverain chrétien de Suède.

Le contexte social et politique est alors celui d’une Europe médiévale où le christianisme a assis sa puissance, et qui doit faire face aux profonds bouleversements de l’an mil. La Rus de Kiev bouillonne alors d’une soif de savoir, de “boire la science à la source”, selon les termes du journaliste Philippe Delorme. Ce savoir, le jeune état le puise dans les modèles classiques de Rome, de la Grèce antique et de Byzance.

La princesse Anna est ainsi éduquée comme une jeune fille de son rang se doit de l’être. Elle connaît le grec, le latin et maîtrise admirablement l’Ancien et le Nouveau Testament. Comme toutes les femmes de sa famille, elle sait lire et écrire. Les langues n’auraient eu aucun secret pour la jeune princesse qui maîtrisait, outre le vieux-slave et les langues anciennes, plusieurs langues européennes dont le français qui commence déjà à prendre de l’importance.

La voici prête, selon la formule du génial Philippe Delorme à “assumer un destin, quel qu’il soit, et à tenir son rang sans faire rougir sa toute puissante famille.” Et d’ajouter :”c‘est de France que la providence va lui faire un signe…

En effet, dans le lointain royaume des Francs, c’est Henri Ier qui règne depuis 1031. Troisième roi capétien consécutif, il doit asseoir la mainmise de sa dynastie, encore fragile, face aux grands féodaux, ces vassaux turbulents dont certains contrôlent des territoires bien plus étendus que le petit domaine royal.

Marié depuis 1034 à la jeune Mathilde de Frise, il perd cette dernière en 1044, probablement suite à une maladie. Devenu veuf, il doit s’empresser de quérir une nouvelle épouse afin de fournir un héritier mâle au royaume. Hélas, toutes ses requêtes sont rejetées : la Chrétienté est alors au tout début de la réforme grégorienne qui vise à ramener sur le droit chemin les brebis égarées. Les règles morales sont considérablement alourdies. Il est par exemple interdit de se marier avec une personne ayant un lien de parenté inférieur au septième degré. Or, toutes les princesses d’Europe sont peu ou prou parentes du roi des Francs, qui se désespère et se morfond en son palais.

Finalement, en 1049, un des envoyés apprend au roi que le prince Iaroslav de Kiev est le père d’une gracieuse jeune femme âgée d’une vingtaine d’années. Henri Ier envoie alors les évêques Gautier de Meaux et Roger de Châlons, chargés de cadeaux en tous genres, en ambassade à la cour d’Iaroslav, afin de demander au grand-prince la main de sa fille. Ce que le souverain slave accepte volontiers, favorable qu’il est à une ouverture vers l’Occident. Qu’a pu ressentir alors la jeune princesse, lorsque lui fut intimé l’ordre d’épouser un homme déjà mûr, régnant sur un pays si lointain dont elle ne connaissait que les rudiments du langage?

Après un voyage éprouvant de plusieurs mois, la princesse Anna arrive à Reims au début du printemps 1051, faisant littéralement fondre le roi Henri par son charme, selon les mots des chroniqueurs royaux qui rapportent que ce dernier, tout excité à la vue de sa jeune promise, se serait précipité pour l’embrasser dès qu’elle fût descendue de son chariot. On peut cependant questionner la véracité de cette “légende rose” qui fait de ce roi batailleur et querelleur un amoureux transi. Quoi qu’il en soit, le couple se marie en la cathédrale de Reims le 19 mai 1051, lors d’une somptueuse cérémonie présidée par l’archevêque Guy Ier. La princesse Anna Iraoslavna devient ainsi la reine Anne de France.

Durant les neuf années qui suivent leur mariage, Anne est la reine-consort des Francs. Aux côtés du roi Henri, auquel elle est dévouée, la reine consacre sont temps aux bonnes œuvres, notamment en dispensant sa charité aux pauvres, qui l’apprécient grandement.

Le roi tenait visiblement en haute estime sa femme si vertueuse et cultivée. Les historiens pensent en effet que la reine fut admise au sein du conseil royal, où elle avait droit de parole! En outre, nombre de décrets royaux promulgués par Henri Ier portent la mention “en présence de la reine Anne” ou “avec l’accord de mon épouse, Anne”, quand il ne s’agit pas carrément d’une double-signature du roi et de la reine, qui écrit en latin : “Anna Regina”.

Elle donne quatre enfants à son royal époux, dont le prince héritier qui sera nommé… Philippe. Un choix de nom bien étrange dans cette France encore pétrie de consonances germaniques. Il est aujourd’hui admis que ce choix fut celui de la reine, qui introduisit ainsi ce prénom hellénique dans les monarchies occidentales. Désignant littéralement “celui qui aime les chevaux”, le prénom Philippe pourrait être une référence à l’apôtre du même nom. La reine était en effet d’une grande piété, à tel point que le pape Nicolas II lui écrivit la qualifiait de “dame honorable dont les vertus sont parvenues jusqu’à Rome”.

Outre le prince héritier, la reine donne naissance à Hugues (futur comte de Vermandois). Avec deux garçons fringants, l’avenir des Capétiens est assuré. Henri peut tranquillement s’en aller vers Dieu en 1060, non sans avoir fait sacrer dès son vivant le prince Philippe, comme pour assurer la légitimité de ce dernier, encore âgé de huit ans.

Un conseil de régence est alors formé pour gouverner pendant la minorité du jeune roi. Il est présidé par Baudouin V de Flandre, l’oncle par alliance du roi, l’archevêque de Reims, Gervais, et bien sûr par Anne qui passe du statut de reine-consort à celui de reine douairière. Elle est cependant écartée du conseil en 1063. La raison en est son remariage avec Raoul IV du Vexin, un comte puissant et belliqueux.

Personne ne connaît les dessous de cette romance. Les historiens, se basant sur les chroniques d’époque, suggèrent qu’après la mort du roi, la reine a délaissé les affaires politiques aux autres membres du conseil de régence pour se consacrer aux œuvres caritatives et aux mondanités, donnant notamment des réceptions – très courues – au château de Senlis où elle vit avec son jeune fils. Ces galas auraient été pour de nombreux seigneurs le moyen d’approcher la reine (encore belle) et de lui faire une cour assidue. C’est pourtant sur le belliqueux Raoul que la jeune veuve jette son dévolu. Ce dernier, déjà marié, répudie alors son épouse et enlève la reine (manifestement complice) en 1063, pour l’épouser peu de temps après. Si le remariage en lui-même n’est pas un tabou, il est alors tout à fait inadmissible pour les nobles et les prélats que la veuve du roi épouse un simple vassal déjà marié.

Le couple, excommunié, reste soudé contre vents et marées. Et le scandale s’estompe au fil du temps. Si bien que même le roi Philippe Ier, brouillé avec sa mère depuis cet épisode, se réconcilie avec elle en 1067. Cette romance fait dire aux historiens contemporains que la reine Anne fut une “Lady Diana de l’an mil”… Au-delà de cette “légende rose” (terme de Philippe Delorme) on peut se demander si le comte Raoul ne visait pas le prestige et une place de premier plan en convolant avec la reine-mère. C’est tout le contraire qui se produisit, puisqu’il fut isolé sur la scène politique et dut vite s’exiler en son comté. Après la mort de ce dernier en 1074, Anne de Kiev regagne la cour royale et consacre ses dernières années à faire bâtir et restaurer des abbayes. Elle se serait éteinte en 1079.

Tous les rois de France jusqu’à l’actuel Louis XX sont ses descendants directs. A cela s’ajoutent les différentes dynasties dans lesquelles sa descendance a essaimé : les monarques britanniques, belges, espagnols, suédois, monégasques descendent tous de cette reine qui peut être considérée comme la première grand-mère de l’Europe.

Si les véritables relations franco-russes naissent avec Pierre le Grand en 1717, ce serait faire injustice à la reine Anne de Kiev de nier qu’elle fut la première à poser les fondements, à tisser le lien sacré qui relie la France et la Russie. Si le public français l’a ingratement relégué au brouillard de l’oubli, les Russes ont conservé intacte leur affection envers cette frêle princesse qui devint reine des guerriers Francs. Ainsi, lorsque le jeune tsar Nicolas II et le président Félix Faure se rencontrèrent à Paris en 1896 pour ratifier l’alliance franco-russe, ils se rappelèrent avec émotion la mémoire de cette reine. Faire parler d’une même voix la jeune République cabocharde et le tsarisme autocratique : voilà un autre mérite dont il faut ici rendre justice à la reine Anne de Kiev.

Nicolas Kirkitadze

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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vendredi 3 novembre 2023

Dossier : La traite orientale des musulmans en Afrique (652 - 1964)

 

 Négrier tuant une esclave épuisée -  Dessin de Daniel Vierge d’après la gravure anglaise, “Le dernier Journal de Livingstone”.

Négrier tuant une esclave épuisée - Dessin de Daniel Vierge d’après la gravure anglaise, “Le dernier Journal de Livingstone”.

Avis : pour une lecture rapide, tous les chapitres comportent un bref résumé.

La traite des africains par les musulmans commence en 652

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le début de la traite négrière en Afrique par les musulmans (Désignée sous le nom de Traite orientale) est datée par un événement historique incontestable qui marque l'invention de la traite négrière par les musulmans : le traité de Bakht signé en 652.

Quelques repères historiques qui montrent que la traite négrière des musulmans suit exactement la colonisation d'une partie du continent africain par l'Islam.

8 juin 632 : mort du prophète Mahomet.

22 décembre 640, après 14 mois de siège, les musulmans prennent Alexandrie et de fait toute l'Egypte byzantine en proie aux divisions entre chrétiens.

A partir de cette implantation, les musulmans commenceront la chasse aux esclaves en s'en prenant aux populations situées plus au sud. Deux voies seront utilisées à cette époque:

  1. En remontant le Nil, ils tenteront en vain d'atteindre la Nubie
  2. En traversant le désert du Sahara, ils iront chasser dans ce qu'ils appelaient le pays des "Sûdans".

Leur seul but: implanter l'Islam et se faire verser de lourds tributs en hommes et femmes esclaves.

Ces faits sont restés dans l'Histoire grâce aux sources écrites! Nous citerons deux cas emblématiques.

En 652, une troupe commandée par Abd ibn Sarth part loin vers le sud en remontant le Nil et s'empare de Dongola. Malgré la résistance des Nubiens, le roi Kalidurat dut se soumettre en promettant de construire une mosquée et en accordant tous les ans un quota d'esclaves. L'accord est formel : " Vous livrerez chaque année trois cent soixante esclaves des deux sexes qui seront choisis parmi les meilleurs de votre pays et envoyé à l'iman des musulmans". Il s'agit du traité de Bakht conservé dans les archives diplomatiques musulmanes.

A cette occasion, on peut en déduire que ce sont les arabo-musulmans qui inventèrent la traite négrière.

Face à l'armée chrétienne du royaume du "Prêtre Jean" (actuelle Ethiopie) et malgré ce traité, la colonisation musulmane fut stoppée définitivement. Les Nubiens seront toutefois victime des razzias effectuées à partir de la mer Rouge, mais la vallée du Nil resta fermée à la traite négrière musulmane.

Un autre cas est rapporté par les sources historiques. En 666-667, les troupes dirigées par Busr ben Abi Artah s'emparèrent de la ville de Jarma dans le Fezzan (sud de la Libye actuelle) et exigea le même nombre d'esclaves avant de poursuivre sa razzia au nord du lac Tchad où il contraint le roi à livrer le nombre précis de trois cent soixante esclaves.

Dorénavant, la progression de l'Islam et de l'esclavage musulman empruntera alors deux routes :

  • Par mer en suivant la côte orientale de l'Afrique sur plus de 5000 kilomètres et en y installant des comptoirs,
  • Par terre en traversant le désert du Sahara pour aller vers les royaumes situés au sud et qui seront rapidement islamisés.

Les royaumes musulmans au "pays de noirs"

L'Histoire qui nous vient de Michelet nous présente l'Afrique d'avant la colonisation comme étant peuplée de tribus organisées autour d'un village fait de cases avec toit de chaume. C'est la version africaine de la société gauloise qu'avaient nos illustres historiens !

En fait, il n'en est rien. Au sud du Sahara, dans ce que les géographes arabes appelaient le « Blad Es Soudan » (pays des noirs) en opposition au « Blad El Beïdan » (pays des blancs), plusieurs royaumes musulmans furent créés à partir du XIe siècle dans cette région climatique qu'est le Soudan (à ne pas confondre avec le pays du même nom) qui fait la transition entre le Sahel et la zone humide plus au sud.

Ces royaumes seront en connexion avec le monde Arabo-musulman au travers des pistes traversant le désert par lesquelles s'échangeront des marchandises dont les esclaves.

Voici un court résumé de l'histoire de ces royaumes musulmans.

Les sultanats dans le bassin du Niger

Les sultanats dans le bassin du Niger

Le royaume du Ghana, se situant au sud de l’actuelle Mauritanie, fut conquis et islamisé par les Almoravides en 1076. Sa splendeur, due à l’exportation de l’or du Soudan occidental, fut décrite par le voyageur arabe Al Bakri (né à Cordoue en 1040) dans sa « description du monde connu » dont il reste des fragments sur le « Blad Es Soudan » (pays des noirs). Après le départ des Almoravides, il fut rattaché au royaume du Mali au XIIIe siècle.

Le royaume des Songhaïs, fondé au VIIe siècle au sud de Gao (sur le Niger dans l’actuel Mali), fut islamisé au XIe siècle. Avant sa soumission à l’empire du Mali au XIIIe siècle, ce royaume fluvial s’étendait de la région de Tombouctou (au Mali actuel) à celle de Niamey (au Niger actuel). Au XVe siècle, l’effondrement de l’empire du Mali permit sa restauration. A partir de 1464, il connu sous Ali Ber un rapide essor. Son lieutenant fervent musulman, Mohamed Touré, l’étendit de l’ouest du Sénégal jusqu’au massif de l’Aïr (dans le centre du Niger actuel) à partir de 1493. En 1591, il sera disloqué en une multitude de principautés musulmanes sous contrôle du Maroc.

Le royaume musulman du Mali fut fondé vers 1050 par Soundiata Keita d’origine mandingue qui se convertit à l'Islam dès cette époque. Il absorba le royaume du Ghana et connu son apogée sous le règne de Kouta Moussa (1312 à 1337). Ce dernier soumis les Songhaïs et étendit de fait son empire de l’Atlantique à la région de Niamey (au Niger actuel). Tous les gisements d’or de la région du Soudan étaient sous son contrôle. Figurant sur plusieurs cartes catalanes du milieu et de la fin du XIVe siècle, ce pays avait acquis une réputation bien au delà des pays d’Islam. Le Niger était appelé par les européens « le fleuve d’or » et des mythes racontaient qu’il y coulait de l’or. Vers 1150, les géographes musulmans signalaient déjà la « terre des trésors » qu’ils nommaient Bilad Ghana. Il commença à perdre son influence à partir de 1360 et fut démembré aux XVI et XVIIe siècles.

Au nord et à l’est du lac Tchad, le royaume du Kanem, fondé par les Toubous vers 800, futislamisé au XIe siècle. Il s’étendit au royaume du Bornou (au sud du lac Tchad) au XIIIe siècle avant de l’englober au XVIe. L’occupation du Fezzan, dès le XIIIe siècle, permit au royaume du Kanem Bornou de conserver le trafic très fructueux des caravanes. A partir de 1479, le roi Ali et son fils fondèrent une nouvelle capitale. Ils tirèrent leurs richesses des terribles rezzous et de la grande traite chez les peuples animistes du sud. Les esclaves étaient vendus contre des chevaux ou en remboursement de dettes faites auprès des berbères ou des arabes. A la fin du XIXe siècle, le pouvoir sera confisqué par le célèbre esclavagiste musulman Rabih az-Zubayr ibn Fadl Allah qui sera vaincu par l'Armée française en 1900.

Les pistes caravanières en provenance de ces royaumes musulmans convergeaient vers Le Caire, Tunis et plus tard Alger. Les marchands y ramenaient essentiellement de la poudre d’or et des esclaves razziés dans les pays non musulmans plus au sud. Ce commerce, très lucratif et à forte valeur ajoutée, était indispensable à l’économie de l’empire musulman fort demandeur de main d’œuvre à bas coût. De ce commerce, avec ses routes ses comptoirs et ses revendeurs, les occidentaux n’en voyaient que les produits qu’ils pouvaient acheter fort cher au Caire, Tunis ou Alger.

L’implantation de comptoirs sur la côte orientale de l’Afrique

Très tôt, l'Islam s'est vu refuser l'accès vers le sud par la vallée du Nil et les plateaux abyssins. Il empruntera une route maritime en longeant la côte orientale.

Bien qu'il n' y ait pas eu de volonté politique, les musulmans implantèrent des comptoirs sur la côte orientale de l'Afrique de plus en plus au sud, finissant par aller jusqu'en face de Madagascar. Ces nombreux comptoirs seront tous des points importants de traite négrière.

Certains comptoirs seront transformés en colonies importantes comme se fut le cas de Zanzibar.

L'arrivée des Portugais en 1505 à l'embouchure du Zambèze stoppera définitivement l'avancée vers le sud de l'esclavagisme musulman sans toutefois vraiment reprendre possession de la côte orientale de l'Afrique. Il faudra attendre 1964 et la suppression du sultanat de Zanzibar, pour voir disparaître définitivement l'esclavagisme !

Les échanges entre l'Afrique de l'Est et l'océan Indien du XIe au XIVe siècle

Les échanges entre l'Afrique de l'Est et l'océan Indien du XIe au XIVe siècle

Très tôt, les musulmans se contentèrent d’implanter sur la côte de la mer Rouge, accessible depuis la péninsule arabique en quelques heures, des lieux de traite et d’entrepôts.

Ainsi, l’archipel des Dahlaks, dans la mer Rouge au large de la ville de Massaoua (sur la ôte de l’Erythrée actuelle), servit de point de départ à l’exploration de la côte orientale de l’Afrique et aux razzias en pays Abyssin.

L’extrémité des pistes caravanières venant de la vallée du Nil permettant d’aller en pèlerinage à La Mecque servit de point d’échange de produits orientaux contre des esclaves jusqu’au XVe siècle. Dès 1150, les musulmans occupaient la ville de Zeila à côté de Djibouti.

L’implantation de comptoirs sur la côte de l’océan indien fut plus difficile car elle se heurtait à l’hostilité des populations accusées de tous les méfaits et même de cannibalisme. Aux dires des marins musulmans, les somalis castraient les marins victimes de naufrage. Face à cette insécurité, la grande majorité des comptoirs furent installés sur des îles ou presqu’îles, à défaut, dans des zones lagunaires facilement défendables.

Il est difficile de retracer l’histoire de ces comptoirs. Elle ressemble fortement à la colonisation grecque sur le pourtour méditerranéen et celui de la mer Noire à partir de 675 av. J.C. (début de la seconde vague de colonisation archaïque). Elle est due à des petits groupes d’individus animés par les mêmes motifs : quelques aventuriers mais surtout des bannis pour des raisons politiques et plus souvent pour des raisons religieuses. Avoir soutenu le « mauvais » clan ou être considéré comme un « mauvais musulman » conduisait à être obligé de quitter son pays sans pouvoir y revenir. Pour un groupe, l’arrivée dans un lieu déjà occupé par des musulmans n’était pas toujours bien accueillie par les occupants ; soit ceux-ci étaient chassés, soit le groupe poursuivait son voyage plus au sud.

Cette colonisation fut très longue à progresser vers le sud car elle ne fut jamais la conséquence d’une volonté politique contrairement à l’exploration de la côte ouest par les Portugais. Au début, les comptoirs furent précaires ; simples lieux d’échange de marchandises d’une saison. Toutefois, au fil des siècles, quelques comptoirs prirent de l’importance et devinrent des sultanats avec conquête d’un territoire.

A la veille du départ de Christophe Colomb en 1492, des colonies musulmanes étaient présentes tout au long de la côte jusqu’en Rhodésie actuelle avec la ville de Sofala.

Parcourons ces comptoirs du nord au sud et l'évolution de cette progression.

En Somalie actuelle, Mogadiscio fut très tôt un important comptoir où s’échangeaient des pierres et bois précieux.

En passant l’équateur, les colons occupèrent les îles de la côte du Kenya (îles Pate, Lamu et kilwa) et fondèrent les comptoirs de Malindi (ou Malinde) et Mombassa. Abd al Malik ibn Marwan, cinquième calife Omeyyade (685 – 705) envoya des colons dans ces différents comptoirs. Mombassa fut un important comptoir musulman dès le XIIe siècle avec la construction d’une fortification. Jusqu’à l’arrivée des Portugais en 1605, ce fut un important centre de négoce d’esclaves venant des berges du lac Victoria.

Plus au sud et dès le VIIe siècle, la région côtière de Tanzanie fut le lieu de comptoirs musulmans. Les îles de Pemba, zanzibar et Kilva furent occupées. Zanzibar devint un sultanat (supprimé en 1964) et l’un des plus importants marchés d’esclaves et d’ivoire d’Afrique. Le sultanat de Kilva fût créé en 1022 par un banni d’une illustre famille Perse. Les anciens occupants furent chassés en face de l’île sur la côte. Une fortification fut édifiée sur l’île.

Encore plus au sud, au pays des zendjs (nom déjà utilisé par Ptolémée), le Mozambique, le comptoir, qui porte le même nom que le pays, devint un important centre de la traite négrière. Pour assurer la sécurité du comptoir et des bateaux y accostant trois forts furent construits à Mozambique.

Passant le tropique du Capricorne, mille kilomètres plus au sud, deux comptoirs musulmans durèrent jusqu’en 1505 : Quelimane (au Mozambique) et Sofala (en Rhodésie). Cette région du fleuve Zambèze, face à Madagascar, fut la limite sud de la colonisation musulmane. Pourtant si loin, l’intérêt économique et stratégique de ces deux comptoirs était dû au commerce des noirs capturés dans le bassin du Zambèze et du Limpopo.

Une volonté génocidaire de la part des musulmans

Dans le monde musulman, les esclaves étaient fort recherchés pour bon nombre d'activités contrairement à la traite transatlantique qui avait pour objectif le développement des exploitations agricoles. Son importance économique et politique dans la société musulmane fut essentielle.

Cette traite négrière se doubla d'un aspect méconnu : Le génocide des noirs considérés comme des sous-hommes par la société musulmane !

Dans la société arabo-musulmane, les domaines suivants étaient pourvoyeurs de demandes d'esclaves:

Le personnel de maison : On connaît en France le mythe de la belle esclave du Harem contente de son sort que nous a laissé la diplomatie de François Ier (alors qu'il s'agit d'une esclave sexuelle!), mais le personnel de maison s'étend aussi aux servantes et aux eunuques. Ces derniers étaient les plus chers à l'achat car sur 10 captifs un seul arrivait à destination (après une castration et plusieurs centaines de kilomètres dans le désert)

Les armées : C'était le domaine des jeunes adultes ou des adolescents car facilement conditionnables. Leurs maîtres en faisaient des bataillons de fanatiques (les janissaires) prêts à mourir pour Allah

L'industrie et l'agriculture : Domaine des hommes travaillant dans les mines du désert, dans les grands domaines agricoles (cannes à sucre en basse Euphrate, mil dans l'empire des Songhaï)

Au delà de cette utilisation massive dans toute l'économie musulmane, l'anthropologue et économiste franco-sénégalais Tidiane N'Diaye déclare que "la traite arabo-musulmane fut plus dévastatrice que la traite transatlantique, car elle était motivée par un réel but génocidaire,visant à l'extinction ethnique par castration massive et fabrication d'eunuques, les Africains étant considérés comme des sous-hommes par leurs oppresseurs"

Ce dernier point est malheureusement ancré dans la culture arabo-musulmane avec l'étude et la diffusion par ses "savants géographe"s de la Théorie des climats, vieille théorie "scientifique" raciste trouvée dans les bibliothèques grecques du Moyen Orient. Le géographe grec Claude Ptolémée (vers 90 - 168) en fit une compilation à la fin de l'Antiquité connue dans le monde musulman sous le nom d'Almageste. Montesquieu (1689 - 1755), toujours friand d'idées venant du Moyen-Orient, introduira cette théorie fumeuse et deviendra le père moderne du racisme scientifique!

Principales zones de chasse aux esclaves : Bassin du Niger, plateau Éthiopien, région des Grands Lacs, Bassin du Zambaise

Principales zones de chasse aux esclaves : Bassin du Niger, plateau Éthiopien, région des Grands Lacs, Bassin du Zambaise

Comment acheter des esclaves et comment détecter les défauts corporels Le traité de Ibn Butlan (1001 - 1066)

L'importance économique de la place des esclaves dans la société arabo-musulmane est résumé dans le traité d'un médecin irakien : "Comment acheter des esclaves et comment détecter les défauts corporels". Bien qu'entièrement disponible, ce traité n'a jamais été traduit en totalité !

500 ans d'études et de traductions de milliers de documents musulmans par les érudits européens afin de trouver tout l'art et le savoir-vivre de cette société musulmane si tolérante... et de tenter de déceler son apport à la science!

Pourtant, un ouvrage de vulgarisation n'a jamais été traduit en entier. Il montre toute la place qu'avaient les esclaves dans l'économie musulmane. Une place fondamentale !

Il s'agit du traité de Ibn Butlan sur l'esclavage. Ecrit à l'intention du commun des clients, il permet de bien choisir son esclave sur le marché, homme ou femme. Les rares passages traduits par des érudits montrent toute l'importance de cet acte d'achat pour un musulman. Il fournit de très bonnes précisions sur la façon dont les esclaves blancs ou noirs étaient appréciez et plus ou moins recherchés.

Des conseils sur les prix, sur la façon dont les trafiquants trompent l'acheteur, sur l'aptitude de telle ou telle "Race", sur les aptitudes sexuelles des femmes sont donnés.

Cet ouvrage n'est pas d'un inconnu... mais d'un médecin de grande réputation dont un autre de ses ouvrages a été maintes fois traduit en Occident : son Tacuinum sanatatis, traité thérapeutique sur les plantes qui fait la réputation de la science musulmane... mais qui n'est qu'une compilation de textes antiques avec certes des compléments !

Pourquoi ne pas avoir traduit cet ouvrage?

La fin de l'esclavagisme musulman date de 1964

Alors que l'abolition de l'esclavage par les pays occidentaux a été effective avant 1850, le monde arabo-musulman attendra 1964 pour mettre fin officiellement à l'esclavage !

Le Sahara, au coeur des échanges africains du VIIIe au XVIe siècle

Le Sahara, au coeur des échanges africains du VIIIe au XVIe siècle

En Europe, l'abolition de la traite des humains fut officialisée en Angleterre en 1807, huit ans plus tard en France (1815). Il faut bien reconnaître que l'esclavage, qui n'était pas aboli par ces lois, mit un certain temps avant de disparaître!

Pendant ce temps, l'installation du sultan d'Oman à Zanzibar en 1840 voyait le redoublement de l'esclavage avec chaque année 15 à 20 000 noirs razziés loin dans les terres. Une partie était revendue, l'autre s'occupée des champs de girofliers, la fortune de l'île. Sur une population de 300 000 habitants, Zanzibar comptait 100 000 esclaves en 1849, 200 000 en 1860.

Commencée bien plus tôt, la traite musulmane mis plus longtemps à s'éteindre. En 1953, l'ambassadeur de France en Arabie Saoudite se plaignait de la persistance de ce trafic dans ce pays.

Le dernier marché aux esclaves est fermé au Maroc en 1920 ; l'abolition officielle de l'esclavage en Arabie Saoudite date de 1962 ; la fin de la traite des esclaves à Zanzibar de 1964.

Par ailleurs, selon la Commission des Nations Unies sur les Droits de l'Homme, en 2000, entre 5 et 14 000 personnes sont esclaves au Soudan, certaines sources indiquant un nombre de 100 000. L'esclavage est encore sensible en Mauritanie où il a été aboli en 1980 et dans les monarchies et sultanats du Golfe.

http://histoirerevisitee.over-blog.com/dossier-la-traite-negriere-des-musulmans-en-afrique-652-1964.html

jeudi 12 octobre 2023

Anne de Kiev, princesse russe, reine de France

 

Anne de Kiev, princesse russe, reine de France, par Mauricette Vial-Andru

Mauricette Vial-Andru, ancienne enseignante de Français et d’Histoire, écrit d’excellents livres pour la jeunesse, romans historiques et d’aventures, vies de saints, tous permettant un bel apostolat auprès des enfants et adolescents. Aux éditions Saint Jude, elle signe les ouvrages de remarquables collections dont les noms sont significatifs : « Vive le Christ Roi », consacrée au Mexique, et « Pour Dieu et l’Espagne », consacrée de façon explicite aux grands moments de l’histoire de l’Espagne catholique. Elle entame aux éditions Filvmena une collection sur la Russie dont Anne de Kiev est le premier titre. Ces récits courts mais haletants, tous à recommander et de grande qualité, sont parfaitement adaptés aux jeunes lecteurs.

Bien peu de Français savent qui est Anne de Kiev. Cette princesse russe, fille de Iaroslav le Sage, grand-prince de la Rus’ de Kiev, fut pourtant reine de France. Le royaume franc était frappé par la famine. Le Roi Henri Ier, petit-fils d’Hugues Capet, sacré à Reims en l’an 1027, avait perdu son épouse et sa toute jeune fille. L’absence d’héritier attisait les ambitions de prétendants au trône. Le petit-fils du roi de Pologne, un temps réfugié au monastère de Cluny, suggère à l’entourage du roi à la plus jeune fille du grand-prince de la Rus’ de Kiev. Celui-ci mène une habile politique matrimoniale en mariant ses filles à des rois et ses fils à des filles ou des sœurs de rois. Son aînée règnera en Hongrie, sa seconde en Norvège et sa troisième en… France.

Cet ouvrage nous narre l’ambassade qui fut envoyée à Kiev demander la main de la jeune et belle Princesse Anne pour le veuf Roi des Francs, les hésitations puis l’acceptation, le voyage vers la France, le mariage, le sacre et le court règne. En 1052, Anne donna naissance à Philippe qui règnera sous le nom de Philippe Ier. Durant un an, elle fut « régente » du royaume après la mort de son royal époux. Elle fut fondatrice de l’abbaye Saint-Vincent dans laquelle elle se retira et vécut jusqu’à son dernier jour.

A lire et offrir en ces temps de russophobie primaire.

Anne de Kiev, Mauricette Vial-Andru, éditions Filvmena, 80 pages, 11 euros

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https://www.medias-presse.info/anne-de-kiev-princesse-russe-reine-de-france/180919/

dimanche 20 août 2023

14 juillet 1099 : veille de la libération de Jérusalem par les premiers croisés !

 

Libération de Jérusalem par les premiers croisés le quatorze juillet mil quatre-vingt dix-neuf
Le vendredi 15 juillet 1099, les croisés enlèvent aux musulmans la ville de Jérusalem.

Les Croisés ont quitté l’Europe occidentale trois ans plus tôt pour répondre à l’appel du pape Urbain II et reprendre aux Infidèles – les musulmans –  le tombeau du Christ.

L’armée de Raimon de Saint-Gilles arrive la première sans encombre à Bethléem où elle est accueillie par les chrétiens en liesse. Enfin, le 7 juin 1099, les croisés aperçoivent les dômes de la Ville sainte.

Il faut se préparer à un siège difficile dans la chaleur de l’été. Heureusement, une escadre génoise amène à Jaffa du matériel de siège et du ravitaillement.

Sur les dizaines de milliers d’hommes qui avaient quitté l’Europe plus de trois ans auparavant, seuls quelque 1 500 chevaliers et 12 000 fantassins se massaient désormais aux abords de la Ville sainte. La crainte d’une intervention des armées du calife fatimide d’Égypte hâta le début du siège, qui fut déclenché dans la nuit du 13 au 14 juillet.
L’attaque commence le 14 juillet mais la garnison égyptienne riposte en incendiant les tours roulantes des croisés avec du feu grégeois, un combustible très puissant.

Le matin du vendredi 15 juillet, Godefroi de Bouillon et son jeune frère Eustache de Boulogne arrivent à s’approcher des murailles à bord d’une tour recouverte de peaux de bêtes fraîchement écorchées et ainsi protégées du feu. Bientôt des échelles surgies de partout s’adossent aux murailles. Les combats sont sanglants, et, dès le lendemain, les premiers croisés pénétrent dans la cité.

Les défenseurs de la citadelle ont la vie sauve grâce à Raimon de Saint-Gilles qui leur accorde un sauf-conduit jusqu’à la côte.

Voici le récit de la prise de Jérusalem par Raimondo d’Aguilers :

«À peine les nôtres eurent-ils occupé les murs et les tours de la ville, alors ils purent voir des choses terribles : certains, et c’était une chance pour eux, étaient décapités, d’autres tombaient des murs criblés de flèches ; beaucoup d’autres enfin brûlaient dans les flammes. A travers les rues et les places, on voyait des têtes amoncelées, des mains et des pieds coupés ; hommes et chevaux couraient parmi les cadavres. Mais cela n’était rien encore : parlons du Temple de Salomon, où les Sarrasins avaient l’habitude de célébrer leurs cérémonies religieuses. Que s’y était-il passé ? Si nous disions la vérité, nous ne serions pas crus : disons seulement que dans le Temple et dans le portique de Salomon, on avançait avec du sang jusqu’à la hauteur des genoux et des mors des chevaux. Et c’était par juste jugement divin que ce lieu qui avait supporté si longtemps les injures contre Dieu, recevait leur sang. Après la prise de la ville, il était beau de voir la dévotion des pèlerins devant le Sépulcre du Seigneur et de quelle façon se manifestait leur joie en chantant à Dieu un chant nouveau. Et leur coeur offrait à Dieu vainqueur et triomphant des louanges inexprimables en paroles… »

Paul DEROGIS

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