Affichage des articles dont le libellé est Serbes. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Serbes. Afficher tous les articles

lundi 14 novembre 2011

Tragédie yougoslave : L'Europe, les États-Unis, la Russie et la Yougoslavie ; par Pierre M. GALLOIS

Article rédigé en 1994 pour la Revue d'Europe Centrale.


Avec un décalage de près de quarante ans, cette fois non plus à cause du Canal, mais de l'ex-Yougoslavie, Paris a réussi un doublé inattendu : le "coup de Suez". 
Pierre M. GALLOIS.jpgC'est-à-dire faire les frais d'une expédition militaire et y souffrir des pertes pour constater qu'il revient à nouveau aux États-Unis et à la Russie de négocier le règlement d'une crise que l'on n'a pas su prévenir, encore moins conclure. 
Et, de surcroît, devoir admettre que les pourparlers aient lieu à Bonn, origine du drame yougoslave et à Vienne, par où transitaient les armes inondant les Balkans en dépit de l'embargo. Enfin, voir rejeter les plans d'organisation de la Bosnie qui avaient l'approbation des nations — dont la France au premier chef — qui contribuèrent activement à la sauvegarde des populations les plus meurtries par la guerre. Gribouille n'aurait pas fait pis. 
Le 5 février 1994, au soir, le jour même où la destruction du marché de Markale causa la mort de 68 personnes et en blessa 197, le président de la République et le Premier ministre s'accordèrent sur la nécessité d'agir, d'en appeler aux principales nations concernées par le drame des Balkans afin que, par l'action, l'on réponde à l'attente de l'opinion publique. Il est vrai que mise en condition par une intense propagande — dont on évoquera plus loin les sources — profondément émue par cette tuerie, la population réclamait des mesures immédiates, y compris l'usage de la force. En démocratie, la règle est d'entendre l'électeur même, et surtout, s'il a été quelque peu abusé par la "désinformation". Mais si puissante et si convaincante qu'elle ait pu être, il n'en demeurait pas moins que Sarajevo était assiégée depuis des mois et que, chaque jour, on y mourrait par le fer et par le feu. 
Solliciter l'ONU ? Les Résolutions précédemment votées permettaient le recours à la force (interprétation de la Résolution 836 de juin 1993). C'eût été risquer un veto russe. Et puis, régulièrement et consciencieusement informé de la situation locale par les chefs militaires de la FORPRONU, le Secrétaire général se serait montré réservé. ("Toutes ces gesticulations à propos de frappes aériennes ne riment à rien. Chaque fois qu'on approchait d'un accord, elles ont envenimé la situation", déclarait le général Francis Briquemont.) Que demander aux Douze qui n'ait déjà été fait. Assez paradoxale était la démarche française, la France ayant, à terre, en ex-Yougoslavie, le contingent le plus nombreux et l'un des plus exposés à d'éventuelles représailles, la retenue britannique paraissant mieux inspirée. Mais l'opinion publique réclamait que l'on mit un terme à l'inaction.

Aussi, le lendemain de la triste affaire de Markale, le ministre français des Affaires étrangères s'adressa-t-il à son collègue américain. Difficile requête pour Paris : on n'y avait cessé de revendiquer la reconnaissance de l’"identité de défense européenne", des pouvoirs et des moyens (?) de l'UEO, l'emprise militaire américaine sur l'Europe devant leur faire place. Et voici que pour une guerre spécifiquement européenne, ensanglantant une région dont M. Clinton avait dit qu'elle ne présentait pas d'intérêt stratégique pour les États-Unis, voici que Paris demandait à Washington de prendre l'initiative d'un ultimatum adressé aux Serbes, éventuellement suivi d'interventions aériennes. À Bruxelles, le ministre français de la Défense afficha la détermination de Paris. "On nous dit, déclara-t-il en substance, que la présence de la FORPRONU interdit que nous frappions en utilisant la force aérienne. Intenable position..." Sous-entendu il convient de passer outre et d'en venir à la menace d'emploi de la force si l'ultimatum n'est pas suivi d'effet. "On nous dit" ? C'est bien l'opinion qui le disait, lassée des souffrances indéfiniment tolérées de la population de Sarajevo. 
À Washington l'appel fut entendu. Certes, aussi longtemps que seuls Serbes et Croates s'affrontaient, la Maison-Blanche demeura passive. Il y eut bien, de sa part, quelques velléités d'agiter la menace aérienne, mais devant les objections de Paris et de Londres, Washington sembla se désintéresser des événements des Balkans. Et cela jusqu'à ce que, gagnant la Bosnie, la guerre mobilise à nouveau le Département d'État. Les intérêts pétroliers américains sont assez puissants pour que l'allié musulman soit secouru. Pour les États-Unis, la démarche française présentait l'avantage de justifier l'Otan — en dépit de la disparition du Pacte de Varsovie. Elle répondait à l'attente de Bonn, l'Allemagne étant désireuse d'étendre la garantie américaine à ses voisins de l'est et du sud. La démonstration était faite que l'Amérique était bien la seule superpuissance et, qu'à ce titre, il lui revenait de contribuer à rétablir un "ordre international" convenable là où il était gravement menacé. L'intervention des États-Unis renforçait également l'allié turc et elle allait appuyer la présence en Macédoine du petit contingent qui y avait été dépêché. Bref, les Européens invitaient les États-Unis à jouer un rôle dans les Balkans mettant en évidence leur leadership en Europe. À l'initiative de la France. 
Nous sommes directement concernés, affirma alors Bill Clinton, qui disait le contraire l'année précédente. Préparé depuis longtemps à intervenir en Yougoslavie — et déplorant de ne pas y avoir été invité l'état-major de l'Otan prit aussitôt sous sa coupe les formations maritimes et aériennes déployées en Adriatique et sur le littoral italien. Et, sous l'autorité de l'amiral Jeremy Boorda, commandant la 6e Flotte des États-Unis, "l'identité de défense européenne" devint "l'identité de défense américaine". 
Chacun s'attendait à l'emploi de la force, le souhaitait ou le redoutait. C'était compter sans la manœuvre diplomatique et les avantages que Washington pouvait retirer de l'invitation qui lui avait été adressée. Alors que Moscou venait de réitérer son opposition aux attaques aériennes, y procéder eût placé Boris Eltsine dans une situation critique. Ni le peuple russe, ni la Chambre basse, la Douma, n'eussent admis que leur pays subisse une nouvelle humiliation. Bien que l'échec des réformes socio-économiques dont on attendait bien prématurément des résultats bénéfiques ait conduit à l'élimination de Galdar et d'une partie de ses conseillers économiques, Washington misait toujours sur Boris Eltsine de crainte que la Russie ne succombe aux sollicitations des extrêmes, unis dans un même nationalisme. Aussi fallait-il ménager Moscou, tenir compte des liens l'unissant à Belgrade et l'inviter à un tête-à-tête américano-russe qui devrait trouver un compromis acceptable par les trois belligérants. 
C'est sans doute la raison pour laquelle, devenu le maître tout-puissant des forces alliées déployées face aux Balkans, l'amiral Boorda, à son tour et probablement sur ordre de son gouvernement, déclara "... qu'il ne lancerait aucune attaque aérienne sans l'ordre de l'ONU". Paris avait souhaité contourner l'Organisation des Nations Unies, mais l'amiral annonçait qu'il n'agirait que selon les instructions qu'il en recevrait. 
Peut-être sans illusion, mais soucieux d'utiliser le prétexte bosniaque pour servir leurs intérêts nationaux, Américains et Russes ont pris à leur compte le puzzle balkanique devant lequel l'ONU et les Douze avaient échoué. Mais c'est aux Russes qu'il est revenu de jouer le rôle principal. Non seulement Washington les sollicitent et les placent en vedette sur la scène internationale mais, par les pressions qu'ils sont en mesure d'exercer sur les Serbes — et grâce aux garanties qu'en échange ils leur promettent — ils sont les seuls à pouvoir éviter l'extension du conflit de Bosnie. Moyennant les assurances qu'ils donneront à Belgrade sur l'issue des négociations auxquelles, désormais, ils participent, les Serbes replieront leur artillerie à distance de Sarajevo sans paraître obéir à l'ultimatum, mais à la demande de leur allié ; les Américains y gagnent d'éviter un engagement militaire qu'à juste titre ils redoutent et la FORPRONU ne risquera pas d'être la cible facile d'éventuelles représailles. Les "va-t-en-guerre" manifesteront leur satisfaction, la force ayant été brandie et les "pacifiques" également puisqu'elle ne sera pas utilisée, du moins comme sanction d'un ultimatum qui n'aurait pas eu d'effet. Enfin, et surtout, Sarajevo bénéficie d'une accalmie. 
Pour Boris Eltsine ce fut là une occasion inespérée d'être à nouveau le principal interlocuteur de la superpuissance, de fournir un motif de satisfaction au peuple russe meurtri par toutes les manifestations d'une grandeur perdue et aussi atténuer la virulence des attaques des partis nationalistes. Peut-être sans l'avoir voulu, Eltsine fit mieux à propos des Balkans que Gorbatchev lors de la guerre du Golfe. 
Avant d'étudier la proposition des nouveaux négociateurs, Américains et Russes s'étant substitués aux deux médiateurs représentant l'un l'ONU, l'autre les Douze, il faudrait revenir sur le très étrange comportement de la communauté internationale devant le drame yougoslave. 
Il apparaîtrait que les Serbes ne furent pas les auteurs de la tragédie de Markale. Il est vraisemblable que les experts militaires qui étudièrent les traces de la détonation — ou des détonations — et qui évaluèrent les dégâts matériels qui en résultèrent, sans être assurés, s'étaient cependant formé une opinion. Adressée au Conseil des Ministres des Douze, deux jours après l'ultimatum, une lettre de la FORPRONU accuserait les Bosniaques musulmans. Fort courageusement, Bernard Volker l'avait révélé lors du "journal de TF1" le 18 février, mais allant à l'encontre de la thèse officielle, l'annonce avait été étouffée. Techniquement l'attentat suscitait l'interrogation. Les mortiers, fut-ce de 120 mm, identifiés lors des premières investigations, sont trop imprécis pour qu'un seul tir atteigne un objectif relativement réduit en dimensions (quelque 1200 mètres carrés). Ou alors, quel qu'ait été le camp des tireurs, le hasard est à incriminer et, seul, il dissiperait le mystère s'il s'agissait vraiment d'un projectile lancé par un mortier. L'autopsie des victimes aurait peut-être permis de préciser la nature de l'explosif et celle des projectiles ayant fait un tel carnage : les malheureux avaient été mis en terre précipitamment. Belgrade obtint la réunion d'une commission d'enquête. Mais, autre singularité, la tragédie fut attribuée aux Serbes et l'ultimatum lancé contre eux, avant que les experts aient déposé leurs conclusions. Enfin, il est pour le moins étrange qu'une association "TV carton jaune animé par des magistrats, des juristes et des journalistes" soit sortie de l'ombre pour porter plainte contre TF1 sous prétexte de "défendre l'honnêteté de l'information diffusée" alors que la scandaleuse désinformation subie par le téléspectateur lors de la guerre du Golfe, par exemple, n'avait pas heurté ses conceptions de la déontologie. C'est sans doute pourquoi, le 11 mars, M. Bernard Volker appuyait sa révélation du 18 février par la publication de la lettre officielle de la FORPRONU aux Douze. Lettre dont la teneur fut démentie par le Quai d'Orsay. 
Tout s'est donc passé comme si n'ignorant rien du caractère équivoque de l'accusation dirigée contre les Serbes, les capitales occidentales avaient décidé de leur faire porter la responsabilité de l'attentat afin de légitimer l'ultimatum et, si nécessaire, l'attaque aérienne de leurs positions autour de Sarajevo. Peu importait le coupable du massacre. Il était assez révoltant pour que les opinions publiques approuvent toute action de guerre, quel que soit l'ennemi plus ou moins arbitrairement désigné. 
Ce comportement, des plus discutables, est à rapprocher de celui qui fut adopté après l'attentat du 27 mai 1992 (20 morts, 70 blessés) également attribué à l'artillerie serbe. Le 22 août 1992, le journal britannique The Independent l'imputait à une machination bosniaque. Mais la grande presse se garda de reprendre la révélation. Elle fut confirmée plusieurs mois plus tard par le général MacKenzie, commandant en second de la FORPRONU, lors de la publication de son livre Peacemaker (1) : "... la rue (Vase Miskina où se trouvait la boulangerie de Sarajevo) a été bloquée à ses deux extrémités juste avant l'incident. Après que la foule ait été admise et que la queue se soit formée, les médias apparurent mais se tinrent à distance. L'attaque eut lieu et les médias se trouvèrent immédiatement sur place. La majorité des morts étaient des Serbes tenus pour être des 'modérés'. Qui peut savoir ? La seule chose certaine, c'est que des innocents furent tués..." 
De même que l'attentat de Markale permit l'ultimatum et justifia d'éventuelles attaques aériennes, de même celui du 27 mai 1992 fut le prétexte de l'embargo imposé à la Serbie et au Monténégro. Bien qu'il ait été officiellement reconnu que les Serbes n'étaient pas impliqués dans le massacre dit de la boulangerie, l'embargo ne fut pas levé. Il a déjà fait des milliers de victimes parmi la population civile et atteint pour longtemps non seulement l'économie de la nouvelle République fédérale de Yougoslavie, mais aussi celle de ses voisins. 
Pour celui qui se soucie de morale politique — l'un à côté de l'autre les deux mots surprennent — et, plus généralement, de la dignité des peuples dans les relations internationales, ces deux événements ne laissent pas d'être préoccupants. Ils provoquent au moins deux questions :
— Sommes-nous devant une nouvelle ruse de guerre ? L'Histoire n'en offre guère d'exemples malgré la malignité des hommes. L'on s'en prend à son propre parti, l'on massacre les siens et l'on accuse l'adversaire du forfait (2). Grâce à la toute-puissance des médias et, en particulier, de l'image télévisée, l'on bénéficie aussitôt de la commisération, puis de l'assistance internationale. 
Celle-ci donne la victoire au coupable en croyant prendre parti pour la victime ou en feignant de le croire. Les succès du procédé invitent à la répétition. Les Bosniaques musulmans y eurent recours à la veille de chaque importante négociation où leur sort allait être évoqué. Et chaque fois à leur avantage. Devant l'émotion provoquée par la mort de civils en quête de pain ou faisant leur marché, les dirigeants musulmans furent en mesure de rompre les négociations lorsqu'elles leur étaient défavorables. Il suffisait d'évoquer les souffrances que l'adversaire infligeait à leur peuple. 
Seconde question également suscitée par les guerres récentes, celle du Golfe et celle de l'ex-Yougoslavie : pour les démocraties également, la "désinformation" des populations est-elle devenue, officieusement, une des composantes de l'art de gouverner ? Afin de sataniser Saddam Hussein en mobilisant contre l'Irak une opinion publique indifférente, le président Bush reprit à son compte, dans ses discours officiels et au moins une demi-douzaine de fois, le récit mensonger de la fille de l'ambassadeur du Koweït aux États-Unis qui prétendait avoir été témoin du pillage d'un hôpital pédiatrique à Koweït City. Amnesty International démontra le subterfuge, mais il avait atteint ses objectifs. En toute bonne conscience, les Alliés pouvaient déverser 90.000 tonnes de bombes sur l'Irak, puis lui imposer un embargo qui fit plus de 200.000 victimes parmi la population civile. 
Mystérieuse serait également la partialité dont firent preuve les médias rendant compte par l'écrit et par l'image des événements de Yougoslavie. L'étrangeté de ce comportement ne s'explique que par la mise en œuvre de très puissants intérêts stratégiques et économiques, sans doute la force du mark et l'argent du pétrole lorsque la Bosnie fut en guerre. 
Le véritable diktat allemand des 16 et 17 décembre 1991, une semaine après la signature du Traité de Maastricht d'où devait naître une "diplomatie et une défense communes", fut à peu près ignoré. Pourtant les ministres des Affaires étrangères des Douze réunis à Bruxelles, sous la houlette de M. H.D. Genscher, furent soumis à une rude épreuve et ce n'est qu'après des heures de débats que le 17, au petit matin, le ministre allemand obtint satisfaction. On reconnaîtrait l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie le 15 janvier suivant. Bonn et le Vatican, ce dernier manifestant son hostilité millénaire aux schismatiques orthodoxes, devancèrent l'engagement du 17 décembre et, le 23, reconnurent l'indépendance des Républiques sécessionnistes. Celle de la Bosnie suivra inéluctablement. C'était priver de citoyenneté près de trois millions de Serbes vivant en Slovénie, en Croatie et en Bosnie, en faire des minorités plus ou moins bien traitées. C'était également décider de l'éclatement de la République fédérative socialiste de Yougoslavie, violer la Constitution yougoslave de 1974 en transformant des limites administratives en frontières internationales et faire bon marché de l'Acte final d'Helsinki et de la Charte de Paris. Bref, les Douze piétinaient les textes qu'ils avaient eux-mêmes conçus, défendus et signés, s'inclinant devant la volonté de la déjà toute-puissante Allemagne. Il est vrai qu'elle était réunifiée, officiellement, depuis un an et qu'elle bénéficiait largement de son unité reconstituée sans avoir encore à en payer le prix. Mais, de ces manigances, les populations ne furent pas informées. Pas plus que, dès le début du conflit, on ne leur révéla la chasse aux Serbes de Croatie, leur fuite par centaines de milliers vers la mère-patrie, leurs villages rasés, leurs biens perdus à jamais : première phase de l'épuration ethnique pratiquée par les Croates et dont on ne s'émut que lorsque les Serbes, à leur tour, ripostèrent contre les exactions dont ils venaient d'être les premières victimes. Bien rares ont été les commentaires relatifs à la visite de M. Delors à Belgrade, réclamant du gouvernement fédéral, alors en fonction, qu'il maintienne l'unité du pays et subordonnant l'assistance de la CEE à la cohésion de la fédération yougoslave. Les Douze justifiaient ainsi les tentatives de l'armée fédérale cherchant à stopper les mouvements sécessionnistes. Ses unités furent encerclées dans leurs casernes et contraintes à la capitulation ou à un combat tenu alors par les Serbes eux-mêmes pour fratricide. Lorsque Sarajevo devint le symbole menacé d'une nouvelle construction politique fondée sur une confession et non sur la volonté des diverses nationalités de vivre ensemble, l'on s'est gardé de préciser que 30% de ses habitants étaient Serbes, tandis que près de 11% se déclaraient encore Yougoslaves, si bien qu'il était légitime que l'armée serbe ait pris position pour défendre ses concitoyens contre les 49% de Musulmans bosniaques. La dictature exercée en Croatie par M. Tudjman et son parti a été discrètement escamotée, de même que la profession de foi de M. Izetbegovic selon laquelle : "... il n'y a pas de paix, ni de coexistence entre la religion islamique et les institutions sociales non islamiques. Ayant le droit de gouverner lui-même son monde, l'Islam exclut clairement le droit et la possibilité de la mise en œuvre d'une idéologie étrangère sur son territoire". Allez, ensuite, imposer aux 32 % de Serbes et aux 17% de Croates vivant en Bosnie- Herzégovine d'accepter la loi d'un gouvernement bosniaque musulman faisant de l'exclusion des autres confessions le fondement de sa politique ! Enfin, bien rares ont été seulement les allusions au rôle des Croates et des Musulmans aux côtés des forces du Reich, pas plus qu'il n'a été rappelé qu'à défendre la cause des Alliés contre l'empire wilhelminien, puis hitlérien, la Serbie a perdu 23% de sa population en 1914-1918 et encore 15% entre 1941 et 1945. 
Les voix des nombreux experts en science politique et en relations internationales ne se sont guère fait entendre lorsque la Communauté européenne a repris à son compte l'héritage du maréchal Tito décidant qu'une religion donnait droit à former un État. On ne les a pas davantage entendus au moment où les pays occidentaux concernés par le drame yougoslave luttaient pour le maintien et le développement d'une République musulmane bosniaque. 
Après la proposition de Lord Peel relative au partage de la Palestine (1937), dix ans de lutte et les terribles années d'extermination par les Nazis, les Juifs réussirent à s'installer en milieu musulman et, par leur vaillance guerrière, à s'y maintenir. Mais au prix d'un demi-siècle de guerres. Probablement plus encore. Aujourd'hui, les Occidentaux s'efforcent de créer et de renforcer une République musulmane (confession islamique minoritaire) en milieu chrétien. Sans doute en acceptant l'éventualité de conflits permanents. De surcroît, peut- être un jour membre d'une Union très grandement élargie, la Bosnie- Herzégovine en sera-t-elle à part entière pour être alors l'antichambre de l'Islam en Europe. Curieusement, les États-Unis s'en réjouissent : "Il serait important qu'il y ait en Europe un État où coexistent Musulmans et non- Musulmans", déclarait un haut fonctionnaire du gouvernement américain (3). En somme, il serait important de créer en Europe une "nouvelle Palestine". Afin, sans doute, que Washington y trouve prétexte à intervention. 
Discutables certes, ces sombres perspectives sont bien rarement évoquées par des médias qui nous avaient habitués à plus de liberté. Les difficultés économiques dont souffrent plus particulièrement les pays industrialisés sont-elles à incriminer ? Privés des ressources normalement fournies par les diverses activités publicitaires des entreprises hier prospères, les médias deviennent-ils dépendants des soutiens gouvernementaux ? Il ne faudrait pas que, la crise aidant, les démocraties rejoignent les autocraties dans leurs méthodes d'information. 
Mais la crise yougoslave a d'autres conséquences moins sujettes à l'interrogation. Elle a détruit les derniers vestiges de la victoire de 1945. Vainqueurs sur terre, les Russes font modeste figure devant l'Amérique, puissance de la mer. Tenants du statu quo balkanique, Français et Britanniques se sont inclinés devant les Allemands qui l'avaient mis à mal en 1941. La politique, la diplomatie et la défense communes dont les partisans du Traité de Maastricht nous ont rebattu les oreilles, s'évanouissent dans les brumes d'un très lointain et très incertain avenir. Et le "couple franco-allemand", mariage de raison, en a tous les défauts tant sont nombreuses et graves les infidélités. 
Lors de son retour de Maastricht, le président de la République déclara que le texte qu'il venait de signer n'était pas négociable ; il fallait le prendre — ou le laisser — tel qu'il était. Chacun pensa qu'il en irait de même pour tous les autres pays signataires. Les mois qui suivirent démontrèrent que la plupart des grands partenaires de la France non seulement le négociaient mais, qu'unilatéralement, ils le modifiaient à leur convenance. Ce fut le cas de l'Allemagne, premier "pilier" du Traité. En effet, la Cour Constitutionnelle fédérale siégeant à Karlsruhe interpréta le traité de Maastricht de telle manière que s'il n'a pas été vidé de son contenu, il l'a été de sa finalité. Lors d'un entretien publié par la revue Politique Internationale (4), le chancelier Kohl avait clairement défini sa politique : "... le fédéralisme, la subsidiarité et l'intégration des intérêts des régions constituent, pour nous, les principes structurels essentiels de l'édification de l'Europe de demain". Mais la cour de Karlsruhe affirma que "l'Union européenne n'est pas un nouvel État fédéral, plus simplement un groupe d'États qui repose sur la volonté des États membres et respecte leur identité nationale" — Exit le fédéralisme. "L'appartenance à ce groupe d'États peut toujours cesser par un acte contraire.... l'Union européenne ne dispose ni de pouvoirs de commandement, ni d'une personnalité juridique propre... le passage à la troisième phase de l'Union monétaire n'est pas automatique..." La Cour rappelle les moyens dont disposent les autorités allemandes, et spécialement les tribunaux allemands qui ont le pouvoir de ne pas reconnaître la force juridique à des actes qui excéderaient manifestement les compétences des organes européens tels que prévues par le Traité. (Rappelons qu'en mai 1974 la Cour avait déclaré inapplicable en Allemagne un acte communautaire contraire au droit fondamental allemand.) 
Manfred Brunner, président de la Fondation démocrate et avocat à Munich, réitérait à Jean-Paul Picaper (5) l'interprétation restrictive allemande du Traité : "... La Cour Constitutionnelle allemande agit, certes, en coopération avec la Cour de Justice européenne, mais elle a le dernier mot en cas de conflit". La légitimation démocratique de la CEE sera incarnée essentiellement par les parlements nationaux : le Parlement européen n'a qu'une fonction complémentaire (?) ... l'Union monétaire peut être résiliée... Pour toutes les questions dépassant le cadre du marché unique, il faudrait conserver dans le Conseil des Ministres la règle de l'unanimité... Mieux vaut ce type de démocratisation qu'une extension des compétences du Parlement européen parce qu'il ne peut y avoir de représentation populaire sans peuple..." Et J.P. Picaper ajoute : "... on comprend pourquoi le gouvernement s'est efforcé de passer sous silence ces conclusions de la Cour". 
D'ailleurs, les efforts déployés par Bonn pour élargir l'Union vise deux objectifs : déplacer vers l'est, vers Berlin, le centre de gravité économique et politique de l'Union par l'adhésion de la Suède, de la Finlande, de l'Autriche et de la Norvège, pays formant une zone d'influence linguistique et économique allemande, et aussi interpréter le Traité selon les vœux de la Cour de Karlsruhe en diluant au maximum les responsabilités des institutions supranationales, toutes dispositions réalistes, mais contraires aux fantasmes européens français. 
Les apparences, sinon peut-être la réalité, donneraient à croire que l'Allemagne réunifiée — ou plutôt, à peine réunifiée — a mis en œuvre deux diplomaties : l'une se manifeste à Bruxelles et lors des rencontres des chefs d'État, comme celles qui rassemblent périodiquement les dirigeants allemands et français. L'autre, discrète, consiste à "façonner" l'Europe conformément aux intérêts de la future nation allemande. Brunner le laissait entendre : "... l'Allemagne doit se défaire de sa peur de penser en contextes géopolitiques (à nous, Haushofer !). Le concept de la Mitteleuropa... nous a été légué par l'Histoire comme tâche particulière redevenue actuelle par la dépolarisation et le dégel qui a succédé à la guerre froide..." (6) Quoi de plus normal qu'un grand peuple, capable d'être le premier exportateur mondial et dont le commerce rayonne sur tous les continents, quoi de plus naturel qu'il pratique une politique ambitieuse, à la mesure de sa puissance démographique et économique. Seulement il faut dissiper les illusions entretenues par les fédéralistes français et, plus généralement, par les partisans du Traité de Maastricht. On ne peut prétendre que le diktat du 17 décembre 1991, une semaine à peine après la signature du Traité de Maastricht, ait été une manifestation d'entente entre les partenaires européens et l'amorce d'une diplomatie commune. La décision de M. Genscher, imposée à ses collègues, s'est révélée désastreuse. MM. R. Dumas et C. Warren en ont convenu. L'éléphant allemand entrait avec fracas dans le magasin de porcelaines que sont les Balkans. Le ministre des Affaires étrangères de Bonn a déclenché un processus infernal et malheureusement irréversible. Lord Carrington le confiait ainsi au Figaro (du 13 juillet 1993) : "... Alija Izetbegovic m'avait alerté : 'je dois demander l'indépendance de la Bosnie... Si je ne le fais pas, j'aurai la gorge tranchée. Mais je dois vous dire qu'une telle démarche aboutira à la guerre civile' ". Aussi, après de tels débuts, la politique étrangère allemande ne laisse-t-elle pas d'être inquiétante. 
Elle l'est aussi vis-à-vis de l'Europe des Douze où Bonn ne se soucie guère de la "préférence communautaire" lorsque ses intérêts économiques sont en jeu : dès 1986, alors que la France cherchait à réunir les éléments d'une forte présence européenne dans l'espace, le gouvernement allemand s'opposa à deux des trois composantes essentielles de cette ambition : pas de station européenne sur orbite, mais un module amarré à celle des États-Unis, pas de "navette", mais peut-être un strapontin quémandé aux Américains et aux Soviétiques, si bien que le sort d' "Hermès" fut déjà compromis avant d'être réglé par l'abandon du projet. Ariane, par ses succès, échappa seule au naufrage. De même, convoitant le marché mondial, l'européen n'étant pas à sa mesure, Siemens choisit de s'allier à IBM américain et à Hitachi et Fujitsu japonais plutôt qu'aux firmes françaises et britanniques. Après avoir pris le contrôle de MBB (Messerschmidt, Bolkow, Blohm), Daimler-Benz s'est tourné vers Mitsubishi... Pourtant, les partenaires européens de l'Allemagne s'étaient montrés de bonne composition puisqu'ils se soumirent aux conséquences de la stratégie de la Bundesbank : taux d'intérêt élevés, afflux de devises en Allemagne, mais augmentation du chômage chez eux. "La politique monétaire de la Bundesbank est une véritable catastrophe pour toute l'Europe", dira Henri Martre, alors patron de l'Aérospatiale 0. Quant à la politique militaire, elle est pour le moins étrange : les forces armées d'outre- Rhin sont maintenant réparties entre quatre organisations : le futur corps d'armée franco-allemand, un groupe germano-hollandais, une participation à une force d'action rapide de l'Otan, enfin, une solide contribution à l'Otan, le tout, d'ailleurs, devant être placé sous le commandement américain en cas de crise grave. C'est là une curieuse façon de se préparer à une "défense commune" proprement européenne. 
Chacun applaudit : l'intervention des États-Unis et celle, correspondante, de la Russie a décidé, en quelques heures, de la levée du siège de Sarajevo et du retour à la vie des citadins canonnés. Mais elle a mis en évidence l'incapacité des Douze à remédier à la catastrophe déclenchée par l'un des leurs. Il est vrai que le comportement de l'Allemagne dans les Balkans, fut-il vieux d'un demi- siècle, neutralisait la Communauté tout entière, accusée sous la pression de Bonn, puis de Washington, de partialité. L'entrée en scène de Moscou a rétabli l'équilibre entre des intérêts opposés. Celle des États-unis risque de se révéler périlleuse pour les pays européens dans la mesure où, pour plaire aux pays pétroliers arabes, c'est à l'instauration d'un État musulman en Europe qu'œuvre la Maison-Blanche. L'éveil de la Russie a été soudain et volontariste. Il n'est pas exclu que la destruction des quatre avions serbes ait été un avertissement : d'accord pour négocier à deux sur les décombres de l'ex-Yougoslavie, d'accord également pour substituer nos projets à ceux des médiateurs (c'est-à- dire à ceux de l'ONU et des Douze européens), mais qu'on ne s'y trompe pas, il n'existe toujours qu'une seule superpuissance et c'est l'Amérique. 
Celle-ci a-t-elle un projet balkanique, comme l'intérêt subit qu'elle témoigne pour la Macédoine pourrait le laisser à croire ? Sinon à la Maison-Blanche où la politique intérieure accapare les esprits, mais dans de nombreux centres universitaires de recherche, des hommes de valeur étudient ces trois bouleversements qui transforment sur ce versant de l'Europe l'ordre international : l'effondrement du communisme, la réunification de l'Allemagne et la puissance croissante de l'intégrisme musulman. Vue d'outre-Atlantique, la péninsule occidentale de l'Eurasie — seconde en importance après l'Asie du Pacifique — prend un aspect nouveau. Deux forces la dominent : au nord les 80 millions d'Allemands, au sud les 80 millions que seront les Turcs dans un proche futur. C'est avec Bonn/Berlin d'une part, Ankara de l'autre, qu'il faut défendre les intérêts américains. À Bonn, l'on pardonnera la dangereuse précipitation de M. Genscher et, à Ankara, la répression des Kurdes. L'Allemagne aura toute liberté d'action dans cette Mitteleuropa "léguée par l'Histoire comme tâche particulière", selon M. Manfred Brunner avec, en prime immédiate, le rattachement économique de la Slovénie et de la Croatie. Quant à la Turquie, elle exercera son influence sur l'Albanie, la Bosnie, le Kosovo musulman — au détriment des Serbes, affaiblis par l'embargo et désignés à la vindicte publique par une campagne de désinformation intense. Si l'Allemagne participera — avec mesure — à la réhabilitation de l'économie de la Russie, elle devra aussi demeurer la plaque tournante des forces de l'Otan si, par exemple, un néopanslavisme actif succédait un jour au messianisme marxiste. De surcroît, elle sera, en Europe, le champion du libre-échangisme si favorable à l'économie américaine — du moins à court et à moyen terme. L'Irak détruit, l'option laïque et socialiste du baassisme éliminée et l'option intégriste ralliant de plus en plus de fidèles, il reviendra à la Turquie, encore laïque, de former un môle de résistance tandis que son influence politique, et peut-être économique, s'exercerait sur les pays turcophones, hier membres de l'U.R.S.S, leur offrant une autre voie que le retour dans le giron de Moscou. Aussi l'intervention américaine dans la triste affaire des Balkans, aux côtés de l'Allemagne d'une part, des pays musulmans de l'autre, constitue-t-elle une bonne approche pour mettre en pratique, peu à peu, cette nouvelle — et élémentaire — stratégie. 
Dans un délai qu'on ne saurait fixer, Moscou pourrait être en mesure d'altérer ces objectifs et de limiter les moyens nécessaires pour les atteindre. La crise yougoslave a stimulé une diplomatie paralysée par les difficultés internes. Mais, entre le comportement des Russes lors de la guerre du Golfe et le leur depuis que l'Amérique est diplomatiquement présente dans les Balkans, grande est la différence. Le Kremlin doit compter avec la nouvelle Douma d'autant qu'elle répond aux aspirations profondes de la population recrue d'humiliation. Après avoir tenu une place quasi dominante dans les affaires du monde, les Russes réclament une plus grande considération. Et les politiques comme les analystes devront se rendre à l'évidence : il faudra, à nouveau, s'accommoder des volontés de ce grand pays. D'ailleurs, si pour les hommes le pouvoir absolu conduit à l'arbitraire, de même l'omnipotence d'une seule nation l'amène à commettre des excès. Source d'équilibre, la bipolarité est aussi le gage de plus de mesure. C'est ainsi que l'attaque de Bagdad, le 23 juin 1993, pour punir l'Irak d'un attentat qui n'eut pas lieu (et qui ne fut même pas envisagé, selon la presse américaine), la partialité dont l'Occident a fait preuve tout au long du drame yougoslave n'ont été possibles que parce que la Russie avait pratiquement disparu de la scène internationale. Elle y entre et veut s'y faire entendre. 
Dans un monde bipolaire, les forces antagonistes s'équilibrant à peu près, le complot antiserbe n'aurait pu prendre autant d'ampleur. On remarque, par exemple, que l'attentat du marché de Markale ayant eu lieu le 5 février en fin de matinée, le soir même, le gouvernement français s'apprêtait à réclamer un ultimatum aux Serbes et à l'accompagner de menaces d'attaques aériennes. Dans une démocratie, un suspect est présumé innocent jusqu'à ce qu'ait été prouvée sa culpabilité. Or, avant même que soit réunie la commission d'enquête et alors que les premières investigations des experts militaires concluaient à l'impossibilité de déterminer l'origine du tir (si tir il y avait eu), Paris décidaient que les Serbes étaient les coupables et qu'il convenait de les châtier. Étrange. 
Étranges, également, les renvois successifs des chefs militaires de la FORPRONU. Sur le terrain et disant des vérités contraires à la tournure que les politiques voulaient faire prendre à cette guerre civile, ils furent, l'un après l'autre, contraints d'abandonner leur commandement. "La présidence bosniaque entretient là des combats qui n'ont, et ils le savent, aucune chance d'aboutir, mais qui ont le mérite d'attirer l'attention du monde", déclara le général Morillon. Il est rappelé à Paris. Le général MacKenzie révèle-t-il que l'attentat de la rue Vase Miskina a été préparé par les Bosniaques, qu'il est prié d'aller exercer ses talents au Canada, son pays d'origine. "Toutes ces gesticulations à propos des frappes aériennes ne riment à rien. Chaque fois qu'on approchait d'un accord militaire, elles ont envenimé la situation... Il faut en finir avec l'antiserbisme primaire véhiculé par quelques intellos en goguette", dira le général Briquemont aussitôt renvoyé en Belgique. Honnêtes et clairvoyants, ces militaires de haut rang dérangeaient les desseins des politiques qui entendaient que soit fardée la vérité. 

Le "nouvel ordre international", conçu pour un monde unipolaire, en Irak comme en Yougoslavie, a cherché à atteindre ses objectifs par la "mise en condition" des opinions publiques, le recours aux cruautés des embargos et, si besoin était, les destructions massives. Ce sont maintenant les démocraties qui violent le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes se comportant comme les autocraties auxquelles, légitimement cette fois, elles eurent le mérite de longtemps s'opposer.
Pierre-Marie GALLOIS (1911-2010)  http://www.theatrum-belli.com
Général de brigade aérienne et géopoliticien, artisan de la dissuasion nucléaire française.Article issu de la Revue d'Europe Centrale, du 1er semestre 1994
Notes :

(1) Lewis MacKenzie. Douglas and McIntyre. Vancouver/Toronto, 1993, p. 194.
(2) Le général MacKenzie, lors d'une conférence de presse : "... je ne suis pas en état d'empêcher les deux belligérants de tirer sur leurs propres positions pour satisfaire CNN"
(3) Alain Frachon, Washington veut amener les Serbes à la table des négociations, Le Monde. 16 mars 1994, p. 3
(4) N°52. Eté 1991.
(5) Une Europe des Etats souverains. Géopolitique, n° 44, p. 73
(6) Ibid., p. 75
(7) Henri Tricot : "Le patron de l'Aérospatiale accuse l'Allemagne de provoquer la récession". Le Quotidien, 14 janvier 1992, p. 7

vendredi 24 juin 2011

Le "massacre" serbe de Racak n'a jamais eu lieu

Le prétexte qui a justifié le bombardement de la Yougoslavie était un énorme mensonge

La Dr Helena Ranta, responsable de l'équipe d'enquêteurs sur le terrain, révèle comment elle a été obligée de confirmer la version officielle d'une sinistre mise en scène.
Helena Ranta, une spécialiste finlandaise de médecine légale de renommée mondiale, âgée de 62 ans, vient de publier sa biographie à Helsinki, écrite avec l’aide de Kaius Niemi, un des directeurs du journal Helsingin Sanomat. Elle était la responsable de l’équipe d’enquêteurs internationaux chargée sur place du rapport sur les événements qui s’étaient déroulés dans le village de Racak, au Kosovo, où 45 cadavres avaient été découverts en 1999. La sinistre trouvaille avait été immédiatement transformée par les médias occidentaux en un massacre de civils albanais attribué aux Serbes, suscitant l’indignation mondiale, et servant de prétexte justificatif du bombardement de la Yougoslavie. Dans son livre, Helena Ranta fait des révélations spectaculaires sur les pressions qu’elle a subies pour accréditer la fausse version de la culpabilité serbe, faisant ainsi voler en éclats un des plus grands mensonges de la guerre dans les Balkans.
Elle y raconte que William Walker, le chef américain de la mission de l’OSCE au Kosovo pendant l’hiver 1998-1999, a brisé son crayon en bois et lancé les morceaux à sa figure, furieux des conclusions de son rapport, qui n’avaient pas utilisé “un langage suffisamment convaincant” à propos des atrocités serbes. Elle y décrit les pressions de trois fonctionnaires du ministère finlandais des Affaires étrangères qui exigeaient d’elle “des conclusions plus approfondies”. “J’ai conservé leurs e-mails” a-t-elle dit à son éditeur à Helsinki.
Une déclaration imposée
En 1999, elle avait été obligée de déclarer à la presse “oui, il s’agit d’un crime cotre l’humanité”. Mais le journaliste finlandais Ari Rusila, expert pour les Balkans, écrit dans un article sur le livre d’Helena Ranta que, pendant son enquête, elle avait voulu que ses résultats ne soient en faveur ni des uns ni des autres et avait essayé de se soustraire aux infleunces politiques, mais que, dès le début, elle travaillait sous une intense pression de sa hiérarchie et des médias. Les autorités voulaient qu’elle prouve que les coups de feu ayant tué les victimes étaient les coups de grâce d’une exécution. L’objectif de Walker était d’aider l’UCK et de mettre en scène un massacre attribué aux Serbes permettant l’intervention militaire des Occiden-taux, qui s’est produite au printemps 1999.
Ranta précise que le chef à l’époque de la section politique du ministère, Pertti Torstila, aujourd’hui secrétaire d’Etat, lui a demandé de retirer de son rapport un commentaire “modérément critique” de la politique du gouvernement. Torstila a démenti cette affirmation en se prétendant “stupéfait”.
L’intérêt de ces révélations est qu’elles confirment de façon définitive des doutes qui se manifestaient déjà à l’époque. Un article du 1er février 2001 de FAIR (Fairness & Accuracy in Reporting – Equité et exactitude dans le reportage) fait état du black-out des médias à leur propos. Il revient sur le déroulement des faits.
Un “horrible massacre”
En janvier 1999, William Walker annonce que les soldats serbes ont massacré 45 Albanais du village de Racak. Il qualifie la tuerie d’“horrible massacre”, précisant que les victimes étaient toutes des civils, brutalement exécutés, certains d’entre eux même mutilés après leur mort.
Une fois l’histoire du massacre évoquée dans ses plus bouleversants détails par les grands médias du monde entier, la poussée vers la guerre s’est intensifiée et les alliés européens hésitants ont fait un pas décisif en ce qui concernait l’autorisation de frappes aériennes. Selon un article du Washington Post du 18 avril 1999, “Racak a transformé la politique balkanique de l’Occident comme peu d’événements isolés ont pu le faire.”
Des doutes font surface
Des questions troublantes ont pourtant vite vu le jour, mettant le massacre en doute et évoquant la possibilité que l’incident ait été manipulé pour pousser l’OTAN à la guerre, mais elles ont été complètement ignorées par les médias américains de l’époque.
Des articles importants de correspondants chevronnés en Yougoslavie s’interrogeant sur la version de William Walker ont pourtant été publiés par des journaux français comme Le Figaro (“Nuages noirs sur un massacre”, 20/1/99), et Le Monde (“Les morts de Racak ont-ils réellement été massacrés de sang-froid ?”, 21/1/99). Le quotidien allemand Berliner Zeitung a rapporté, le 13/3/99, que plusieurs gouvernements, dont l’Allemagne et l’Italie, demandaient à l’OSCE de renvoyer William Walker, à la lumière d’informations reçues de contrôleurs de l’OSCE au Kosovo selon lesquelles les corps de Racak “n’étaient pas – comme le prétend Walker – des victimes d’un massacre serbe de civils” mais ceux de combattants de l’UCK tués au combat.
Un rapport occulté pendant deux ans
Le Sunday Times de Londres (12/3/99) a écrit que l’équipe d’observateurs américains de Walker travaillait secrètement avec la CIA pour pousser l’OTAN à la guerre. Selon le journal, “Les diplomates européens collaborant à l’époque avec l’OSCE affirment avoir été trahis par une politique américaine rendant les frappes aériennes inévitables.”
Après le massacre, l’Union européenne a embauché l’équipe de scientifiques finlandais dirigée par Ranta pour enquêter sur les morts. Son rapport a été gardé secret pendant deux ans. Les médias US l’ont ignoré, malgré le fait que le rapport ait conclu qu’il y avait eu en effet des morts à Racak, mais qu’il n’y avait aucune preuve de massacre.
Selon le Berliner Zeitung du 16/1/01, les enquêteurs finlandais n’ont pas pu établir que les victimes étaient des civils, s’ils étaient de Racak, ni où ils avaient été tués. De plus, ils n’ont trouvé qu’un seul cadavre montrant des traces d’exécution, et aucune preuve que des corps aient été mutilés. Le journal précise que ces conclusions avaient été finalisées en juin 2000, mais qu’elles ont été occultées par l’ONU et l’UE. Aucun journal américain n’en a parlé.
Un second article de FAIR, daté du 18 juillet 2001, soulève à nouveau des questions.
De nouvelles informations sur l’incident de Racak ont vu le jour.
Des douilles introuvables
Selon le documentaire de la Canadian Broadcasting Company, “La route de Racak” (The World at Six, 29/5/2000), quand l’envoyé spécial du Figaro Renaud Girard est arrivé au village, il a été surpris de voir que William Walker n’avait pas isolé la scène du crime pour permettre l’enquête. Il s’est également étonné de ne trouver pratiquement aucune douille sur le sol. “C’était étrange, a-t-il dit à la CBC. Peut-être quelqu’un les avait ramassées.” De retour à Pristina le même jour, il a parlé à son confrère Christophe Chatelot du Monde de l’apparente absence de douilles. Chatelot a demandé à l’un des observateurs de Walker, un capitaine de l’armée américaine, pourquoi on n’en avait pas trouvées. “C’est parce que je les ai prises, a répondu le capitaine, j’en fais collection.” Le capitaine “a déclaré à Chatelot qu’il avait ramassé toutes les douilles en arrivant sur la scène.”
Intrigué, Chatelot est retourné à Racak le lendemain. Quand il a essayé de trouver le capitaine américain, celui-ci était “tout à coup introuvable”. Chatelot affirme que la mission de l’OSCE lui a dit : “Nous ne le connaissons pas. Il n’a jamais été ici.” Quand il a demandé à parler aux quatre contrôleurs qui étaient présents à Racak et dans ses environs le jour de la tuerie, on lui a dit que leurs noms étaient subitement devenus un secret “classé confidentiel”. “C’est très curieux”, a-t-il dit à la CBC.
Des agents de la CIA
Plus tard, il est apparu que l’équipe d’observateurs américains de Walker était en grande partie composée d’agents secrets appartenant à la CIA.
Dans son discours à la nation du 19 mars 1999, annonçant la décision de l’OTAN de lancer les frappes aériennes sur la Yougoslavie, le président Bill Clinton a dit : “Au moment où nous nous préparons à agir, nous devons nous rappeler des leçons apprises dans les Balkans. Nous devons nous souvenir de ce qui est arrivé dans le village de Racak en janvier – des hommes innocents, des femmes et des enfants ont été arrachés à leurs foyers, amenés dans un ravin, forcés à s’agenouiller dans la boue et mitraillés – pas pour quelque chose qu’ils auraient fait, mais simplement pour ce qu’ils étaient.”
 Tout récemment, le Byzantine Blog a marqué le neuvième anniversaire de l’affaire de Racak en rappelant que le jour de Noël 1993, 49 civils serbes avaient été massacrés dans le village bosniaque de Kravice par des troupes musulmanes basées à Srebrenica, un épisode qui n’a entraîné qu’une prudente condamnation des responsables internationaux, bien loin de l’impitoyable bombardement de 78 jours qui a suivi la mort à Racak de 45 Albanais armés.
Le site en profite pour rappeler quelques détails supplémentaires que nos grands médias ont passé sous silence.
Une brigade sur place de l’UCK
Dès son arrivée sur place, Walker a accusé la police serbe du massacre, alors que c’était une police yougoslave multiethnique qui menait les actions antiterroristes au Kosovo. Ses opérations ont été suivies par les contrôleurs de l’OSCE, deux équipes de télévision étrangères et un grand nombre d’envoyés spéciaux de différents pays : aucun d’entre n’a assisté à un massacre avant que Walker n’en ait vu un. Au début de janvier 1999, le poste de commandement d’une brigade de l’UCK de 126 hommes avait été installé à Racak. Parmi eux se trouvait la famille Mujota, connue pour avoir assassiné six policiers serbes. Les villages environnants de Petrovo, Luzak et Rance étaient sous le contrôle de l’UCK.
Une opération contrôlée par l’OSCE
La police yougoslave a informé la mission de l’OSCE de son intention de lancer un raid anti-terroriste sur le village de Racak. L’action a débuté à 8 heures. Selon Renaud Girard, la police n’avait rien à cacher, puisqu’à 8 h 30 elle a invité une équipe de TV (deux reporters d’Associated Press) à filmer l’opération. Des membres de l’OSCE étaient présents et des contrôleurs ont observé le village pendant toute la journée à partir d’une vallée voisine.
À 15 h, un rapport de la police a été rendu public par le International Press Center de Pristina, qui précisait qu’au cours des combats à Racak, 15 terroristes de l’UCK avaient été tués, et qu’une quantité significative d’armes avait été confisquée. A 15 h 30, les forces de police, accompagnée par l’équipe de TV d’Associated Press, ont quitté le village, emportant une pièce lourde d’artillerie de calibre 12,7 mm, deux engins d’artillerie portables, deux fusils de snipers et 30 kalashnikovs fabriqués en Chine. A 16 h 30, un reporter français a traversé le village en voiture, et y a vu trois véhicules oranges de l’OSCE. Les contrôleurs internationaux parlaient tranquillement avec trois adultes albanais en civil. Ils cherchaient des civils éventuellement blessés. En retournant au village à 18 h, le reporter les a vus emmener deux femmes et deux vieillards légèrement atteints.
126 terroristes et 4 instructeurs
Au centre du village, dans une maison où avait été installée la base de l’UCK, la police a trouvé un ordinateur contenant des informations sur la brigade de l’UCK et la liste de ses 126 membres, dont faisaient partie quatre personnes avec des noms anglo-saxons, qui ont été considérées comme des instructeurs étrangers.
Quand les policiers yougoslaves ont investi le village, et commencé à sécuriser les routes et les tranchées, ils ont été attaqués par les Albanais à partir du Lake Mountain (Jezerska planina) et des villages avoisinants. Pris sous le feu d’une forte offensive et placés en contre-bas, ils ont du se replier. C’est alors qu’a eu lieu la grande mise en scène destinée à impressionner le monde entier.
Des cadavres déplacés et rhabillés
Les membres de l’UCK revenus dans Racak ont récupéré dans les ravins et vallons les corps des Albanais tués pendant le combat et les ont rassemblés dans un champ où auparavant il n’y en avait aucun. L’équipe de TV d’AP qui était entrée plus tôt dans le village avec la police a certifié que le champ où on avait empilé les cadavres des victimes soi-disant exécutées était à ce moment vide. Les Albanais ont rhabillé en civils une quarantaine de morts, et ont emmené les autres cadavres en uniforme à Budakovo, où ils les ont probablement enterrés.
 Le lendemain matin tôt, Walker est arrivé au champ pour indiquer comment les corps devaient être disposés pour faire croire à un massacre. La mise en place achevée, il a fait venir les équipes de TV et les journalistes. La description détaillée de l’épisode figure dans le livre du reporter Milorad Drecun intitulé “La seconde bataille du Kosovo”, au chapitre “Le mensonge de Racak”.
Les frappes “humanitaires”
L’agence Tanjug rappelle, à l’occasion de cet anniversaire, que la secrétaire d’Etat US de l’époque, Madeleine Albright, avait dit à CBS que “des dizaines de personnes avaient été égorgées à Racak” et que la seule solution était “des frappes aériennes humanitaires sur la Yougoslavie”.
Dossier préparé par Louis MAGNIN. B. I. n° 138, décembre 2008.
Articles de Louis Magnin publiés par Mondialisation.ca
© Droits d'auteurs Louis Magnin, B. I. n° 138/Michel Collon info,, 2009
L'adresse url de cet article est: www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=12232 

lundi 7 février 2011

L’Occident contre l’Europe

La question de l’ex-Yougoslavie a provoqué une véritable cassure au sein de notre famille de pensée. Les positions sont même incompatibles et prétendre le nier serait bien artificiel. Longtemps, le débat fut impossible. Aujourd’hui, il s’engage, signe évident d’une volonté de continuer à mener ensemble le combat commun pour lequel nous sommes tous réunis autour de la « Maison France ».
Toute autre attitude serait d’ailleurs suicidaire. Ma position qui est claire et qui a été maintes fois exposée dans les colonnes du Libre Journal tient en trois points principaux :
1. Face à une guerre entre deux nationalismes tous deux historiquement fondés, le Serbe et le Croate, où étaient nos intérêts ?
Du côté de la Croate catholique historiquement vecteur du germanisme dans les Balkans et dont les centres d’intérêt ne sont aujourd’hui pas dirigés vers la France ? Ou bien vers la Serbie, notre amie et alliée hier, lorsqu’il s’agissait de combattre les Empires centraux et demain quand nous devrons nous appuyer sur les mondes slaves pour contenir la poussée islamique qui bat déjà tout notre flanc sud ?
Le « politique d’abord » appris de Maurras nous poussait à prendre parti pour la Serbie. Et pourtant nous sommes demeurés neutres durant la première partie de la guerre, quand Serbes et Croates s’affrontaient.
2. Le contexte changea totalement quand la guerre serbo-croate s’interrompit devant le conflit qui venait d’éclater en Bosnie et qui opposait Serbes orthodoxes et musulmans, les premiers refusant de devoir vivre sous le joug d’un "Etat" musulman qui n’avait aucune légitimité historique. J’ai très longuement développé ce point ici même et il n’est pas donc nécessaire d’y revenir.
Contre l’islam, il paraissait naturel de soutenir les chrétiens, or, certains de ceux qui, par fraternité catholique soutenaient la cause croate embrassèrent le combat des musulmans de Bosnie. Epouser ce combat revenait à militer pour la création du premier Etat musulman sur le sol européen avec toutes les conséquences qui en découleront.
3. La troisième rupture est peut-être encore plus fondamentale ; le monde a en effet changé depuis la guerre froide mais certains ne veulent pas croire à la mort du communisme, confondant le marxisme qui pollue encore nos sociétés, et qui, lui, est hélas bien vivant, avec le défunt bloc soviétique.
Désormais, notre principal ennemi idéologique n’est plus à l’Est, mais à l’Ouest où la notion d’Occident, vidée de son sens doit désormais être comprise comme l’américanisation de l’Europe.
Or, dans les Balkans, les USA ont des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Pour eux, la puissance turque doit être renforcée afin de faire de ce pays le relais agissant de leur influence. D’une certaine manière, ils "sous-traiteraient" volontiers le maintien de l’ordre régional à Ankara en qui ils voient une puissance émergente en plus d’être un allié docile et empressé.
C’est dans ce sens que le soutien actif des USA aux musulmans de Bosnie, d’Albanie et du Kossovo doit être compris et dénoncé.
La Croatie a joué un bien mauvais tour à l’Europe en ouvrant les Balkans à son protecteur américain. Elle en a été remerciée par un soutien militaire exceptionnellement important. L’armée US allant jusqu’à assurer la logistique, les communications, les observations aérienne et radar de l’armée de Zagreb et par un appui diplomatique sans faille. L’ensemble a permis, (paradoxe de l’histoire) de reconstituer quasiment la "Grande Croatie" des années 1941-1942. Celle qui avait été édifiée sous protection allemande. Déjà.
Les bénéficiaires de celle guerre sont d’une part les USA qui viennent de placer la Croatie, l’Albanie, la Macédoine et le Kossovo sous leur quasi protectorat et d’autre part la Turquie qui va faire son retour dans les Balkans en s’appuyant sur les trois bastions islamiques régionaux.
Voilà pourquoi je persiste à penser qu’il fallait laisser se constituer une Serbie puissante, adversaire de l’islam et imperméable à l’américanisation des Balkans.
par Bernard Lugan Le Libre Journal de la France Courtoise - n° 77 du 26 septembre 1995

dimanche 31 octobre 2010

 Les sales dossiers de l’UCK.

L’ex- Armée de libération est rattrapée par ses crimes de guerre.
Révélations sur les “héros” kosovars.

Ils s’appellent Ramush Haradinaj, Fatmir Limaj, Fahredin Gashi ou Azem Syla. Ces anciens responsables de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) ont occupé ou occupent encore d’importantes fonctions politiques, héritées après la dissolution de la guérilla. Héros nationaux pour les Kosovars, criminels de guerre pour les Serbes, ils jouissaient jusqu’à présent d’une totale impunité.
Selon le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), le conflit de 1998-1999 entre la Serbie et sa province du Kosovo, devenue un État indépendant en 2008, a fait autour de 10 000 morts chez les Kosovars, quelque 3 000 chez les civils et militaires serbes. D’après la Croix-Rouge, environ 1 800 personnes sont toujours portées disparues, dont un millier d’Albanais du Kosovo. Sur les neufs Serbes jugés par le TPIY pour leur rôle au Kosovo, un seul a été acquitté (l’ancien président Milan Milutinovic), alors que sur les six Kosovars accusés par le TPIY, pas moins de quatre ont été libérés, malgré les lourdes charges pesant sur eux.

« Des détachements de l’UCK lynchaient, enlevaient et massacraient aveuglément des Serbes et des gens d’autres origines, surtout des Roms, pour leur simple appartenance ethnique », rappelle Carla Del Ponte, ex-procureur général du TPIY. Elle évoque ses difficultés à prouver les crimes commis par les anciens guérilleros : « Les Albanais redoutaient tant l’UCK qu’ils refusaient de parler des atrocités qu’elle avait commises et même de prêter leur concours au Tribunal, de peur des représailles… Je pense que certains juges du Tribunal redoutaient d’être la cible des Albanais.»
La peur est peut-être en train de changer de camp. À la fin de juillet, le TPIY a surpris en ordonnant, pour la première fois, de rejuger l’ancien premier ministre kosovar Ramush Haradinaj et ses deux coaccusés, Idriz Balaj et son oncle Lahi Brahimaj, trois anciens combattants de l’UCK soupçonnés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Une peine de vingt-cinq ans de prison avait déjà été requise contre eux : les deux premiers furent acquittés en première instance le 3 avril 2008, et seul Lahi Brahimaj fut condamné à six ans de prison. « La chambre de première instance n’a pas pris les mesures suffisantes pour empêcher l’intimidation des témoins, qui a pu imprégner le procès, a expliqué le juge Patrick Robinson. Cette erreur a mis à mal l’équité du procès et a entraîné une erreur judiciaire.»

Âgé de 42 ans, leader du parti de l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK), Haradinaj a été premier ministre du Kosovo de décembre 2004 à mars 2005, date de son inculpation. Il était commandant de l’UCK dans la région ouest. Sous ses ordres, Balaj et Brahimaj dirigeaient les “Aigles noirs”, une unité spéciale chargée des sales besognes. Les trois hommes sont suspectés d’avoir enlevé, torturé et exécuté plus de 60 civils serbes et albanais entre mars et septembre 1998. Par Michel Arnaud
Lire la suite sur Valeurs actuelles. via http://fr.novopress.info

mercredi 6 octobre 2010

12 septembre 1683 : Victoire sur les Turcs

Vienne fut par deux fois un bastion décisif de la résistance aux invasions turques. D'abord en 1529, quand le sultan Soliman 1er, après avoir pris Belgrade (1521), Rhodes (1522), Buda (1526), la Bosnie, la Croatie, la Slavonie et la Dalmatie (1527), crut le moment venu de frapper au cœur l'Autriche en s'emparant de Vienne. Il misait sur la terreur provoquée par les atrocités commises par ses troupes pour éroder l'esprit de résistance des Viennois. Face aux 100 000 hommes et aux 500 pièces d'artillerie alignés par les Turcs, les quelques milliers d'hommes (dont des piquiers et des mousquetaires espagnols) commandés par le comte allemand Nicolas von Salm repoussèrent farouchement les assauts turcs, qui étaient appuyés par une intense canonnade et le creusement de mines destinées à faire écrouler les murailles. Les Turcs finirent par renoncer.
Mais ils revinrent sous les murs de Vienne en 1683. Cette fois-ci leur dispositif était encore plus impressionnant : 250 000 hommes, commandés par le Grand Vizir Kara Mustafa, au nom du sultan Mehmet IV. Comme souvent, les Turcs essayent de profiter des dissensions entre Européens et Kara Mustapha fait alliance avec le roi de Hongrie Etienne Tokoly contre l'Autriche. Face à la menace, Autrichiens et Polonais concluent un pacte d'assistance mutuelle, qui doit faire effet à la première attaque turque.
Les Turcs mettent le siège devant Vienne le 14 juillet 1683, alors que la défense de la capitale des Habsbourg est organisée par le comte Rüdiger Starhemberg et le bourgmestre Andreas Liebenberg. Les combats sont aussi acharnés que lors du siège de 1529 et les Turcs réussissent à provoquer l'écroulement d'une partie des murailles de Vienne. Mais une armée de 70 000 soldats allemands, autrichiens et polonais, commandée par Charles V de Lorraine, arrive à la rescousse, tandis qu'un renfort de 30 000 hommes est acheminé par le roi de Pologne Jean Sobieski. Celui-ci a choisi de dégarnir la défense de ses frontières pour réunir le maximum de forces... tout en avertissant les Hongrois qu'ils risquaient de sanglantes représailles s'ils essayaient de profiter de la situation.
À 4h du matin, le 12 septembre, les Européens lancent l'assaut contre les Turcs pour dégager Vienne. Les Allemands sont au centre du dispositif, les Autrichiens à l'aile gauche, les Polonais à l'aile droite. L'affrontement a lieu sur la colline du Kahlenberg. Après douze heures de combats d'infanterie, quatre corps de cavalerie lourde (dont les hussards) chargent vers le bas de la colline, le roi de Pologne à leur tête. Ils parviennent jusqu'au camp ottoman, tandis que la garnison de Vienne sort de la ville pour se joindre aux combats. Les Turcs sont enfoncés. Si les janissaires se battent jusqu'au dernier, le reste de l'armée ottomane se débande, abandonnant canons et provisions (parmi lesquelles les Viennois trouvent 500 sacs de café, dont ils vont découvrir ainsi le goût nouveau, tandis que les boulangers de la ville, fiers d'avoir donné l'alerte lors d'une attaque nocturne des Turcs, confectionnent une pâtisserie qui va s'appeler le croissant, en souvenir de l'emblème des Turcs... (qu'on a plaisir à croquer à belles dents !).
De retour à Stamboul, le grand vizir Kara Mustafa est décapité par le sultan. Cependant que les Autrichiens entamaient une guerre de libération qui devait permettre de récupérer de nombreux territoires tombés aux mains des Turcs. Une bonne partie des terres ainsi reconquises furent confiées à 60 000 Serbes, en récompense des services rendus contre les Ottomans.
Les historiens Ernst Werner et Walter Markov ont tiré la conclusion de la victoire de 1683 : « La peur des Turcs, qui après la catastrophe de Nicopolis qui, en 1396, avait envoûté l'Europe comme un traumatisme (...) était enfin effacée, le retrait ottoman de l'Europe venait de commencer. »
Les Turcs se souviennent des deux sièges de Vienne. Les Européens sauront-ils avoir autant de mémoire ?
Pierre VIAL. Rivarol du 24 septembre 2010

lundi 27 septembre 2010

Le “massacre” serbe de Racak n’a jamais eu lieu

Le prétexte qui a justifié le bombardement de la Yougoslavie était un énorme mensonge
La Dr Helena Ranta, responsable de l'équipe d'enquêteurs sur le terrain, révèle comment elle a été obligée de confirmer la version officielle d'une sinistre mise en scène.
Helena Ranta, une spécialiste finlandaise de médecine légale de renommée mondiale, âgée de 62 ans, vient de publier sa biographie à Helsinki, écrite avec l’aide de Kaius Niemi, un des directeurs du journal Helsingin Sanomat. Elle était la responsable de l’équipe d’enquêteurs internationaux chargée sur place du rapport sur les événements qui s’étaient déroulés dans le village de Racak, au Kosovo, où 45 cadavres avaient été découverts en 1999. La sinistre trouvaille avait été immédiatement transformée par les médias occidentaux en un massacre de civils albanais attribué aux Serbes, suscitant l’indignation mondiale, et servant de prétexte justificatif du bombardement de la Yougoslavie. Dans son livre, Helena Ranta fait des révélations spectaculaires sur les pressions qu’elle a subies pour accréditer la fausse version de la culpabilité serbe, faisant ainsi voler en éclats un des plus grands mensonges de la guerre dans les Balkans.
Elle y raconte que William Walker, le chef américain de la mission de l’OSCE au Kosovo pendant l’hiver 1998-1999, a brisé son crayon en bois et lancé les morceaux à sa figure, furieux des conclusions de son rapport, qui n’avaient pas utilisé “un langage suffisamment convaincant” à propos des atrocités serbes. Elle y décrit les pressions de trois fonctionnaires du ministère finlandais des Affaires étrangères qui exigeaient d’elle “des conclusions plus approfondies”. “J’ai conservé leurs e-mails” a-t-elle dit à son éditeur à Helsinki.
Une déclaration imposée
En 1999, elle avait été obligée de déclarer à la presse “oui, il s’agit d’un crime cotre l’humanité”. Mais le journaliste finlandais Ari Rusila, expert pour les Balkans, écrit dans un article sur le livre d’Helena Ranta que, pendant son enquête, elle avait voulu que ses résultats ne soient en faveur ni des uns ni des autres et avait essayé de se soustraire aux influences politiques, mais que, dès le début, elle travaillait sous une intense pression de sa hiérarchie et des médias. Les autorités voulaient qu’elle prouve que les coups de feu ayant tué les victimes étaient les coups de grâce d’une exécution. L’objectif de Walker était d’aider l’UCK et de mettre en scène un massacre attribué aux Serbes permettant l’intervention militaire des Occidentaux, qui s’est produite au printemps 1999.
Ranta précise que le chef à l’époque de la section politique du ministère, Pertti Torstila, aujourd’hui secrétaire d’Etat, lui a demandé de retirer de son rapport un commentaire “modérément critique” de la politique du gouvernement. Torstila a démenti cette affirmation en se prétendant “stupéfait”.
L’intérêt de ces révélations est qu’elles confirment de façon définitive des doutes qui se manifestaient déjà à l’époque. Un article du 1er février 2001 de FAIR (Fairness & Accuracy in Reporting – Equité et exactitude dans le reportage) fait état du black-out des médias à leur propos. Il revient sur le déroulement des faits.
Un “horrible massacre”
En janvier 1999, William Walker annonce que les soldats serbes ont massacré 45 Albanais du village de Racak. Il qualifie la tuerie d’“horrible massacre”, précisant que les victimes étaient toutes des civils, brutalement exécutés, certains d’entre eux même mutilés après leur mort.
Une fois l’histoire du massacre évoquée dans ses plus bouleversants détails par les grands médias du monde entier, la poussée vers la guerre s’est intensifiée et les alliés européens hésitants ont fait un pas décisif en ce qui concernait l’autorisation de frappes aériennes. Selon un article du Washington Post du 18 avril 1999, “Racak a transformé la politique balkanique de l’Occident comme peu d’événements isolés ont pu le faire.”
Des doutes font surface
Des questions troublantes ont pourtant vite vu le jour, mettant le massacre en doute et évoquant la possibilité que l’incident ait été manipulé pour pousser l’OTAN à la guerre, mais elles ont été complètement ignorées par les médias américains de l’époque.
Des articles importants de correspondants chevronnés en Yougoslavie s’interrogeant sur la version de William Walker ont pourtant été publiés par des journaux français comme Le Figaro (“Nuages noirs sur un massacre”, 20/1/99), et Le Monde (“Les morts de Racak ont-ils réellement été massacrés de sang-froid ?”, 21/1/99). Le quotidien allemand Berliner Zeitung a rapporté, le 13/3/99, que plusieurs gouvernements, dont l’Allemagne et l’Italie, demandaient à l’OSCE de renvoyer William Walker, à la lumière d’informations reçues de contrôleurs de l’OSCE au Kosovo selon lesquelles les corps de Racak “n’étaient pas – comme le prétend Walker – des victimes d’un massacre serbe de civils” mais ceux de combattants de l’UCK tués au combat.
Un rapport occulté pendant deux ans
Le Sunday Times de Londres (12/3/99) a écrit que l’équipe d’observateurs américains de Walker travaillait secrètement avec la CIA pour pousser l’OTAN à la guerre. Selon le journal, “Les diplomates européens collaborant à l’époque avec l’OSCE affirment avoir été trahis par une politique américaine rendant les frappes aériennes inévitables.”
Après le massacre, l’Union européenne a embauché l’équipe de scientifiques finlandais dirigée par Ranta pour enquêter sur les morts. Son rapport a été gardé secret pendant deux ans. Les médias US l’ont ignoré, malgré le fait que le rapport ait conclu qu’il y avait eu en effet des morts à Racak, mais qu’il n’y avait aucune preuve de massacre.
Selon le Berliner Zeitung du 16/1/01, les enquêteurs finlandais n’ont pas pu établir que les victimes étaient des civils, s’ils étaient de Racak, ni où ils avaient été tués. De plus, ils n’ont trouvé qu’un seul cadavre montrant des traces d’exécution, et aucune preuve que des corps aient été mutilés. Le journal précise que ces conclusions avaient été finalisées en juin 2000, mais qu’elles ont été occultées par l’ONU et l’UE. Aucun journal américain n’en a parlé.
Un second article de FAIR, daté du 18 juillet 2001, soulève à nouveau des questions.
De nouvelles informations sur l’incident de Racak ont vu le jour.
Des douilles introuvables
Selon le documentaire de la Canadian Broadcasting Company, “La route de Racak” (The World at Six, 29/5/2000), quand l’envoyé spécial du Figaro Renaud Girard est arrivé au village, il a été surpris de voir que William Walker n’avait pas isolé la scène du crime pour permettre l’enquête. Il s’est également étonné de ne trouver pratiquement aucune douille sur le sol. “C’était étrange, a-t-il dit à la CBC. Peut-être quelqu’un les avait ramassées.” De retour à Pristina le même jour, il a parlé à son confrère Christophe Chatelot du Monde de l’apparente absence de douilles. Chatelot a demandé à l’un des observateurs de Walker, un capitaine de l’armée américaine, pourquoi on n’en avait pas trouvées. “C’est parce que je les ai prises, a répondu le capitaine, j’en fais collection.” Le capitaine “a déclaré à Chatelot qu’il avait ramassé toutes les douilles en arrivant sur la scène.”
Intrigué, Chatelot est retourné à Racak le lendemain. Quand il a essayé de trouver le capitaine américain, celui-ci était “tout à coup introuvable”. Chatelot affirme que la mission de l’OSCE lui a dit : “Nous ne le connaissons pas. Il n’a jamais été ici.” Quand il a demandé à parler aux quatre contrôleurs qui étaient présents à Racak et dans ses environs le jour de la tuerie, on lui a dit que leurs noms étaient subitement devenus un secret “classé confidentiel”. “C’est très curieux”, a-t-il dit à la CBC.
Des agents de la CIA
Plus tard, il est apparu que l’équipe d’observateurs américains de Walker était en grande partie composée d’agents secrets appartenant à la CIA.
Dans son discours à la nation du 19 mars 1999, annonçant la décision de l’OTAN de lancer les frappes aériennes sur la Yougoslavie, le président Bill Clinton a dit : “Au moment où nous nous préparons à agir, nous devons nous rappeler des leçons apprises dans les Balkans. Nous devons nous souvenir de ce qui est arrivé dans le village de Racak en janvier – des hommes innocents, des femmes et des enfants ont été arrachés à leurs foyers, amenés dans un ravin, forcés à s’agenouiller dans la boue et mitraillés – pas pour quelque chose qu’ils auraient fait, mais simplement pour ce qu’ils étaient.”
Tout récemment, le Byzantine Blog a marqué le neuvième anniversaire de l’affaire de Racak en rappelant que le jour de Noël 1993, 49 civils serbes avaient été massacrés dans le village bosniaque de Kravice par des troupes musulmanes basées à Srebrenica, un épisode qui n’a entraîné qu’une prudente condamnation des responsables internationaux, bien loin de l’impitoyable bombardement de 78 jours qui a suivi la mort à Racak de 45 Albanais armés.
Le site en profite pour rappeler quelques détails supplémentaires que nos grands médias ont passé sous silence.
Une brigade sur place de l’UCK
Dès son arrivée sur place, Walker a accusé la police serbe du massacre, alors que c’était une police yougoslave multiethnique qui menait les actions antiterroristes au Kosovo. Ses opérations ont été suivies par les contrôleurs de l’OSCE, deux équipes de télévision étrangères et un grand nombre d’envoyés spéciaux de différents pays : aucun d’entre n’a assisté à un massacre avant que Walker n’en ait vu un. Au début de janvier 1999, le poste de commandement d’une brigade de l’UCK de 126 hommes avait été installé à Racak. Parmi eux se trouvait la famille Mujota, connue pour avoir assassiné six policiers serbes. Les villages environnants de Petrovo, Luzak et Rance étaient sous le contrôle de l’UCK.
Une opération contrôlée par l’OSCE
La police yougoslave a informé la mission de l’OSCE de son intention de lancer un raid anti-terroriste sur le village de Racak. L’action a débuté à 8 heures. Selon Renaud Girard, la police n’avait rien à cacher, puisqu’à 8 h 30 elle a invité une équipe de TV (deux reporters d’Associated Press) à filmer l’opération. Des membres de l’OSCE étaient présents et des contrôleurs ont observé le village pendant toute la journée à partir d’une vallée voisine.
A 15 h, un rapport de la police a été rendu public par le International Press Center de Pristina, qui précisait qu’au cours des combats à Racak, 15 terroristes de l’UCK avaient été tués, et qu’une quantité significative d’armes avait été confisquée. A 15 h 30, les forces de police, accompagnée par l’équipe de TV d’Associated Press, ont quitté le village, emportant une pièce lourde d’artillerie de calibre 12,7 mm, deux engins d’artillerie portables, deux fusils de snipers et 30 kalashnikovs fabriqués en Chine. A 16 h 30, un reporter français a traversé le village en voiture, et y a vu trois véhicules oranges de l’OSCE. Les contrôleurs internationaux parlaient tranquillement avec trois adultes albanais en civil. Ils cherchaient des civils éventuellement blessés. En retournant au village à 18 h, le reporter les a vus emmener deux femmes et deux vieillards légèrement atteints.
126 terroristes et 4 instructeurs
Au centre du village, dans une maison où avait été installée la base de l’UCK, la police a trouvé un ordinateur contenant des informations sur la brigade de l’UCK et la liste de ses 126 membres, dont faisaient partie quatre personnes avec des noms anglo-saxons, qui ont été considérées comme des instructeurs étrangers.
Quand les policiers yougoslaves ont investi le village, et commencé à sécuriser les routes et les tranchées, ils ont été attaqués par les Albanais à partir du Lake Mountain (Jezerska planina) et des villages avoisinants. Pris sous le feu d’une forte offensive et placés en contre-bas, ils ont du se replier. C’est alors qu’a eu lieu la grande mise en scène destinée à impressionner le monde entier.
Des cadavres déplacés et rhabillés
Les membres de l’UCK revenus dans Racak ont récupéré dans les ravins et vallons les corps des Albanais tués pendant le combat et les ont rassemblés dans un champ où auparavant il n’y en avait aucun. L’équipe de TV d’AP qui était entrée plus tôt dans le village avec la police a certifié que le champ où on avait empilé les cadavres des victimes soi-disant exécutées était à ce moment vide. Les Albanais ont rhabillé en civils une quarantaine de morts, et ont emmené les autres cadavres en uniforme à Budakovo, où ils les ont probablement enterrés.
Le lendemain matin tôt, Walker est arrivé au champ pour indiquer comment les corps devaient être disposés pour faire croire à un massacre. La mise en place achevée, il a fait venir les équipes de TV et les journalistes. La description détaillée de l’épisode figure dans le livre du reporter Milorad Drecun intitulé “La seconde bataille du Kosovo”, au chapitre “Le mensonge de Racak”.
Les frappes “humanitaires”
L’agence Tanjug rappelle, à l’occasion de cet anniversaire, que la secrétaire d’Etat US de l’époque, Madeleine Albright, avait dit à CBS que “des dizaines de personnes avaient été égorgées à Racak” et que la seule solution était “des frappes aériennes humanitaires sur la Yougoslavie”.
Dossier préparé par Louis MAGNIN.
B. I. n° 138, décembre 2008.
Mondialisation.ca

jeudi 30 juillet 2009

LA BOSNIE N'EXISTE PAS

La guerre de Bosnie est la conséquence directe de l'absurde reconnaissance diplomatique de cette république fantôme. Aujourd'hui, les Occidentaux sont face à leurs responsabilités. Une fois de plus, ils vont prendre la plus mauvaise des décisions tant leur méconnaissance de l'histoire balkanique est flagrante.
Il importe donc de ne pas laisser obscurcir quelques grandes réalités historiques par la fumée humanitaire.

Historiquement, la Bosnie n'existe pas. Il s'agit d'une «commodité» administrative créée en 1878 par l'Autriche et qui fut ensuite conservée par le régime communiste yougoslave.
le soutien à la Bosnie revient en réalité à accepter la création d'une république islamique dans les Balkans. L'actuel président bosniaque, M. Alia Izetbegovic, s'est clairement prononcé pour un Etat fondamentaliste et ce dès 1970, date à laquelle il rédigea son ouvrage « Déclaration islamique », réédité en 1990, et dans lequel on peut lire : « Il ne peut y avoir ni paix ni coexistence entre la religion islamique et des institutions sociales et politiques non islamiques ( ... ). Le gouvernement islamique devra s'engager vers la prise du pouvoir dès qu'il sera ( ... ) assez fort non seulement pour renverser les actuels gouvernements non islamiques, mais aussi pour bâtir un nouvel ordre islamique. »
Deux nationalismes dominent l'ex-Yougoslavie : le serbe et le croate. Ils ont cherché leur point d'équilibre en s'affrontant durant la première guerre post-yougoslave. La Serbie en est sortie victorieuse, créant ainsi un nouveau rapport de force à son avantage.

Reconquête
La seconde guerre post-yougoslave, celle de Bosnie, ne pouvait qu'éclater à partir du moment où la communauté internationale reconnaissait la Bosnie. Il était évident que les 45 à 50 % de Serbes, mais aussi de Croates, qui vivaient dans la nouvelle république allaient refuser l'autorité islamique car, dans les Balkans, les mémoires sont intactes et la période turque toujours présente dans les esprits. La cohabitation ethnique qui était pourtant réelle dans le cadre du fédéralisme yougoslave fut vite oubliée dès que la Bosnie devint indépendante.
La «légèreté» ou la méconnaissance historique des chancelleries européennes a de quoi confondre.
Elles ont placé sur un plan d'égalité politique Croatie millénaire et l'artificielle Bosnie, qui fut la pointe avancée de l'Empire ottoman dans les Balkans. De 1389, date de la défaite de Kosovo, à 1830, la Serbie a subi la domination turque. La résistance chrétienne ne cessa à aucun moment dans cette Castille balkanique. Mais alors que dans les Espagnes la Reconquista fut achevée en 1492 avec la reprise de Grenade, dans les Balkans, elle fut «figée» par les puissances européennes après la guerre de 1912-1913 et c'est pourquoi des enclaves islamiques y subsistent.
Au XIXe siècle, avec le reflux turc, l'Autriche vit disparaître son ennemi séculaire. Face à sa volonté régionale de domination, seule se dressait la Serbie qui revendiquait la Bosnie-Herzégovine. Comme il n'était pas question de laisser la Serbie s'agrandir territorialement, Vienne annexa cette zone-tampon peuplée de Croates, de Serbes et de Slaves islamisés.

Cohérence historique
Les Serbes dénoncèrent cette occupation. En 1914, l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc héritier François-Ferdinand par un Serbe de Bosnie fut la conséquence de cette annexion. Le prince héritier représentait en effet un danger pour les nationalistes serbes en Bosnie, la fédération qu'il envisageait de constituer risquant d'entériner la séparation entre les Serbes de Serbie et ceux de Bosnie, interdisant toute possibilité ultérieure d'unification.
La Bosnie est à ce jour contrôlée à 60 % par les Serbes et à un peu plus de 20 % par les Croates. Un siècle après le départ des Turcs, sur le terrain, Serbes et Croates ont donc rétabli la «cohérence» historique régionale en se partageant la Bosnie. Partage qui était inéluctablement inscrit dans l'histoire.
Une chose est certaine désormais, les Serbes n'abandonneront pas les territoires qu'ils viennent de conquérir sur les musulmans. La seule question politique qui se pose est donc : que faire de ces derniers ?
L'alternative est donc tragiquement simple puisqu'il est exclu de déclencher une guerre afin de chasser les Serbes des zones qu'ils occupent. Soit ce qui subsiste de territoire musulman obtient un statut d'autonomie interne dans le cadre de la République serbe de Bosnie, mais, dans ce cas, la communauté internationale doit «revenir» sur la reconnaissance diplomatique de la Bosnie ; soit une «petite» république islamique est créée sous protection internationale, avec tous les dangers qui pourraient en résulter.
Bernard LUGAN minute LA FRANCE du 30/12/92 au 5/1/93