Ce soir, j'ai vu Les nuits de la pleine lune, reprenant, à l'occasion d'une intégrale à la Filmothèque, le cycle Rohmer interrompu il y a un an. Je compte bien le terminer cette fois. Après la (relative) déception du Rayon Vert hier, pour des raisons difficilement explicables, Les nuits m'est apparu comme l'un des plus beaux films qui soient. De son auteur, de son pays, de son époque. Pas le courage de me lancer dans une critique à cette heure-ci, mais envie de te faire partager cette scène de danse, une des plus belles jamais filmées, qui à n'en pas douter va te rendre fou. N'ait crainte, je ne suis pas cruel, je vais me débrouiller à te faire passer le film par ta tante.
Tu conviendras que la moue de Pascale Ogier à 1:36 est à pleurer. Et son petit pas de danse à la fin... Laurent T nous confiait (j'étais avec KB à la projection) que Rohmer n'avait jamais, de toute sa vie, participé à une fête de ce genre (l'imagine-t-on jeune, de toute façon ?), et qu'il avait donc fait entièrement confiance à son actrice pour l'organiser. En faisant quelques recherches sur elle, je suis tombé sur cette chanson que Renaud avait composé à sa mort. Y'en a qui doutent de rien. (demain matin, le pont du nord sera sur mon disque dur) (ça y est, le pont du nord est sur mon disque dur)
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A propos de disque dur, je laisse That's Life à disposition ici (mot de passe : andrews), pour ceux qui l'auraient raté au TNL.
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A propos de TNL, j'ai le choix entre le 7 et le 12 mai pour le prochain (pas le 21, à cause de Cannes). Le premier est un jeudi mais a le désavantage d'être une veille de pont, le second est un mardi : sondage, lequel préfères-tu ? Le film sera Super Nacho, ou Nacho Libre, de Jared Hess, en espérant pouvoir programmer Napoleon Dynamite pour cloturer la saison en juin. Tu as réussi à l'avoir au fait ?
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J'ai reçu ça, à propos de Tokyo Sonata : "maintenant, je reviens à l'instant de tokyo sonata, je suis encore sous le choc, c'est magnifique, le murnau du dernier des hommes rencontre in fine le rozier de maine-océan et, par la grâce de chemins de traverse croisés et décroisés dans une lie sans fond, on se rend compte que ce n'était pas umberto d qu'on voyait, mais miracle à milan du même de sica, qu'on s'était juste trompé de film en fait, et que capra pouvait encore exister à l'époque des subprimes, que james stewart aussi pouvait repartir à zéro, et qu'il est japonais, et qu'il est filmé par ozu, et que kyoshi peut enfin, plus d'une décennie après les finalement mauvais cure et kairos, se faire un prénom et égaler son illustre homonyme, tant il y a in fine quelque chose de barberousse. (non, là tu bluffes, je reconnais quand tu bluffes). Et cette chorégraphie des plans dans la première heure, et les respirations finales... Ca fait 2 fois qu'on utilise le Clair de lune de Debussy, et ca fait 2 fois que ca fait mouche (où ça déjà ?). Mon numéro deux derrière button, sans problème. " En complément du texte de JS, bien sûr.
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Et cadeau, rien que pour toi, preuve que j'ai gagné mon pari :
Regarde, au bout de 2'22", c'est ce qu'il m'est arrivé jeudi en sortant de chez ma merveilleuse nouvelle dentiste :
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La date du 1er rendez-vousdu ciné-club est fixé, le film aussi, reste le nom. Si tu as une dernière géniale de dernière minute, vas-y, c'est le moment, parce que pour l'instant on n'a rien de fou. Je te remercierai jamais assez. Et si, pour le flyer, une bonne âme maitrisant Photoshop pouvait se manifester, je lui en serais infiniment reconnaissant, à tel point qu'une invitation à vie au ciné-club lui serait offerte...
Regarde ce plan, très probablement le seul dans le film à être ainsi penché, regarde comment il renverse très subtilement la perspective en faveur de la fille, comme si, malgré sa petite taille, elle allait irrésistiblement fondre sur sa veule proie. Ben voilà, c'est ça Blake Edwards, j'ai pas l'impression qu'il faille en dire beaucoup plus.
Quand tu me disais qu'Apatow puisait beaucoup chez lui (il me reste toujours à voir 10 et That's life), tu avais bien entendu raison, je le saisis mieux désormais : ce fantasme d'amitié fusionnelle qui nous émeut tant à la fin de Superbad, Edwards l'avait déjà réalisé dans Switch (Dans la peau d'une blonde), où un brave type finit par engrosser son meilleur ami. Quelle plus belle scène que cette visite à l'hôpital ?
Je repense aussi à ce détail, bouleversant, lorsque ce type au physique plutôt ingrat, Jimmy Smits, le meilleur ami d'Ellen Barkin donc, demande à cette dernière si elle veut bien l'accompagner au Duke's ce soir-là. Et elle qui répond nonchalamment, tout en prenant son téléphone, que oui. Et lui, n'y croyant pas, qui lui demande de répéter, ébahi : "oui ?". "Oui". Et il sort du bureau, fou amoureux. De son meilleur pote.
Rien à voir mais je ne peux 'empêcher : Will Ferrell meets Keith Richard
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Jim Carrey remet un oscar à Blake Edwards : ici (impossible de coller la vidéo directement)
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J'aime bien ce tu écris ici (j'imagine que ça ne peut que te faire bondir) (non, pas toi, toi) Et aussi j'aime bien ce que lui écrit là, ce qu'ils écrivent tous les trois à vrai dire. Beaucoup.
(Et j'ai enfin trouvé de quel film venait votre image-titre, que je rêve de voir du coup) Le seul, ou presque, à reconnaître les qualités de Super Blonde.
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Au passage, le début de Blonde and Blonder est sompteux. C'est simple, c'est la suite de Switch. Un aérodrome, deux anges sont posées là, dans le cadre ; elles viennent nous rendre visite, comme dans un film de John B.Root ; elles se maquillent, arrachent leurs ailes inutiles, puis montent dans un avion, pas pour rentrer chez elles comme je le croyais au début (sinon pourquoi arracher leurs ailes), mais seulement par habitude, par plaisir de s'envoyer en l'air ; elles décollent, tentent de s'enfuir du cadre, mais échouent et se crashent, au beau milieu d'un golfe, sur un trou de golfe pour être exact.
Oui, c'est certain, ça ne peut être qu'un clin d'oeil à Switch,
(premier plan de Switch)
une élégante façon de nous signifier que le personnage d'Ellen Barkin a finalement choisi d'assumer sa féminité et qu'elle est prête à retourner sur terre, dans la peau de Pamela Anderson. Le reste n'est pas à la hauteur de ce préambule, mais qu'importe ?
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Blonde Ambition, ça se laisse regarder, essentiellement pour les acteurs (c'est souvent le cas) : Jessica Simpson et Luke Wilson. Ca va sortir en France apparemment Pledge This ne vaut que pour ses 10 premières et 10 dernières minutes, festival de parishiltoneries, démontrant une fois de plus l'insubmersibilité de l'héritière, son immarcescible classe féline - celui qui parviendra à l'humilier n'est pas né. Et My Super Ex-Girlfriend, désolé, mais rien que pour Anna Faris et Luke Wilson, moi j'achète (Uma Thurman en revanche, la pauvre... il lui faudra encore 1 ou 2 Kill Bill pour rattraper le coup).
Et je saurai d'ici la fin de la semaine notre ciné-club est viable (rapport aux copies disponibles).
J'avais prévu de dire que Linux c'est génial, tout ça, mais en fait je reste sur Windows pour l'instant, par paresse. Et parce que je l'ai réparé : c'était simplement le firewall qui faisait tout planter. Je l'ai simplement et purement effacé. Et pas remplacé. Ca ne sert à rien, dans le fond, je crois.
Mais Linux reste chic. Peu de choses sont plus grisantes dans la vie, sais-tu, que de manœuvrer un nouveau système d'exploitation. Cette question réglée,
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J'ai reçu ça au courrier ce matin, avec le journal et une carte postale de you know who. Je te le recopie ici : "Tu me l'as dit 100 fois, mais tu sais bien que je suis long à la détente. Breakfast at Tiffany's est bien l'un des plus grands films jamais fait. Comment avais-je pu passer à côté à l'époque ? Sans doute était-ce une conséquence indirecte de mon intérêt d'alors pour Lars Von Trier et Werner Herzog... J'en profite pour faire un aparté sur ce dernier dont j'ai vu ou revu quelques films il y a peu. Là aussi, tu avais raison : voici un des pires cinéastes que la nation allemande ait enfanté - on peut d'ailleurs se poser la question de quels grands cinéastes elle a enfanté et gardé (c'est là toute la question), à part peut-être Fassbinder (mais je ne connais pas encore assez bien pour statuer). Le pire de tous ses films, chacun plus ridicule et moche que l'autre, est sans conteste Nosferatu : je ris encore des gros plans expressionistes sur Adjani - j'aimerais vraiment voir ce que Truffaut a réussi à en faire du coup, ça m'intrigue. Aguirre n'est pas très loin derrière. Cette fameuse éthique du tournage d'Herzog, la vérité à tout prix, la reconstitution documentaire fictionnalisée, tout ça, je peux éventuellement comprendre qu'on ait eu envie de le faire à un moment de l'histoire du cinéma, mais il aurait du comprendre après Aguirre que c'était vain. C'est comme Yes : je veux bien que ça existe, mais heureusement après eux il y a eu les Sex Pistols (note bien que je les déteste aussi, ça n'est pas la question) .En fin de compte, ta réflexion sur la similitude entre Herzog et John Stagliano, le gonzo, montrer sa bite à la caméra en permanence, tout ça est assez juste, sauf que Stagliano ne donne pas l'impression d'être puceau (symboliquement j'entends, tu avais compris ?).
Bon, ne le répète pas, mais dès le générique d'Aguirre ("Popol Vuh, mon dieu, mon dieu," comme dirait you know who, en appuyant le début des syllabes), je n'ai pas résisté à faire marche avant, régulièrement. La souffrance n'a duré qu'une trentaine de minutes ainsi. Je passe sur les quelques mignardises sans intérêt (des docus divers sur des fous ou des mecs qui se dépassent les limites , yeah, un truc inregardable qui s'appelle Fata Morgana - des images de désert avec de la musique classique et une femme qui lit l'évangile ou whatever -, Fitzcarraldo, remake d'Aguirre un peu plus réussi, c'est à dire que je n'ai saisi la télécommande qu'après 20 bonnes minutes), pour passer à Kaspar Hauser... qui en fait n'a aucun intérêt non plus, contrairement à ce que tu disais. Un débile (un vrai, oui, parce que le cinéma c'est la vérité 24 fois, blabla) qui joue aux chevaux de bois pendant 10 minutes avant que ne se passe la première action, non, je ne peux pas voir ça,. Vraiment c'est au dessus de mes forces. Je verrai Grizzly Man pour te faire plaisir et parce que tu m'as dit qu'il était différent - je ne l'ai pas vu - mais tu comprendras que ça ne sera pas avec la meilleure volonté - alors nous le verrons ensemble, nous nous forcerons.
Bref, revenons à ce qui nous intéresse tous les deux. La première chose que j'ai eu envie de faire à la fin du film - vieux réflèxe - est d'aller changer mon top10 sur shompy. Mais le site est en maintenance, tant pis. J'ai bien sûr beaucoup pleuré. Je me souviens en particulier de deux moments, lorsqu'il lui donne le chèque de 50$ dont il est si fier, et, bien entendu, lorsqu'elle cherche le chat (celui qui ne pleure pas à cet instant précis mérite de subir le châtiment d'Orange Mécanique - les allumettes dans les yeux - avec toute la filmographie de Werner Herzog). Il lui donne ce chèque, comme un coup de glaive en plein coeur, s'en va, ellipse, le japonais dans sa baignoire (gag) et Holly qui rit dans l'escalier : n'est-elle pas sublime, cet absence totale d'épanchement ? On vient de pleurer, et Edwards enchaîne directement, sans même un fondu (à vérifier ça) sur un gag qui nous arrache malgré nous un sourire, tu sais comme lorsque, petit, on fait un caprice et qu'une personne bienveillante nous fait une blague, et qu'on se surprend à sourire alors même qu'on a la bave qui coule du nez. Je repense bien sûr à ces deux secondes qu'il lui faut alors qu'il en faut quatre pour aller à la porte et, idem, le lendemain il frappe chez elle, as if nothing, et elle, radieuse, qui lui demande de se tourner mais non en fait elle va se débrouiller...
Et puis c'est aussi l'histoire de quelqu'un qui finit par sortir, à Tiffany's, puis dans cette boutique de farces et attrapes. Et pas la moindre carte postale de NY, évidemment, seules quelques semi-vues sur des monuments qu'on reconnaît si on y est déjà allé, uniquement. Le début, dans l'appartement, est en effet une merveille de mise en scène. Que jamais ne soit clairement posé l'activité alimentaire de Paul (même si on le sait très bien, simplement le fait que ça ne soit pas nommé,toujours sous-entendu) est aussi un grand coup de force.
J'en viens à ce qui, et je parie que tu penses la même chose, est à mes yeux la plus belle partie : tout le passage avec l'ex-mari, son chapeau dans Central Park ; le "son, i need a friend" avec l'accent texan ; la contre-plongée sur Paul prenant l'anneau dans les cacahuètes jack ; puis les retrouvailles, elle appelant son frère, Fred, et Doc en retrait dans l'escalier, la façon dont il monte ces escaliers (à petits pas rapides, en enlevant son chapeau), après une seconde d'hésitation ; et cette scène absolument désarmante, bouleversante, sur le quai de la gare, où Doc lui demande , avec ses yeux bleus sublimes (comme dirait you know who, en France on aurait donne ce rôle à Cauet, ou un type comme ça, qui aurait ridiculisé le personnage) de revenir à la maison, for me, your brother and your children, tout ce que contient cette phrase, "for me, your brother and your children" ; enfin, comme elle prend la cigarrette des mains de Paul et enroule son bras autour du sien pour l'emmener au cabaret... Pourtant, je n'aime pas Audrey Hepburn plus que ça. Comme femme je veux dire ; je ne tomberai pas amoureux d'elle par exemple...Tu m'excuseras de rester aussi vague et paresseux dans l'analyse, mais je suis encore sous le coup de l'émotion. Disons simplement un mot , que tu comprendras mieux que quiconque : Fancy. Tu m'a devancé dans,
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Et les cravates de Paul, tu as vu les cravates de Paul ?!
Ta lettre me rappelle que je devais te dire ceci, à propos de Written on the wind (qu'on a d'ailleurs vu avec you know who, marrant non ?) : commencer un film par de la vitesse pure. Et du vent. Et ne faire que ça par la suite : prendre de plus en plus vitesse, diminuer la résistance au vent.
C'est pour ça que je préfère WotW au non moins sublime Imitation of life, car il n'est qu'accélération, en permanence, alors que tout IoL semble déterminé, dans son rythme, pas la procession funéraire finale (dans sa deuxième partie en tout cas, puisqu'il y a cette ellipse phénoménale qui sort le film de ses rails), ce qui ne va pas sans beauté mais me touche moins.
Ca me donne une envie folle de réécouter les deux premiers albums de Tobin. Ca tombe bien, je dois les avoir à porter d'escalier.
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J'ai vu le pilote de True Blood aujourd'hui, la nouvelle série d'Alan Ball. Mauvais pressentiment. C'est assez ennuyeux, mal fichu (bon, c'est un pilote en même temps), plat. Pourtant le pitch est séduisant : après qu'on a découvert comment fabriquer du sang artificiel, les vampires n'ont plus besoin de tuer et essaient de s'intégrer chez les humains. Ce sont désormais eux les victimes, les faibles, même s'ils ont théoriquement une force exceptionnelle et la vie éternelle. Ca se passe en Louisiane (a lot of southern chicks) et l'héroïne est une serveuse de bar psychich (elle lit les pensées), qui tombe amoureuse d'un vampire. Décevant à première vue. J'y jetterai une deuxième malgré tout.
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Demain, je te raconterai mon (ou peut-être mes) come-back sur le tchat X. Et il faut qu'on parle musique aussi.
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Ah oui, et Signes, que je n'avais encore jamais vu (ben non, c'était le seul, je sais pas trop pourquoi, ça fait longtemps que je l'ai dans mes étagères en plus) est magnifique, de bout en bout, il n'y a rien à jeter, pas même, et surtout pas, le dernier plan, où il remet son costume de pasteur. Un de mes préférés de Shyamalan. J'espère bien savoir pourquoi tu l'aimes tant toi aussi (outre le fait qu'il n'ait peut-être jamais aussi bien maitrisé la mise en scène) ?
Je tombe, chez o signo do dragão, sur cette leçon de style par Skorecki, à propos de Blake Edwards. Et quelques posts (peut-on écrire posts ? j'aime bien en tout cas) plus bas : Blake Edwards, toujours, par Pierre Rissient. Et je me dis qu'il faudrait quand même s'y mettre, vieux (je garde néanmois un souvenir très mitigé de Breakfast at Tiffany's).
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La Dolce Vita, ahaha. Décidemment, quel poseur ce Fellini. Un calvaire, et tout ça pour rater la fin (pause dodo), parait-il mythique (la baleine, le sourire, tout ça). M'étonne pas que ça soit un des cinéastes préférés de Kaherk : on ne peut pas, quand on crache sur Go Go Tales, ne pas aimer le fat Fellini. Fini Fellini (ou dans 40 ans peut-être).