vendredi 12 décembre 2008

Biggie here i come

Brooklyn We Go Hard


Le voilà, enfin, le meilleur morceau hip hop de l'année (hors Lupe Fiasco, qui ne concourt pas dans la même catégorie que les autres) : Jay Z ft Santogold pour la BO de Notorious (le biopic sur B.I.G.) Et en plus, le clip est sacrément élégant.
C'est "cool", mais tu peux l'écouter quand même, du moins essayer.

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Promis, je m'y remets un peu régulièrement la semaine prochaine.

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D.Chou s'entête dans l'extase.

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Génial JBM!
D.C., 21:13:01, 09/12/2008

mercredi 10 décembre 2008

A l'affiche


(bientôt, bientôt)

lundi 24 novembre 2008

Undercover ça avait quand même de la gueule mais bon

Voici, grand malheureux, ce que tu as raté en ne venant pas jeudi. Merci en tout cas aux autres et rendez-vous au 18 décembre, Old School.

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Très envie de répondre à JS, Nicolas et Mao sur Allen, mais pas eu le temps ce week-end. Il faut aussi que j'écrive un peu sur Two Lovers (cf twitter).

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J'ai tenu 20 minutes et à la poubelle (cf le dernier album de Kanye West).
Je dois reconnaître que t'avais raison, avant deux ans d'avance (concernant le devenir-tuné du rap)

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D.Chou part à Belfort demain pour présenter son nouveau film, Expired. En attendant, et alors qu'il a déjà presque fini de monter le suivant et que le tournage de celui d'après a commencé (!), et que le scénario de celui d'encore après est en cours d'écriture (!!) et que deux autres sont en développement (!!!), voici son premier film pour ceux qui n'auraient pas eu la chance de le voir (n'hésite pas à laisser un commentaire, quel qu'il soit, ça lui fera plaisir).
(pendant ce temps, nous, on termine péniblement les 15 pages de scénario de Far From Manhattan commencé il y a un an...)



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Je t'envie trop, je rêve depuis ce matin de le revoir, ça m'obsède presque.
L.B., 18:17:17, 21/11/2008

mercredi 19 novembre 2008

Ave Geek



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C'est ce texte qui m'a mis la puce à l'oreille.

(...) Qu'est-ce qu'un Américain qui veut faire des films "à l'européenne" ? La réponse est sèche : un homme perdu. L'étoile de Woody Allen a pâli chez lui, ses deux ou trois derniers films ont tendu vers le bide distingué. C'est en général une raison pour, ici, les aimer. J'ai un peu essayé - en vain. Voir x c'est assister au spectacle de quelqu'un qui, pour raconter des choses graves, se croit obligé de les ponctuer d'histoires salaces afin de ne pas perdre son public en cours de route. Nous sommes ce public, prêt à rire ou à penser, mais pas à passer artificiellement de l'un à l'autre. (...) Woody Allen s'est toujours mis en scène comme un obsédé sexuel, névrosé et le sachant. Il espérait par là tromper son monde. La tromperie n'était pas qu'il soit obsedé sexuel (état respectable s'il en fut, propice au meilleur cinéma), mais la pauvreté reichienne de ses obsessions. Il est moins (comme on l'a dit sans grand mérite) amoureux de lui-même que de ce que ses orgasmes lui révèlent (croit-il) sur lui-même, les femmes et le monde. Il est la caricature de ce que Lacan cartonnait sur ses vieux jours : l'obligation de jouir, parce que c'est bien, et hygiénique. Cette hygiène fait rire comme gag, elle déprime un peu comme idéologie (rien de plus hétéro-triste), elle acable comme principe esthétique.

Dans x, tout participe, non de la recherche effrenée du plaisir (comme Bergman ou Renoir, hommes de théâtre et non de cabaret), mais de la recherche de la satisfaction. Il en découle une vision pornographique du monde. Je m'explique. La pornographie n'est pas en cause : il en est de carnavalesques, il en est même de sacrées. Mais il en est aussi de sinistres. Lorsque tout est mis en oeuvre dans l'attente d'un plus qui ne vient pas (ou trop tôt ou trop tard), lorsque les effets comiques, le trop de beauté des paysages, les moments poétiques volés au temps, la nostalgie poignate sont - à égalité - la recherche de la satisfaction esthétique, cette sublimation bien connue. Lorsque le cinéaste nous prend à témoin de ses progrès de cinéaste.

Car si le détail est toujours vrai (et même drôle, piqué, lelouchien), l'ensemble est toujours faux. Si le babil des personnages est bien restitué et les acteurs plus que bien dirigés, les sentiments sont fabriqués, sacrifiés au besoin d'un scénario marivaudeur. Si les restes de cabaret sont bien conservés, le grand discours implicite sur "l'amour de la vie" jusque dans l'au-delà est pompier. Ce n'est d'ailleurs pas très grave : nous observons tous les jours cette étrange coexistence de la justence "en gros plan" et de la fausseté "en plan d'ensemble", lorsque nous voyons de vrais films pornographiques ou cette pornographie de la marchandise qu'est la publicité. Nous n'avons pas besoin de l'ombre de Shakespeare et du fantôme de Bergman pour en rire comme il se doit, vite et bien.

(...) Il y a un grand désarroi à être guéri du besoin de faire rire. Une grande tristesse à mimer la solitude de l'artiste alors qu'on en aime que le folklore.

Didier Péron sur Vicky, Christina Barcelona ? Non, Serge Daney sur Comédie érotique d'une nuit d'été, 1982.

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Je suis mort de rire. En fait, t'as ta tête du matin après le réveil
LB, 17:13:57, 18/11/2008

mardi 18 novembre 2008

Doliprane

Comment j'ai pu passer à côté de ça ?! Pharrell + Lupe + Kanye + Thom Yorke


Sinon, j'écoute beaucoup ce morceau de Ciara, qui a filtré de son prochain album (je n'en suis pas très fan habituellement)


Et aussi ça, le seule chose écoutable produite avec ce putain d'auto-tune qui est en train de consciencieusement pourrir le hip-hop :

Découvrez Jay-Z!


J'ai réécouté les deux singles de Kanye West, par exemple, et non, c'est pas possible. J'écoute ça depuis tout à l'heure, j'essaie de me forcer à aimer, au moins à apprécier, mais mes oreilles saignent, poignardées par cette cochonnerie d'auto-tune. Il faut tuer T-Pain, sérieusement. Un mec qui s'appelle T-Pain déjà... Et comment peut-on accorder la moindre crédibilité à quelqu'un qui déclare ça en interview (le 3e paragraphe, inouï, et la fin aussi) ? C'est aussi con que du Mesrine (le film et le personnage)

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En parlant de Mesrine, je ne suis pas convaincu par Richet parlant de mise en scène chez NK. Tout ce qu'il dit sonne creux. Et reste très banal : "alors moi, ce qui m'intéresse - attention mesdames et messieurs - c'est... le point de vue et la place de la caméra !". Wow. Puis il dit : "Je ne suis pas fasciné par Mesrine" - bullshit. Il est totalement fasciné (et dépassé) par Mesrine, c'est évident, ça crève l'écran. Et puis Cassel... le T-Pain du cinéma, le type qu'a un vocoder greffé sur la bouche. T'as remarqué que quoi qu'il arrive, que ce soit dans Mesrine, La Haine, Sur mes Lèvres, Derailed ou Doberman, il prend toujours cette même voix ridicule, du type bourré en fin de soirée HEC, comme disait judicieusement KB l'autre jour.

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Rien à voir, mais le LOL du mois à TI et Rihanna pour leur magnifique sample d'O-Zone. Et petit lol pour Jay-Z et son sample Véronique Sanson

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Rappelle-moi de parler un peu du Estwood et du Allen. Et aussi de faire mon flop five 2008 dans la foulée

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J'ai commencé à regarder Pirates 2 : The revenge of The Stagnettis. C'est sublime. Le porno ne devrait jamais être autre chose que ça.

lundi 17 novembre 2008

Just Got Married !

...and pregnant !
Il faut absolument que tu ailles lire son blog. Si tu n'y pas accès, fais-moi penser à te le recopier et te l'envoyer. Il faut de toute façon qu'on se remette à le lire régulièrement. Elle y écrit des trucs désarmants, sur sa nouvelle vie à Austin, sur sa maladie qu'elle n'espère pas trop grave, sur son nouveau matelas garanti 20 ans, sur son procès gagné au prud'hommes, etc. On l'a laissé quelques mois, et tant de choses ont l'air de lui être arrivées.

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(il n'y aura plus jamais les critiques de DVD sur le site?)

Toute proportion gardée, The return est au film de fantôme ce que Lost Highway était au film noir : une revisite ultime du genre, en quatrième vitesse et à tombeau ouvert (l'aubaine pour des fantômes), un film-cerveau où temps et espace se court-circuitent, un geste maniériste abstrait et désespérément beau, d'une inventivité visuelle sidérante, à l'intersection de l'art plastique le plus conceptuel et de la série B la plus vile. Le scénario, élémentaire (une jeune fille revit sans cesse le trauma d'une autre fille décédée) a déjà été écrit, filmé cent fois ; c'est que toutes les histoires ont été racontées, et il n'en demeure aujourd'hui que des fantômes errant dans l'esprit de cinéastes possédés. Asif Kapadia, comme beaucoup, est hanté par Hitchcock, ses transferts de personnalité (Vertigo), ses bourgades intemporelles (Les oiseaux), ses bâtisses hopperiennes et ses escaliers flippants (Psycho), ses croisements routiers au milieu des champs (La mort aux trousses), tous éléments convoqués ici de manière spectrale, comme délavés, rouillés. Le décor de The return n'est, au fond, qu'un décor de cinéma, une installation à ciel ouvert dont il semble impossible de s'échapper, et son héroïne une pure idée (le présent condamné à revivre le passé) incarnée dans un corps éternellement adolescent, celui de la belle Sarah Michelle Gellar. Un choix de casting particulièrement pertinent puisque outre la chasseuse de vampires, SMG fut l'actrice de The Grudge de Takashi Shimizu (le film est explicitement cité vers la fin), autre maniériste tortueux explorant cette idée du film de fantôme comme remake circulaire, obligation à refaire sans cesse les mêmes gestes. Sorti de nulle part, Asif Kapadia frappe très fort dès son second film ; une apparition fulgurante qui n'est pas sans rappeler celle d'un autre indien, lui aussi obsédé par les fantômes...


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Tu m'excuseras, mais je n'ai plus très envie d'écrire sur Bond, trop de temps a déjà passé. Disons seulement, pour faire vite, que ce qui m'y a séduit théoriquement, au-delà de l'évidence attractivité de Daniel Craig, c'est l'absence totale de lisibilité - flagrante dans la première scène où on met 10 minutes à comprendre qui est qui, et qui pourtant est très efficiente, très significative aussi - prenant acte, après 24, Bourne, la trilogie T.Scott et Miami Vice (et aussi d'une certaine façon Speed Racer) du brouillage généralisé des cartes et de la dissolution des corps dans le cinéma d'action américain (en tout cas le plus intéressant). Undercover, out of control, in limbo, liquid, etc. Du coup, je ne peux pas être d'accord quand avec toi quand tu écris "Marre de ces cinéastes qui court-circuitent l'espace plutôt que de le mettre en tension". Je pense que tu commets la même erreur qu'avec Miami Vice (même si ce dernier s'élève très au-dessus de Bond, hein). L'abandon de la lisibilité n'est pas une perte, ou un défaut : c'est une nouvelle donne esthétique (et politique), et il va falloir s'y habituer.

Quand l'espace est applani (par exemple sur une carte électronique), annihilé, abstrait, éclaté et que le corps n'est plus qu'un vague treillis de lignes plus ou moins contigues à cet espace, dissout lui aussi, alors ne restent que les visages peu expressifs, les visages seuls comme réceptacles des joies et souffrances. Ce que démontre admirablement cette pub, la plus belle (plus belle même que le film, je te l'accorde) vue depuis...



Bond, le martyr hi-tech, nous éloigne des acquis picturaux de la Renaissance pour nous rapprocher de l'iconographie religieuse médiévale : visages peu expressifs sur corps immobiles dans espaces plans (enfin pas tout à fait, ça mériterait développement). Le film qui pousse le plus loin cette tendance étant bien sûr le meilleur film de l'année, Speed Racer.

Au-delà de cet attrait théorique, j'ai pris mon pied tout le long, sauf quelques scènes de gras brosnanien tel que la bataille d'avions au dessus du désert de Potosi, suivie de la ridicule et attendue révélation sur les richesses aquifères qu'il recèle. Toute la fin, dans cet hotêl dubaï style au milieu du désert, me semblent en revanche très belles (et j'adore Amalric sautant sur Craig à la hache). Et puis t'as vu, la piste M/Mum se confirme (she's my mother, or so she believes)...

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Ces comédies ne sont souvent que des copies plus ou moins aimables (et adroites) des films les plus ordinaires de Cukor ou de Borzage. Dans sa volonté d'annoblissement, la politique des Horreurs brasse tous les vieux concepts et affuble d'habits quelque peu ridicules des films (parfois charmants) qui n'en demandent pas tant - encore heureux qu'ils n'en demandent pas tant, sinon ce serait comme le dernier woody allen : très mauvais ; ndla - Qui le premier a eu l'idée, par exemple, de qualifier Sans Sarah rien ne va de comédie de remariage (euh...) ? Non seulement Stanley Cavell n'a rien à voir là dedans, mais c'est en plus l'une des choses les plus laides et plus mal jouées que l'Amérique ait produites depuis Independence Day.
Pierre Léon, Trafic Automne 2008

Tiens, c'est vrai ça, c'était pas si mal Independence Day.

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On pourrait y aller ensemble, j'hésite
JWL, 02:00:02, 15/11/2008

dimanche 16 novembre 2008

Juggernaut


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Les mecs, c'est fini les conneries ? Pourquoi "Kaherk" se retrouve deuxième keyword de mes statistiques avec 39 occurences ? Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi ? Sinon, "François Sagat" est troisième requête, peut-etre même deuxième si on compte toutes les différentes occurences. Et dans le genre bizarre : "argumentaire d'une crème de jour".

Nurofen

samedi 15 novembre 2008

Ketum



Découvrez Destiny's Child!



jeudi 13 novembre 2008

Moselle!

Gosh ! C'est la version bêta de mon texte sur Beyoncé qui a été publiée, par erreur
Voici la vraie :

Cyber Girl
Le dernier clip de Beyoncé est sorti et, foi de fan, on n'avait pas vu plus hypnotique déflagration en noir et blanc depuis, disons, My Love de Justin Timberlake ou Like a boy de Ciara – par « dernier », on entend bien sûr Single ladies, et pas son envers mielleux sorti le même jour, If i were a boy, dont on préférera ne rien dire par déférence. Celle qu'il faut désormais appeler, parait-il, Sacha Fierce y gigote majestueusement en juste-au-corps dans un décor ultra-minimaliste, entourée de deux clones exécutant avec elle une féroce chorégraphie robotique, apparemment pompée sur un standard des sixties. Qu'importe, à vrai dire, qu'elle se soit inspirée d'un clip existant, tant la fascination exercée par celui-ci tient avant tout à sa cohérence vis-à-vis d'une filmographie établie. Pour la première fois en effet, la chanteuse y assume sa vraie nature, que l'on soupçonnait depuis longtemps sans oser la formuler : Beyoncé Giselle Knowles est un Terminator.
C'est un détail qui nous a mis sur la piste, une légère brillance au centre du cadre dont la caméra, posée sur un bras mécanique, cherche continuellement à se rapprocher sans oser le faire, tel un chat rôdant autour d'une souris joueuse. Il faut attendre le tout dernier plan, sur le couplet « All the singles ladies / Now put your hands up », pour avoir la révélation : le bras de Bee est bel et bien cyber, le même, exactement, que celui de Schwarzy 25 ans plus tôt, avec le grincement caractéristique quand elle remue les doigts. Désormais tout s'explique et l'on comprend mieux son extraordinaire discrétion dans les tabloïds (à l'inverse de Britney ou Amy, qui prouvent chaque jour qu'elles sont faites de chair et de sang), sa perfection en toute occasion (en dix ans de carrière, combien de gaffes a-t-elle commise ?), son problème d'incarnation, enfin. Arrêtons-nous un moment sur ce dernier aspect. A la vision de ses clips, et plus encore de son film Dreamgirls, où il faut vingt bonnes minutes pour l'identifier tant elle y est affadie, quelque chose cloche : elle y semble comme absente à l'image, et, plus grave, interchangeable (replaceable), comme peut l'être, donc, un robot fabriqué en série. Les réalisateurs chargés de ses clips l'ont d'ailleurs compris, eux qui la confondirent avec Shakira dans Beautiful Liar, la transformèrent en Jay-Z le temps d'un couplet dans Upgrade U, et s'amusent globalement à changer son look 24 fois par seconde (dans Ring The Alarm typiquement). Beyoncé peut faire ce qu'elle veut, se déguiser à foison, se trémousser autant qu'il lui plaît, se faire appeler Sacha Fierce, Bee ou Giselle-Z, l'image, elle, ne ment pas, et on sait désormais que son petit nom est T-800. Mais comme c'est un joli nom, on lui pardonne ses cachoteries, en espérant qu'elle nous montrera plus que son bras la prochaine fois.

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Et on va me faire croire qu'il s'agit d'une coincidence ?

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Tout bien réfléchi, Halo est pénible et Vidéo Phone fatigante à la longue. A part un clip, vraiment rien à sauver donc.

mercredi 12 novembre 2008

T-Pax

Hier soir au Zénith, jouaient Pharcyde, De La Soul, Mos Def, et Nas.
Je le répète, parce que ça me semble invraisemblable : Pharcyde, De La Soul, Mos Def et Nas.
Pratiquement pas de médiatisation (si je n'avais pas travaillé ce soir-là, sans savoir à l'avance ce que j'allais voir, je serais d'ailleurs passé à côté).
A peine 4000 personnes pour un des évènements musicaux de l'année. Chacun a tenu de son rang, c'était grand. Comme je sais que tu adores le hip-hop « cool » (...), je t'ai fait cette petite compilation spécialement :




Et ce beau clip de Spike Jonze (pour Pharcyde) que je n'avais jamais vu


Ca m'a consolé du désastre d'I am Sasha Fierce, le dernier Beyoncé. Une face de sucreries où rien n'est à garder (Halo à la rigueur). Une face de vitamines où ne surnagent que Single Ladies et Video Phone (et Sweet Dreams à la rigueur). T'avais raison. Merde.




Enfin c'est pas une raison pour encenser cette cochonnerie (c'est infâme non ?)
Si elle est durable (cf. jurisprudence Jay-Z), la retraite de Lupe Fiasco, le meilleur rappeur en activité, est un très sale coup porté au hip-hop.

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Attention ça brûle

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Le cinéma est toujours (disons depuis quelques films) menacé chez Tony Scott : par sa propre enflure dans Man on Fire, par la télé dans Domino, par le jeux vidéo dans Déjà Vu. Mais au lieu de se barricader dans une tour d'ivoire (cf. la thèse nauséabonde du cinéma comme « citadelle assiégée », cf. « les pères Fourras de la critique »), il n'a de cesse d'affronter « l'ennemi », de lui piquer ses fringues, de les déchirer et de les porter, comme si de rien n'était. Undercover ? Dans Les prédateurs, premier film sublime avec Deneuve et Bowie (la nymphe éternelle et l'androgyne immortel), il s'agit de se plonger corps et âme dans l'esthétique publicitaire 80's la plus kitsch (même à l'époque de sa sortie) pour la faire imploser, à grand coup de filtres bleus, d'effets de transparence, de pianos et de ralentis.

Il faut voir, par exemple, comment une scène au bord du pompiérisme claydermanien (vers la fin, Deneuve embrasse goulûment Sarandon, avec une musique classique – je ne sais plus laquelle – en fond sonore), se transforme sans crier gare en film gore, puis de carrément en film de zombie, lorsque les anciens amants sortent du placard. Comme si Evil Dead s'invitait au milieu d'une pub Jacques Vabre. Le marbre blanc du palais semble toujours menacé de ployer sous son propre poids, d'être altéré par la tâche, une tâche de sang, qu'il faut s'empresser de nettoyer de peur qu'elle ne s'étale sur tout l'écran. Il y a dans Les prédateurs une lutte incessante entre bon et mauvais goût, pureté et impureté, une « lutte pour la domination » comme le dit un des médecins à Sarandon à propos de ses globules rouge. Contamination, d'une race par une autre, d'une esthétique par une autre, de la surface par la profondeur, ou de la surface par un autre type de surface. Le montage, syncopé, privilégiant les lignes de fuite à la narration, l'image au plan, faisant se télescoper les couleurs, les matières, le textures, les esthétiques, accentue cette impression. Je me demandais cet après-midi ce qui différenciait Tony Scott du Oliver Stone de U-Turn et Tueur-né ou du Luc Besson 80's : l'absence de roublardise militante en ce qui concerne le premier (Tony Scott est trop fasciné par ce qu'il filme pour jouer la carte, pseudo-subversive, de la dénonciation du pouvoir des méchantes images, blablabla) ; le refus de la candeur crétine pour l'autre. Pas dupe, mais pas béat non plus. Il y a chez lui la pleine conscience de se baigner dans l'eau la plus sale et néanmoins la volonté conjuguée d'en sortir absout. Et d'en sortir le cinéma grandi. Daney disait des clips qu'ils étaient comme les bandes-annonces de films qui n'existent pas. Les films de Tony Scott sont les bandes-annonces de films qui n'existent plus. Temps de tourner la page ?

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J'ai revu Dernier Maquis (décidemment immense) au MK2 Beaubourg. C'est la dernière fois que j'y fous les pieds. C'est le pire cinéma de Paris, j'espère sincèrement qu'ils finiront par le fermer un jour. Je ne sais ce qui est le pire : que les sièges y soient si inconfortables, qu'il ne respecte pas les obligations techniques (en terme de proximité de l'écran, de qualité sonore), que les films s'y interrompent si souvent au beau milieu (sans aucune excuse, jamais), que le personnel y soit si désagréable ? Non, le pire, c'est la faune, les gens qui fréquentent cette salle. La moitié de la salle ricanait pendant tout le film. Même quand rien ne prêtait à rire, ils riaient, ils se sont sans doute dit qu'ils allaient voir le film chic du moment, mais visiblement c'était trop pour eux, pas assimilable. Alors ils ricannaient (quand ils ne sortaient ou ne ronflaient). Bien entendu, ce sont les mêmes crevards qui vomissent sur le forum des halles, qui n'y foutent jamais les pieds de peur d'y croiser des "jeunes de banlieue", qui trouvent le lieu "anxiogène" et infréquentable (moi je m'y sens bien aux Halles, vraiment, surtout au sous-sol, à l'Orient-Express, ou au MacDo, où on peut surfer sur internet gratuitement), qui ne supportent pas les "bouffeurs de pop-corn" (parmi les centaines de fois où je suis allé à l'UGC Halles, je n'ai été emmerdé que 3 fois par des bouffeurs de pop-corn) (en revanche jamais je n'y ai vu un tel mépris pour le film, jamais).

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Maria tient à ce que donne ce lien
http://www.notspeakinginmyname.com/

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Pour une fois, c'est moi qui donnerait des nouvelles à D.Chou : oui, je deviens chauve, mais j'ai encore un peu de temps. Je crois.

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Jacky ! 22 fois le même texto ! Qui ne doit pas m'être destiné en plus. Continue bien. Je quitte le lac Léman ce soir.
B.B., 13:17:52, 06/08/2006

dimanche 9 novembre 2008

Moist, moist, moist

Un mec capable de faire ça :


Et puis ça :


et aussi ça

mérite nécessairement l'admiration la plus grande.

Pour un cinéma mutant

Attention, le son bave, mais admire le montage




Découvrez Bauhaus!

jeudi 6 novembre 2008

Jacky Comedy Club

Merci beaucoup à GM qui a bien voulu faire le flyer.
Et à GiJu qui a, un peu malgré lui, trouvé le titre définitif (à moins qu'un vote massif en faveur de Jacky Comedy Club ne s'exprime dans les 12h - sache que ton vote à toi ne comptera pas, je sais bien que tu veux la mort de ce ciné-club).

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James Bond, c'est très très bien (j'y reviendrai)
Vicky Christina c'est très très nul (j'y reviendrai aussi)
Et Pineapple Express, tout en étant décevant, n'est tout compte fait pas si mal. Très bon même. Disons que c'est le film d'Apatow qui, le plus clairement, entérine les théories parotopiques.
Et W, finalement, j'ai plus envie d'en parler. L'interview d'Oliver Stone par SK, qui pas une fois ne parle de cinéma, en est la meilleure critique, indépassable.
Il faudra peut-être aussi, si j'en ai le courage, dire deux ou trois mots sur Mesrine et Coluche. Parce que quand même...
Sur le Eastwood, je renonce, vu il y a trop longtemps (à Cannes) et aucune envie de m'y replonger. Cette jouissance de la mise à mort (quoique tu en dises, il y a bel et bien jouissance, pour le moins jouissance d'être du bon côté, du côté des justes. Tony Scott dans Man on Fire, au moins n'essayait jamais de faire passer la vengeance de Denzel Washington pour la justice), ça n'est tout simplement pas acceptable. Ca me donne envie de cracher sur tout Eastwood, tout jeter, tout (tu sais comme je suis, je ne peux pas m'en empêcher).

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Mon top11 est presque fini, ce n'est plus qu'une question d'ordre des films. Idem pour le flop5

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D.Chou n'a pas de psoriasis. Mais c'est pas passé loin.

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On déjeune des Bagels demain ?
J.S. 19:19:05 04/11/2008

lundi 3 novembre 2008

It's over 6, I'm not a farmer


Back soon...



C'est pathétique, tu trouves pas ?


Et là, le contraste est cruel non ?


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Ca fait longtemps que j'ai pas donné de nouvelles de D.Chou. Il va bien et se prépare à passer l'automne en Franche-Comté.

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Tu seras quand même remercié au générique
20: 31:24, L.B., 03/11/2008


If the moon was made of green cheese

Long time no see...

Regarde, au bout de 2'22", c'est ce qu'il m'est arrivé jeudi en sortant de chez ma merveilleuse nouvelle dentiste :



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La date du 1er rendez-vousdu ciné-club est fixé, le film aussi, reste le nom. Si tu as une dernière géniale de dernière minute, vas-y, c'est le moment, parce que pour l'instant on n'a rien de fou.
Je te remercierai jamais assez.
Et si, pour le flyer, une bonne âme maitrisant Photoshop pouvait se manifester, je lui en serais infiniment reconnaissant, à tel point qu'une invitation à vie au ciné-club lui serait offerte...

jeudi 23 octobre 2008

Regarde ce qu'ils nous ont laissé, de vieux restes d'idéologies qu'on a toutes vues se planter

J'ai trouvé un bon dentiste, enfin ! Enfin qui a l'air. C'est la première fois que je vais chez un (une en l'occurence) dentiste qui est plus jeune que moi. Enfin qui a l'air.
Ca méritait bien un billet.

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Je réécoute beaucoup Expérience en ce moment, qui est un peu la demi-suite de Diabologum (l'autre étant Programme, que j'aime moins). Parfois c'est un peu maladroit, limite Saez, mais ça bouleverse à chaque fois. J'y pensais justement en t'écrivant un mail sur youknowwho.

Deux (two lovers ?)


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Pour ceux qui aiment le jazz

Découvrez Experience!


Pour toi qui, je crois, ne connais pas Diabologum (une de mes 5 chansons préférée) :

De la neige en hiver

Découvrez Diabologum!


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Je n'aime pas beaucoup le film d'Alan Ball, tu sais. L'archétype d'un cinéma américain adulte, finaud, psychologique, à grand sujet, arrogant ("arrogance cotoneuse" a dit un jour OJ à propos de Six Feet Under), surjoué, un peu cynique sous prétexte d'être satirique (ah, la passion française pour les films qui "écornent le rêve américain"). OJ, encore : "Une haine trop douce maquillée en verdeur buñuelienne traverse SFU. Chaque personne, ultra-typé [ici, on pourrait dire : le métèque plus blanc que les blancs, le prick patriote], n'existe que pour remplir les cases d'une radiographie bien mesurée de la "société en crise". Le film me rappelle celui, bien pire soyons justes (car très mal filmé alors que Ball s'en sort pas mal, malgré sa tendance au chromo) de Paul Haggis : Crash. Tu vois ? Le film de salon, en somme. Le film qui fera bien dans les dîners mondains. Pendant ce temps, Pineapple Express et Step Brothers vont faire, c'est confirmé, une sortie technique...
Reste quelques très bons acteurs : Maria Bello, Toni Colette, l'adolescent noir (qui a un visage incroyable, sorti d'un clip de boy's band 90's), la gamine (monocorde mais fascinante) et surtout Aaron Eckhart que j'aime décidemment beaucoup et qui arrive à rendre aimable son personnage pourtant rabaissé de bout en bout par le scénario. Le père libanais, en revanche, est très mauvais (c'est Oliver dans SFU, et je ne l'aimais déjà pas).

mardi 21 octobre 2008

G.L.A.M.O.R.O.U.S.

Mon passage préféré de GG, so far :



(si après ça, tu ne t'y mets pas immédiatement, je ne te comprends plus)
(je le repasse en boucle et reste admiratif de la finesse de mise en scène (la diffraction dans les miroirs par exemple) et de montage (le zoom cut à la fin))

Et l'originale de Fergie, très belle aussi :


Découvrez Fergie!

dimanche 19 octobre 2008

Cigarette Paper






et aussi ça et ça

Single Ladies

Je t'en prie, vote pour le film que tu préfèrerais voir en premier au Breakfast Comedies at Ursuline's, c'est important.

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T'as vu le dernier plan du clip ? Incroyable hein, ça confirme toutes mes théories sur Beyoncé. Je brûle d'envie de voir la suite...


J'aime ! (à suivre)

jeudi 16 octobre 2008

BCC@U's

Le cine-club de comedie americaine, qu'on prévoyait (avec SBJr) de commencer en octobre va finalement voir le jour en Novembre (la date reste a fixer). Et se poursuivre, au pire un trimestre, une année si ça marche. Ce sera au Studio des Ursulines.
Il nous faut un nom, si tu as une proposition et qu'on la retient, tu gagnes ta place gratuite pour l'année...
La difficulte principale n'est pas de convaincre les détenteurs de droit (qui sont pour l'instant très coopératifs) mais de trouver les films qui existent en 35mm VO bon état et dont les droits ne sont pas tout simplement perdus dans la nature. Ce qui est le cas pour la plupart des Blake Edwards par exemple...
Pour l'instant, l'option DVD n'est pas disponible, pour plusieurs raisons, mais j'espère les faire changer d'avis. Sans quoi, on n'ira pas très loin avec le concept de comédie rare ou inédite (impossible de montrer, en 35, Napoleon Dynamite ou Fever Pitch en VO, par exemple). Dis moi ce que tu en penses, mais moi ça ne me gene pas de voir un DVD en salle si je sais que c'est la seule solution et qu'on me prévient.
Dans l'immédiat, j'hésite sur le film à montrer en premier. J'ai 4 possibilités, dis-moi ce qui te ferait le plus plaisir pour commencer (laisse un commentaire, vraiment, j'ai besoin de savoir) :
A night at Roxbury / Osmosis Jones / Cable guy / Super Nacho

mercredi 15 octobre 2008

GD

Depuis tout à l'heure, j'essaie d'écrire ces deux ou trois feuillets que j'aurais préféré ne jamais avoir à écrire, tu l'imagines, et les mots ne viennent tout simplement pas ; je t'envoie donc ce mail, peut-être que ça m'aidera.

Je regarde des vidéos de lui sur Dailymotion (tellement élégant face à Cauet), je lis le beau texte que lui a consacré Azoury dans Libé ce matin, je lis quelques déclarations plus ou moins heureuses (Albanel : "Personnalité riche et complexe, GD (...) en ayant beaucoup donné à sa passion pour le cinéma", peut-on faire plus nul que ça ?), et je regarde avec envie cette foutue mini-cassette qui conserve encore, je l'espère, une bonne partie de nos premiers échanges dans un hôtel cannois, en mai dernier. Hélas, je n'ai pas de quoi la lire - tu te souviens du fou rire quand je t'ai lu la transcription à l'appart, et aussi quand je t'ai raconté l'histoire du moteur à eau qu'il avait soi-disant inventé et revendu aux Indiens ? Je m'en souviens comme si c'était hier, de la gêne de P.S. (et de la mienne) durant la première partie de l'interview, puis de la tête de l'attaché de presse lorsque GD me demanda de rester un peu, pour discuter. J'ai jamais su, au demeurant, pourquoi il avait voulu que je reste...

Je replonge dans mes notes du tournage, sur lesquelles j'ai finalement mis la main. Je relis quelques phrases inouïes (Bowie c'est moi, c'est pour ça que je ne peux pas le tolérer, tu comprends, c'est un usurpateur), bribes de phrases (Je ne tue pas le père, Je te meurs d'envie), citations (Cioran : les bourreaux sont des victimes à qui on n'a pas coupé la tête), notes cryptiques qui le resteront à jamais (Led Zep - Béatrice Dalle - discussion sur l'amour) et gribouillages que je ne peux reproduire ici (une espèce de serpent qu'il s'était tatoué sur le bras, et un R, tatoué sur son dos, la veille avec un stylo bic ou je ne sais quel instrument de fortune, et qu'il s'était empressé de me montrer dès mon arrivée, fier de lui et tentant de m'expliquer qu'il s'agissait d'une blague contre Carla S ; je n'ai toujours pas saisi la blague). Et puis : "Eruption de volcan", c'est ce qu'il y a écrit tout en bas de ma page.

J'essaie de me souvenir des chansons écoutées sur son ipod ghetto blaster (qui crachait - c'est le terme - aussi bien du Zazie que du Radiohead, du Higelin - qui le fit pleurer à l'écoute de l'Illicite - que du NTM), mais une seule me revient, celle intitulée "Ma liberté". Il l'avait composé et s'apprêtait à la sortir sur son disque. "C'est la préféré de Gérard"

Je feuillette l'exemplaire du J'accuse de Zola qu'il avait tenu à m'offrir, après qu'on écouta, pendant deux bonnes heures agrémentées d'un Canard à l'orange, sa lecture peu académique du texte, enregistrée quelques semaines plus tôt aux Subsistances, à Lyon. Il dévie sans cesse de l'original, part dans d'interminables digressions - sur Sarkozy, la Bosnie, des secret-défenses inavouables -, digressions qui, comme c'est toujours le cas, constituaient le coeur de son propos. Il était très fier de cette lecture publique : elle lui valut, me dit-il, quelques projectiles et invectives de la part "bons gros bourgeois lyonnais". Je le feuillette donc, et découvre qu'à la dernière page, il avait écrit (à moins que ce ne soit R... c'est plutôt une écriture de femme) une adresse de restaurant et un petit plan pour y arriver. Oui, c'est sans doute R. qui l'a écrit : imagine-t-on GD dessiner un plan pour trouver un restaurant ?
"Monsieur le Président, Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour, d'avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches."

Je pense aussi à Far From Manhattan.

Je relis enfin le mail qu'ils m'avaient envoyé il y a un peu plus d'un mois, lui et sa compagne, pour me dire qu'ils étaient en Roumanie, que ça allait plutôt bien, malgré la chaleur et la fatigue, et que l'essentiel était que "chaque semaine (les) rapprochait de la musique". Et je repense à ce coup de fil surréaliste, reçu quelques minutes après la lecture du mail, alors qu'il débutait son tournage à Bucarest le lendemain, où il m'ordonnait, m'engueulant presque, de regarder Eurosport, le grand prix de moto GP où concourrait Valentino Rossi, et de lui donner le résultat dès que possible. S'il gagne, dit-il, je me tire, je rentre. Et Rossi gagna. Et le texto fut envoyé. Et il n'eût jamais de réponse.

J'aurais préféré qu'il tienne parole, ce con.

lundi 13 octobre 2008

L'homme qui marche (3)

L’HOMME QUI MARCHE

L’homme fait peur. Couvert d’un long manteau noir, la démarche chancelante, le visage creusé par la fatigue, son verbe jaillit par salves destructrices lors des conférences de presse de ses deux films sélectionnés à Cannes : De la guerre de Bertrand Bonello, dans lequel il interprète un membre d’une étrange secte, et Versailles de Pierre Schoeller, où il excelle en SDF avec enfant à charge. Guillaume Depardieu a, dit-on, “mauvaise réputation”. Il suffit pourtant de quelques minutes pour goûter son irrésistible affabilité (“Je me méfie du verbe et pourtant je ne fais que parler”), sa grande culture (il cite Nietzsche, García Lorca, JoeyStarr “le plus beau poète que je connaisse”…) et bien plus encore, sitôt les quelques questions d’usage posées.

Guillaume Depardieu donne peu d’interviews, mais lorsqu’il accepte, il joue le jeu. Quel jeu ? “La promotion ne m’intéresse pas, dit-il d’emblée. A Cannes, on te prend, on te jette. Moi je ne veux plus faire ça. Je veux raconter une histoire aux gens, avec mes mots, avec mon corps. C’est pour cela que j’ai perdu du poids avant de venir, pour ressembler à L’homme qui marche de Giacometti, tu connais ?”

La redingote finalement tombée, on aperçoit ses bras, des bras maigres en effet, meurtris, laissant paraître sous la peau albâtre une forêt de veines saillantes et magnifiques. Lorsqu’on évoque son allure fantomatique, il nous demande de préciser. C’est que le fardeau est lourd, le cliché tenace. Non pas un survivant, mais bien un fantôme : celui qui apparaît dans le cadre sans crier gare, pour en disparaître à volonté ; celui qui, paradoxalement, est l’acteur français le plus spectral et le plus incarné – disparition, présence. Il semble acquiescer. Lui-même se définit comme “asymétrique et politique. Regarde L’homme qui marche de profil : c’est un triangle, c’est la maison, la franc-maçonnerie, et de l’autre côté il a la tête qui avance, c’est la raison qui traîne le corps, le coeur. La notion de corps, je l’ai comprise quand j’ai failli le perdre.”

Bonello l’appelle son “beau guerrier”, ça l’amuse : “J’ai l’impression d’être un peu revenant, un peu mutilé, un peu guerrier, ça dépend. C’est là que le son intervient.” Un peu surpris par ce raccourci étonnant, c’est à notre tour de lui demander de préciser : “Les gens me disent que je suis flou. Moi, j’estime que je suis très clair et que les gens ont à faire un effort. Il n’y a plus d’effort, on vit dans une condescendance absolue.” Il se ravise toutefois : “Ce que je veux dire, c’est qu’avant les images, ce sont les sons, la musique qui me guident. Je vais faire un album tu sais ? Pour faire chanter les caissières de supermarché.” En insistant un peu, il accepte d’en faire écouter un échantillon, quelques spoken words accompagnés d’une mélodie au piano sur lesquels flotte l’esprit de Gainsbourg et de Daniel Darc. “Je vais aussi faire un film. Pas deux, ni trois : un seul. Bientôt. Ça ne parlera que de femmes, toutes les femmes que j’ai rencontrées dans ma vie, et particulièrement deux : Asia Argento et Béatrice Dalle. A Cannes, je ne mets pas de lunettes, car sinon, dès que je croiserais une femme, je la regarderais, et elle ferait partie du film…” Guillaume Depardieu est vivant, bien vivant. En marche.

Texte publié initialement dans les Inrockuptibles de Cannes 2008


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Découvrez Suprême NTM!

samedi 11 octobre 2008

Merde ! de Leos Carax


Rabbit in Your Headlights (Unkle) - clip de Jonathan Glazer

jeudi 9 octobre 2008

Bizarre autant qu'étrange


Regarde bien cette image.
Regarde la bien
Encore
Alors ?
Rien ne te choque ?

Material Girls

Regarde ce plan, très probablement le seul dans le film à être ainsi penché, regarde comment il renverse très subtilement la perspective en faveur de la fille, comme si, malgré sa petite taille, elle allait irrésistiblement fondre sur sa veule proie. Ben voilà, c'est ça Blake Edwards, j'ai pas l'impression qu'il faille en dire beaucoup plus.

Quand tu me disais qu'Apatow puisait beaucoup chez lui (il me reste toujours à voir 10 et That's life), tu avais bien entendu raison, je le saisis mieux désormais : ce fantasme d'amitié fusionnelle qui nous émeut tant à la fin de Superbad, Edwards l'avait déjà réalisé dans Switch (Dans la peau d'une blonde), où un brave type finit par engrosser son meilleur ami. Quelle plus belle scène que cette visite à l'hôpital ?

Je repense aussi à ce détail, bouleversant, lorsque ce type au physique plutôt ingrat, Jimmy Smits, le meilleur ami d'Ellen Barkin donc, demande à cette dernière si elle veut bien l'accompagner au Duke's ce soir-là. Et elle qui répond nonchalamment, tout en prenant son téléphone, que oui. Et lui, n'y croyant pas, qui lui demande de répéter, ébahi : "oui ?". "Oui". Et il sort du bureau, fou amoureux. De son meilleur pote.

Rien à voir mais je ne peux 'empêcher : Will Ferrell meets Keith Richard

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Jim Carrey remet un oscar à Blake Edwards : ici (impossible de coller la vidéo directement)

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J'aime bien ce tu écris ici
(j'imagine que ça ne peut que te faire bondir) (non, pas toi, toi)
Et aussi j'aime bien ce que lui écrit , ce qu'ils écrivent tous les trois à vrai dire. Beaucoup.
(Et j'ai enfin trouvé de quel film venait votre image-titre, que je rêve de voir du coup)
Le seul, ou presque, à reconnaître les qualités de Super Blonde.

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Au passage, le début de Blonde and Blonder est sompteux. C'est simple, c'est la suite de Switch. Un aérodrome, deux anges sont posées là, dans le cadre ; elles viennent nous rendre visite, comme dans un film de John B.Root ; elles se maquillent, arrachent leurs ailes inutiles, puis montent dans un avion, pas pour rentrer chez elles comme je le croyais au début (sinon pourquoi arracher leurs ailes), mais seulement par habitude, par plaisir de s'envoyer en l'air ; elles décollent, tentent de s'enfuir du cadre, mais échouent et se crashent, au beau milieu d'un golfe, sur un trou de golfe pour être exact.

Oui, c'est certain, ça ne peut être qu'un clin d'oeil à Switch,
(premier plan de Switch)

une élégante façon de nous signifier que le personnage d'Ellen Barkin a finalement choisi d'assumer sa féminité et qu'elle est prête à retourner sur terre, dans la peau de Pamela Anderson.
Le reste n'est pas à la hauteur de ce préambule, mais qu'importe ?



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Blonde Ambition, ça se laisse regarder, essentiellement pour les acteurs (c'est souvent le cas) : Jessica Simpson et Luke Wilson. Ca va sortir en France apparemment
Pledge This ne vaut que pour ses 10 premières et 10 dernières minutes, festival de parishiltoneries, démontrant une fois de plus l'insubmersibilité de l'héritière, son immarcescible classe féline - celui qui parviendra à l'humilier n'est pas né.
Et My Super Ex-Girlfriend, désolé, mais rien que pour Anna Faris et Luke Wilson, moi j'achète (Uma Thurman en revanche, la pauvre... il lui faudra encore 1 ou 2 Kill Bill pour rattraper le coup).

Et je saurai d'ici la fin de la semaine notre ciné-club est viable (rapport aux copies disponibles).

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Découvrez Blondie!


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Pas de gym pour moi en fait, j'ai le corps tout fatigué... vous voulez diner à l'appart ?
J.S., 18:57:01, 06/10/2008
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SoHo, Juillet 2006

samedi 4 octobre 2008

Bloody Sunday

Ninja Cat


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Je viens de bousiller mon ordinateur et pis c'est tout.

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vendredi 3 octobre 2008

I can't even puke on myself

Deleted scene de All The Real Girls (David Gordon Green, 2003)


On a hier soir inauguré nos futures habitudes de roommates avec SBJr en regardant East Bound and Down, le pilote d'une série HBO écrite par et pour Danny McBride, le future king of comedy, une sorte de Will Ferrell encore plus fou, mufle et irascible, redneck dans toute sa splendide et bouleversante beauferie. Je te passerai la semaine prochaine, faut que tu voies ça. Il est par ailleurs à l'affiche de Tropic Thunder et Pineapple Express, mais ça tu le sais déjà.

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Je te l'ai déjà dit mais j'aime beaucoup la critique d'Appaloosa par Momci. Ils foutent quoi à Libé, pour ne pas parler du tout du film (à ma connaissance) ? Sinon, ma Némésis a aussi écrit sur le film, et on est pour une fois d'accord. En tout cas sur le fond...

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J'ai repris goût au cinéma ! Après Home, c'est La vie moderne (pas prêt de l'oublier, non, la lumière du dernier plan) et, beaucoup plus improbable, Coluche, qui ont trouvé grâce à mes yeux. J'espère avoir l'occasion de revenir plus longuement sur Coluche, qui réussit à mon avis là où Mesrine se plante. En deux mots : film de bande (au sens amical et collectif du terme = De Caunes) vs. film de bande (au sens pénien du terme, au sens "c'est moi que j'ai la plus grosse et si t'es pas d'accord j'te casse la gueule" = Richet) ; un acteur dépressif (François Xavier Demaison très bon), au sens psychologique et climatique du terme (un mec dans l'oeil du cyclone, qui fait le vide autour de lui mais reste intact) vs. un acteur déprimant (Cassel, le pire acteur français, voire du monde depuis qu'il s'est décidé à saboter des films américains cf. Dérapage, Ocean's 12 et Les promesses de l'ombre).

Il faudrait aussi revenir sur la téléologie crétine et mensongère (Uranus style, le fiston a bien appris la leçon) de Mesrine (le pauvre a été abattu par la police tel un chien - et d'ailleurs accompagné par son chien -, on va vous montrer comment on en est arrivé là), opposée à l'histoire au présent, en train de se faire, de Coluche, dont le vrai sujet est la dissolution du peuple français, sa substitution séguelienne par une multitude de cibles marketing, la disparition dans le grand bain majoritaire (cf. Deleuze : "la gauche est par définition minoritaire") (cf. le magnifique caméo de Podalydès en Jacques "crapule" Attali), et la façon, bouleversante, dont l'humoriste est à la fois le promoteur génial des minorités invisibles et le catalyseur involontaire de leur échec (cf. le meeting avec Choron & co, la rancoeur des ouvriers Picard). Que ce soit le fer de lance de l'humour Canal - qui mieux que Canal+ (à part Libé) symbolise le mitterandisme triomphant, cette défaite ambigüe du peuple en tant qu'entité ? - rend le dernier plan (Coluche enfermé dans une image cathodique) d'autant plus amer et sublime.

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Toi qui ne croyait pas mon oncle paysan capable de parler comme ça, va voir le Depardon, il y a un personnage, bouleversant, qui est presque pareil (le type sur le tracteur, le fils sacrifié).

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Je me demandais, en regardant quelques performances de Belladonna et juste après avoir lu ce texte de PB du BdP, comment sa réflexion pouvait s'adapter au porno, celui-ci ne posant qu'une question, en permanence, toujours la même : "que peut un corps?". Comment aller encore plus loin, alors que les limites physiologiques du corps semblent avoir atteintes ? Je n'ai pas la réponse, alors je te la pose.

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Découvrez Get Well Soon!


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D.Chou avance masqué

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Dans ma dyslexie, je viens de t'appeler Davy. N'importe quoi! Bon mea culpa et besos.
Y.L. 20 : 05 : 36, 02/10/2008

mercredi 1 octobre 2008

Le retour de Broly

J'ai reçu ça d'un ami aussi name-dropper que flagorneur - je lui en voudrais d'être différent ceci dit : "Vu Dans la ville de Sylvia, tiens; vaut (presque) pas tripette. Pardonne-moi la brosse à reluire, mais certains plans veulent talonner L'enclave; c'est peu dire qu'ils échouent. Un seul grand moment, la deuxième scène de café, avec tous ces visages qui s'obstruent les uns les autres, bouchent des perspectives, dessinent des microfictions avortées ou retardées, viennent bouffer l'écran en close-up ou s'effacent au contraire d'un coup d'un seul, relayés à l'arrière-plan d'un claquement de cils volatil. La mise en abîme sur le voyeurisme est grossière; l'obsession baudelairienne sur l'ode aux passantes, agacante; la ressemblance frappante du gugusse avec Courbet jeune, beaucoup trop édifiante sur la volonté de passerelle entre ciné et peinture chez Guerin; mais cette facon de faire s'initier le ressouvenir d'un amour perdu à partir d'une dissection géométrique de l'espace, c'est fort. Franchement, cette scène, sans déconner, a quelque chose d'un mini-Ionesco déconstruit par Chirico reformulant les principes physiques de Lagneau; bref c'est cool. Mais c'est tout; le reste est juste une ode banale aux tramways; qu'est-ce que ca peut nous foutre". La suite de son mail ma presque fait pleurer - l'enfoiré.
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J'ai vu Grandma's boy avec Scott ce soir. C'est ok, comme dirait Thouv : sous-sous Apatow (mais on part de si haut qu'on arrive finalement pas trop bas), mâtiné de Sandleries sans Sandler (donc supportables) ; stoner video games movie, genre la scène "how do you know i know you're gay?" de 40yov étirée sur 1h45, avec :

et

La première est absolument charmante, je le savais déjà, mais là particulièrement ; le second, beaucoup plus gros qu'aujourd'hui, fait mouche à chaque apparition, où il ne fait rigoureusement pourtant rien d'autre que rire bêtement et lêcher des seins - ça te laisse préjuger du type d'humour. Scott a vainement essayé de me convaincre que c'était la meilleure comédie ever, mais que j'aurais du fumer pour l'apprécier à sa juste valeur. Ben voyons.

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T'ai-je dit que Home d'Ursula Meir, avec Olivier Gourmet (jamais il ne m'a déçu, même dans les daubes comme Mesrine 2 où, totalement ridiculisé par un postiche improbable, il donne une leçon d'acteur à Cassel) et Isabelle Hupert (presque aussi belle dans les champs de blé que lorsqu'elle était filmée par Cimino il y a 30 ans) était une divine surprise ? Pas un grand film non - à cause d'un défaut de mise en scène -, mais un film qui évoque plus l'Amérique que l'Europe, Malick que Zola, la vie comme une succession de possibles à exploiter plutôt que succession de problèmes à résoudre. C'est déjà pas mal. Ca commence comme la Petite maison dans la prairie Punk, ils prennent leur bain à poil, toute la famille, jouent au hockey dans le jardin, regardent la télé sur un canapé dehors. On est en France, alors on se dit que le père cache sûrement quelque intention incestueuse (en plus il s'isole pour fumer, c'est louche), la mère quelques névroses (de fait elle en cache, c'est con, surtout pour Huppert mais on ne l'apprend que plus tard), que les enfants souffrent. Et ça ne vient pas. On attend les soucis, les huissiers, les cartouches glauques, ça ne vient pas. Ainsi pendant 20 minutes. Le film déjoue nos attentes, en tout cas a déjoué les miennes.

Et puis un matin, les problèmes arrivent ; mais c'est presque comme dans un Spielberg, La rencontre du troisième type, une arrivée de petits hommes oranges, pas des humains assurément, des E.T. Et lorsqu'ensuite ils construisent la route, c'est beau et triste comme l'arrivée du train dans les westerns crépusculaires. Et ça continue, des glissières intrusives, des bourdonnements incessants, des tremblements, des bugs à la Friedkin. Du fantastique, pas du naturalisme. La moindre traversée de la route devient un film d'aventure, voire un film d'horreur quand il faut se faufiler par un conduit souterrain (scène sans doute géniale à l'écriture, mais un peu gâchée par la mise en scène paresseuse). Du Kawase dans certains plans sur la nature. Et du Hal Hartley me souffle-t-on...La partie claustro, moins réussie (parce qu'entre 4 murs, l'absence de mise en scène, ça ne pardonne pas) laisse un mauvais ressenti final, dommage. Le personnage de la petite nerd apatowesque est assez raté aussi, je ne sais pas pourquoi, mais ça ne marche pas. J'aime beaucoup le dernier plan, le mouvement après la fixité - ça me touche nécessairement. On sent dans Home une authentique et saine volonté d'en découdre avec un substrat théorique (intimisme européen vs. grands espace et genre américain), malheureusement pas toujours suivi d'effet (le côté Versailles de

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Ahah, les brêles, les types sont jamais foutus de mettre le bon nombre d'étoiles, en général ils m'en collent toujours une de moins, et là, hop, 2 étoiles pour un film que je défonce, et le plus drôle, c'est la phrase qu'ils citent, qui sortie de son contexte veut dire l'exact inverse de son sens originel.

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Tu as entendu ça ?


Découvrez T.I.!


Tu me diras que c'est lassant, et je te répondrai à l'affirmative mais que c'est malgré tout un des meilleurs morceaux de hip-hop/rnb entendus cette année. Ce ne sont pas les derniers Rihanna (qui n'a certes jamais brillé mais là tout de même, Disturbia ahaha), Britney (Womanizer, t'as entendu ça ?), Snoop, Nas, The Game, Lil Wayne, Pharrell (avec My Drive Thru, ça commence à se voir qu'il fout plus les pieds en studio et qu'il file tout le boulot aux stagiaires, sans parler de son auto-remix de Everyone nose, totalement consanguin), et j'en passe. A part Lupe Fiasco, j'ai rien entendu de bon cette année. Et je crains de plus en plus que Beyoncé ne soit pas à la hauteur de mes attentes. Si même Beyoncé fait défection, que va-t-on faire ? Qu'ont-ils fait au hip-hop ?

Mince, ça me lasse déjà Juana Molina... Pourtant, je te jure que ce fut un choc à la première écoute.
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D.Chou a une coiffure trop nulle

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" 0 " {*_*} merci pour touts
Y.U. 01 : 05 06, 0502/2008

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