samedi 31 mai 2008

Un sale type

Deux grands films (j'utiliserai peut-etre le terme chef d'oeuvre à la seconde vision) cette semaine : The happening de Shyamalan et Forgetting Sarah Marshall de Apatow & Co. J'en reparlerai (j'espère) dès qu'ils seront sortis + Indy 4, ratage sublime (et pas l'inverse), "Le périlleux enchaînement des choses" de Spielberg.

En attendant (et en attendant la fin de Cannes, Sur la piste et Ophuls... ça commence), je publie un mail de D.Chou

Samedi soir, 2h du matin, fin de la fête d’Entre les murs, je croise à la sortie FR, sans doute un peu éméché, qui me reconnaît car on s’est croisé à plusieurs reprises à la télé. Il y a apparemment un after au Bal Room, et une possibilité d’y entrer grâce à Sandrine, décidément le sésame de tous les endroits prisés de la croisette. Je propose à FR de venir avec nous, ce qu’il accepte aussitôt – il a l’air un peu perdu.

Finalement je me fais refouler par le type qui m’avait déjà interdit la soirée MK2, et c’est FR qui me fait entrer.

On parle un peu de tout : s’adresser à Daney ou s’adresser aux gens, la pédophilie ou l’islam, sacrifier le bonheur à la puissance, être gouverné par ses affects ou la raison, Despleschin. Lui : « Despleschin est sans doute un grand metteur en scène, mais pas un grand cinéaste, parce que fondamentalement, c’est un sale type, et je n’ai pas envie de voir les films d’un sale type ».

Je me faisais effectivement la réflexion pendant le film (Un conte de Noël) : encore et toujours la même histoire (la même démonstration pensais-je), d’une misogynie absolue. Toujours ces mêmes rôles de femmes prétendument fortes, ces rocs de volonté et d’abnégation qui révèlent assez vite leur faiblesse et leur petitesse d’âme. Et toujours en face d’elles cette figure de l’homme prétendument fou qui se révèle être la seule personne véritablement libre (on pourrait dire qu’il incarne même à chaque fois l’idée de la liberté, je veux dire par là que le trait est un peu forcé, heureusement Amalric est toujours génial, de liberté de jeu, de surprise, de drôlerie). Esther (Devos) dans Comment je me suis disputé, Nora (Devos encore) dans Rois et reine, Elizabeth (Anne Consigny) dans le dernier, à chaque fois le même personnage de femme vaillante, qui brandit fièrement ses fardeaux comme preuve de son courage, qui affronte tous les malheurs de la vie droit debout, et qui ne se plaint jamais, qui ne demande rien d’autre que la reconnaissance de ce courage. Pis, qui ne demande rien d’autre que le sentiment de culpabilité de tous ceux qui l’entourent, que la prise de conscience de leur profonde irresponsabilité. Des femmes responsables et raisonnables, et qui portent sur leurs épaules, comme un bouclier indestructible, tout le poids du monde. Et à chaque fois, Despleschin va venir s’amuser à gratter ce vernis d’invulnérabilité jusqu’à dévoiler ce qui depuis le début, résistait : une amertume, un ressentiment, une lâcheté. C’est évidemment Maurice Garrel face caméra avouant enfin et depuis la mort la haine qu’il porte à sa fille, c’est aussi dans Un conte de Noël ces deux scènes terribles pour Elizabeth, d’abord le dialogue avec son frère (Amalric), ensuite cette vérité du personnage énoncée sans lui lors du dernier dialogue entre Amalric et Paul Dédalus, de mémoire (très approximatif, voire totalement réécrit) : « Mais oui c’est ça, c’est ta mère qui te rend fou, c’est elle qui étend sa tristesse sur toi, tu n’es pas malade, c’est elle qui est malade et qui te refuse le bonheur, maintenant qu’on sait ça tous les deux, tu es guéri Paul ! ».

Pas besoin de son diplôme de philo pour entendre à cet endroit une rhétorique toute nietzschéenne, le faible fier des fardeaux qu’il décide lui-même de mettre sur son dos etc., qui culpabilise le fort, seul à exercer sa liberté etc. D’ailleurs c’est marrant car on parlait de Nietzsche avec FR, je sais plus pourquoi, sans doute sur la question du sacrifice du bonheur, et lui me dit qu’il faut bien faire la différence entre les nietzschéens de droite et les nietzschéens de gauche, que ces derniers sont tout à fait admirables (sous-entendu : il se revendique comme tel), bref il est possible du coup que Despleschin soit un nietzschéen de droite (mais je ne sais pas du tout ce que ça peut bien vouloir dire), à creuser.

(d’ailleurs ultime figure nietzschéenne dans Un conte de Noël : à l’opposé du don d’Elizabeth qui attend nécessairement un retour, soit une reconnaissance, soit une dette, soit une culpabilité, la vrai générosité d’Henri, le don de sa moelle qui n’attend rien en retour, le don par excès de force, surcroit de puissance)

En tout cas je suis sidéré que cette misogynie ne fasse pas débat, qu’on n’en parle pas, alors qu’elle me saute aux yeux. Je relisais JM Lalanne hier, sur Rois et reine, qui avait alors ces mots : «La puissance du film tient à son égale empathie pour ces deux stratégies de survie. Nora plonge, s’immerge, embrasse l’existence dans toute sa virulence, et défend comme une louve l’objectif qu’elle se fixe. Ismaël se déplace, esquive, renvoie toutes les responsabilités comme des balles au bond. Entre la guerrière et le clown, le film ne tranche pas. » Alors qu’il me semblait au contraire que le film choisissait sans cesse, qu’il prenait sans demi-mesure le parti d’Amalric, que le film était même l’entreprise de destruction du personnage de Nora. Évidemment je sais que Despleschin se défendrait d’une telle misanthropie pour soutenir plutôt l’idée d’une admiration sans borne pour ces personnages de femmes fortes, et qu’il oserait même soutenir que ses films sont l’histoire d’une renaissance heureuse de ces femmes, de la conquête d’une paix avec soi-même, et alors là je serais vraiment dégoûté parce qu’il m’a toujours semblé évident que la fin de tous ses films est à chaque fois un ultime pied de nez à ses femmes humiliées, une façon, et de faire la nique au critique en recherche d’humanisme en lui coupant l’herbe sous le pied, et d’humilier une dernière fois ses héroïnes en leur offrant un hypocrite happy end qu’elles n’ont pas mérité (les fins de Comment je me suis disputé, Rois et Reine, Un conte de Noël, toutes les mêmes !).

Bon imaginons qu’on discute avec Despleschin, sa réponse pourrait être ça (Inrocks, décembre 2004) : « Je songe à Nora... Les héroïnes de cinéma que j'ai aimées souvent traversent le pire. Elles m'apprennent à chasser le chagrin, les culpabilités, à les vaincre, à toujours préférer la douceur au désespoir. Seuls ceux qui ont connu le pire savent que le plus précieux, c'est ce que les épargnés jugent futile. Un rayon de soleil, l'élégance, la paix, fuir nos prisons et ne le devoir qu'à nous-mêmes. Peu importe que nous soyons meurtris, nous nous devons à nous-mêmes de gagner. Quand Catherine Deneuve prend la main de Nora à l'HP, son seul geste est une apologie donc une amitié. Catherine Deneuve ne juge personne, elle aime bien admirer... Et c'est la seule condition pour être réalisateur... ».

(ce qui me fait penser, mais je préfère ne pas y croire, que je plaquerais mes propres idées sur les intentions de Despleschin…)

Sinon j’aime beaucoup le film, j’aime que la frime soit sans cesse sublimée par l’intelligence, j’aime sa générosité, louée un peu partout mais cette fois le mot me semble vraiment juste, le film donne énormément, il déborde de partout, c’est peut-être en cela qu’il est américain, dans son goût pour la dépense. Y souffle un vent de liberté (malgré le côté ultra référencé) qui, au regard de tous ces films pesants et radins qu’on a pu voir à Cannes, tous ses films labellisés auteur, fut réellement salutaire pour moi. D’ailleurs je disais à Simon tout à l’heure dans le bus que si Honoré avait trouvé depuis deux films une manière un peu ludique de faire avec l’héritage de la nouvelle vague (en gros la vitesse et l’inconscience), je préférais mille fois le côté un peu scandaleux de Despleschin dans son utilisation des effets, le côté blasphémateur et pilleur de tombes, bien conscient lui.

Et la scène dans la cuisine entre Chiara Mastroianni et Simon le cousin est magnifique, tellement cruelle et belle à la fois (sans doute l’une des plus belles scènes de son cinéma, d’ailleurs le sentiment qu’il a cherché à filmer cette scène toute sa vie).

L’inénarrable Pascale Bodet sur le film : « la greffe desplechinienne ne prend pas, car Desplechin, n'ayant de cesse de ramener la couverture à lui (effets de signature), bloque toute dramaturgie authentique, tenant en laisse le corps qu'il produit en s'y greffant lui-même. Exemples : le ton sur lequel la mère dit à son fils qu'elle ne l'a jamais aimé, le ton sur lequel son fils lui réplique qu'il ne l'a jamais aimée, et sur lequel ils concluent qu'ils ne se sont jamais aimés ». Outre qu’elle ose qualifier Despleschin de « monstrueusement scolaire » (un comble pour elle !), je trouve qu’elle est passée à côté de cette scène renversante, où sous couvert de mots cruels et de vacheries dites sans fard, on ressent paradoxalement, derrière ces « je ne t’aime pas », une incroyable complicité entre la mère et son fils ; dit rapidement, se débarrasser des affects (l’horizon despleschien ?) permet ici une vraie estime intellectuelle, qui du coup produit presque une autre manière d’affect.

En fait comme je te le disais dans le train de l’aller à propos de Comment je me suis disputé, ce qui me séduit avant tout je crois dans ce cinéma c’est son intelligence, une intelligence en roue libre, qui se donne presque pour elle-même. Ca peut sembler un peu sale mais je trouve ça très beau, va savoir pourquoi.

Ce qui ne m’empêche pas de lui préférer, quand je la rencontre, une intelligence au service du collectif ou du politique, ce qui est le cas d’Entre le murs, ce si beau film.

En fait je me dis que c’est rare un film vraiment intelligent, que comme le dit Jessie, il y a surtout de faux intellectuels pas au niveau des sujets qu’ils abordent (il faudra qu’on reparle de Versailles).

Entre les murs, on en reparlera à sa sortie, mais juste en attendant : je commence à ressentir la limite de l’idéologie Bégaudienne, d’ailleurs la limite de toute idéologie : l’esprit de système - mais quand même ! Quelle belle idée sur laquelle se fonde ce cinéma (et cette littérature) !

Un pur matérialisme, une fidélité absolue au réel (pas au sens d’une copie fidèle mais d’une amitié fidèle), ce qui est est et ce qui n’est pas n’est pas (Parménide donc), rien de plus, un fait puis un fait puis un fait et ce faisant c’est la vie qui s’est écoulée et il n’y a rien de plus beau qui aurait pu être contemplé. C’est d’un ascétisme sans égal (car même chez Kéchiche, le mythe s’invite : Marivaux dans L’esquive, la forme de la fable dans La graine). D’ailleurs le film trahit à de rares moments sa philosophie originelle : FR souligne à juste titre la scène où Bégaudeau fume une clope dans la cantine, scène superflue, qui « dit » l’angoisse du prof alors que depuis le début le film n’est qu’action, qu’il évite soigneusement tout commentaire, donc toute pause. Mais il y a aussi je trouve des facilités, comme les dessins de Souleymane, ou la petite black qui vient à la fin dire qu’elle n’a rien compris (disons qu’à ce moment ce qui me gêne est de sentir la volonté surtout de ne pas faire sens, le fait qu’à trop vouloir éviter le manichéisme on tombe dans le didactisme inverse – l’effet Elephant).

J’aime vraiment je crois cette idée qu’en se bornant à ne décrire que des faits advienne avec l’accumulation quelque chose de plus grand mais qu’on n’a pas sciemment convoqué, et qui serait sans doute la grandeur ou la beauté de la vie.

J’aime cette idée parce qu’elle est évidemment avant tout politique (du coup quelle place pour le mythe, relégué au même rang que la religion ? je ne sais pas).

Bon je vais attendre que tu voies le film et là je vais me coucher.

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D.Chou est en pleine forme

mardi 27 mai 2008

Naive Melody


yesterday i almost got attacked by a fucking wasted homeless dude. it was pretty scary, i was trying to figure out what i could hit him with that would knock him out if he tried to touch me, i'm sure i could have just punched him and he would have fallen over, but instead i just got on my bike when he started following me and rode away really fast.
speaking of bums, the ones in austin are getting pretty fucked up apparently. one of the south congress regulars was caught underneath the bridge having sex with his dog. poor dog. i hope that bastard goes to hell. i'm sure he will. i have a boyfriend, he is a babe, and awesome. we're totally going to get married and have babies and it's going to rule

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She's back, tu te rends compte ? She's back !

Cools guys



Comme je le disais chez G.M., je viens à l'instant de terminer Freaks and Geeks, 8 mois après l'avoir commencé. Une page de ma vie se tourne (à la fin de quel film peut-on dire ça ?). Assurément la meilleure série, ever. Le dernier épisode est un des plus beaux pour ne rien gâcher : discos and dragons, que dire de plus. La fin de l'adolescence. Chaque personnage a droit à une sortie magnifique. Lizzy Caplan y joue un rôle primordial, tu verras. Si quelqu'un retrouve la chanson du disco contest de Nick, je suis preneur. Je me dis que le disco est vraiment un chouette truc. Même les Stones s'y sont mis. Freaks and Geeks i'll...


free music


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J'ai beaucoup de retard sur mon compte-rendu cannois. Je vais essayer de rattraper ça, au moins pour moi.

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Maria, c'est ce dont je te parlais au téléphone (Bob, écoute-le aussi), King of convenience

free music



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Je vais voir The happening dans 10h. Gosh.

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Acheter à D.Chou du Zyrtek pour soigner son exéma.

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A faire
- Changer le compte Free
- Appeler Hub
- CAF (eh oui, encore)
- Appeler M., A. et V. pour avancer tournage à dimanche
- Carlos et Antoine
- JCVD

jeudi 22 mai 2008

Washing machine

Un seul film vu aujourd’hui, plus les courts de la quinzaine… pas la gloire (écrire à Cannes complique tout, il faut dire). Serbis de Brillante Mendoza tout d’abord. L’éclat de John John, révélation de la Quizaine 2007, retombe un peu mais la déception importe finalement peu par rapport à ce qui se joue dans ce cinéma miraculeux. La confirmation, d’abord, d’avoir trouvé un cinéaste, un vrai. Encore un peu vert, au souffle court, mais explosant littéralement le cadre étriqué du world cinema en rang d’oignons. A Serge qui écrit « prendre des nouvelles des rues de Manille », je réponds : « prendre des nouvelles du cinéma, avant tout ». Pendant une heure au moins – la demi-heure suivante est malheureusement ratée – Serbis (service en français, sous-entendu sexuel) parvient à chatouiller la superbe (chatouiller n’est pas égaler…) de Weerasethakul, Khoo, et Tsai Ming-Liang dans la proposition d’un cinéma au seuil du docu et de la fiction, tout en inventant un style singulier et paradoxal, fait de fluidité accidentée et d’intimité au grand jour. Le film entretient un point commun avec un autre des meilleurs films du festival : Dernier Maquis, de RAZ, où, par la grâce d’une caméra généreuse, se crée un espace utopique, une invitation à la beauté dans un endroit qui n’a pas l’habitude de la recevoir, un peu comme l’avait fait Nolot dans la Chatte à deux têtes. On y pense immédiatement du fait que l’action se déroule dans un cinéma porno, mais la comparaison s’arrête là. Alors que Nolot s’intéressait à la salle elle-même comme utopie, c’est plus l’alentour qui intéresse Mendoza, tout ce qui se passe dans les couloirs, escaliers et innombrables cagibis bordant l’unique écran du cinéma (qu’on ne verra jamais, au profit de nombreux petits écrans). S’y croisent les membres d’une famille, nombreuse et recomposée, propriétaire des lieux, cohabitant avec les innombrables marginaux du quartier. S’y croise est vraiment le terme approprié : tout est mouvement dans Serbis (sans rapport toutefois avec l’histrionisme forcé d’un Kusturica), rien n’est jamais figé, la caméra passe d’un personnage à l’autre dans un doux ballet organique. Le lieu est filmé comme un corps vivant, en mutation perpétuelle (repeindre le mur, faire des travaux), en symbiose parfaite avec ses habitants, un corps dont il faut expurger la saleté (« tu sens le vinaigre » dit la mère à son ptit boy, avant qu’il ne lui renvoie malicieusement le compliment), expulser les fluides (le furoncle, l’évacuation des toilettes, le sperme), une tour de Babel où espace public et privé se confondent (trouées dans la paroi, travail génial sur le son envahissant de la rue), où s’invente au jour le jour un langage corporel commun (le Philippin lui-même est une langue syncrétique, un mélange de langue indigène, d’espagnol, et de mille autres choses sans doute), un espace utopique, enfin, sans point cardinaux, où les hommes peuvent s’appeler maman entre eux, où les transsexuels ont vraiment deux chromosomes X et où les prostituées paient pour le sexe, filmé comme une chose naturelle, à la même hauteur que tout le reste, une hygiène sans –isme. Les quelques défauts (symbolisme religieux dont je ne comprends pas bien l’intérêt et errements scénaristiques sans doute dus à la rapidité d’exécution – 12 jours de tournage !) s’oublient vite et ne demeure que l’impression d’un film vivant, mutant, un film qui lave le corps et l’esprit de toutes les immondices des jours précédents.

Pas envie de parler des courts de la quinzaine, sauf pour dire que je suis sorti de la séance déprimée pour plusieurs heures.

Soirée de la Quinzaine géniale, mais on n’est pas sur le blog d’IU ici, hein.

J’étais parti pour écrire toute la nuit (je dois rendre 3000 signes sur Depardieu pour demain) mais je ne vais pas y arriver.

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Faire gaffe à ne pas réveiller D.Chou, qui a besoin de bien dormir pour soigner sa colique.

mercredi 21 mai 2008

Shotgun

Beaucoup de retard. C’était prévisible. Des problèmes de connexion m'ont empêché de publier ce texte et quelques autres. C'est réparé.

Prenons les choses dans l’ordre, cette fois. Jour 3 (samedi donc), lever étonnement facile après la Nemirov party particulièrement arrosée. On est au début du festival, ça ne va pas durer. 9h, De la guerre de Bonello à la Quinzaine. Le film est complètement raté. Bonello s’abîme dans la complaisance 8 ½ like : comme me le fait remarquer Emilie, comment peut-il encore, à 40 ans se chercher une légitimité artistique et conclure que, non, il n’est pas Bob Dylan mais que c’est très bien comme ça… Son film se plante car il ne dépasse jamais le stade de la note d’intention : une suite de bonnes idées mal mises en scène. Bonello fait le point sur l’engagement, la fuite, le refus de la grisaille, l’impossibilité à jouir, la difficulté à créer après des génies, toutes interrogations passionnantes que je connaissais, n’ayant pas vu ses précédents films, par le biais de ses textes théoriques ou interviews. Avec Amalric comme alter ego (le Christian Clavier du cinéma d’auteur, comme dit Jessie, et il n’a tout à fait pas tort), le voilà donc embarqué dans une secte neo-new-age dirigée d’une main suave par une Asia Argento bizarrement éteinte (on murmure qu’elle ne s’est pas entendu avec Bonello) et un Guillaume Depardieu excessivement ridicule (le pauvre, est-ce pour ça qu’il était si gêné, et gênant, lors de la conférence de presse). Une secte où l’on promet à Bertrand/Amalric de jouir sans entraves, où l’on mène des « batailles » (fusil en main, contre des ennemis invisibles pour des causes dérisoires), où l’on se repose beaucoup, où l’on fait l’amour pour de faux avec un gode ceinture et masque de cheval sur la tête, où, enfin, l’on danse dans la foret sur le post-rock planant de Bonello himself (je crois). Mais aussi où les gosses, parfois, s’explosent la cervelle à coup de fusil – remember Kurt. Cobain, justement : Bonello a vu Last Days (et aussi Existenz – il a bon goût Bernard) et tient à le faire savoir. La scène de plagiat (pardon, d’hommage) du travelling arrière pendant que le héros joue de la guitare est exemplaire de l’échec du film : académisme, fausse prise de risque, esprit de sérieux, rails convenants de l’auteurisme le plus frelaté. Idem pour la scène de transe : elle devient intéressante au bout de 5 minutes, lorsque s’arrête. Bonello fait dire à Amalric que la beauté c’est le risque. Soit. Qu’il en prennent alors (conseil : commencer par virer Amalric).

Bon rien de grave, la journée va être bonne : Joreige et Hadjithomas + Jia-Zhang-ke au programme, ça y est, ça va enfin commencer. 13h : « hey, ça te dit d’aller voir le film chilien à la quinzaine, c’est dans une heure, tu feras un papier si c’est bien». Coolos.

Le film, Tony Manero de Pablo Larrain, est atroce, d’ores et déjà le pire du festival (peut-être de l’année). Un petit air de Gaspard Noé en phase terminale mêlé d’Alan Clarke trisomique (le behaviourisme, fabuleux chez Clarke, est en train de devenir le dernier académisme à la mode), un film à rendre Ceylan et Haneke sympathiques, Sorrentino (L’amico di famiglia) talentueux. Soit un type affreux, sale et méchant se rêvant Tony Manero (John Travolta dans La fièvre du samedi soir) se réveillant Tony Montano (Al Pacino dans Scarface, dont l’acteur est le sosie). Il partage son temps entre une adoration maladive de Saturday night fever – il va voir le film chaque jour en salle, en répète chaque mouvement et les dialogue, et coache une petite troupe de danseurs prête à adapter son film culte sur scène – et le maraudage meurtrier dans un Chili encore sous la dictature (background politique auquel le réalisateur prête une hypocrite attention, d’ailleurs). Fan de et assassin. Why not ? Sauf que le réalisateur passe le plus clair de son temps à s’essuyer les pieds sur son personnage, jamais ne lui laisse une chance de se montrer autrement que dans sa médiocrité crasse, l’enfonce tête la première dans la fange cinématographique la plus délibérée. L’idée de la mise en scène la plus conne vue depuis des années : filmer le personnage flou la moitié du temps. Pourquoi ? Parce qu’il est pas net… Et en effet, Tony est manipulateur, laid (la photo marron, et le filmage tremblant n’arrangent rien), vicieux, il tue (au hasard), vole ses victimes, et pour finir le tableau en beauté, il bande mou – incapable de baiser correctement sa maîtresse, quand ce n’est pas la fille de celle-ci… Misérable tu es, misérable tu resteras. La fièvre du samedi soir était un grand film qui parvenait, avec une mise en scène de feu à sublimer un personnage médiocre, à l’extraire de sa misérable condition sociale par la beauté de son art (la danse). Vers la fin, Larrain filme Tony en train de chier sur le costume blanc d’un de ses concurrents au concours de sosie organisé par la télé, afin de le disqualifier. Tout est dit dans ce plan : un film comme on fait caca.

Excédé, je sors de la salle et cours pour choper le Jia Zhang-ke. Que je rate piteusement, voyant les derniers spectateurs rentrer juste devant moi. Shotgun.

Je marche une bonne heure pour me calmer (en espérant, pour sa santé, ne pas croiser Pablo Larrain), prend un verre avec Emilie et Jessie et échoue finalement à la Semaine de la Critique. Chienne de journée décidemment : Better things, de Duane Hopkins est un navet ultra-complaisant sur la décadente jeunesse anglaise, prise en étau entre la misère sociale et l’héro, broyée entre une photo bleutée et une mise en scène au cutter (gros plans, fixes, points de vue fragmentées) faisant ressembler le film à une de ces pub anglaises atroces (à ce rythme, il va falloir que je renouvelle mes insultes d’ici la fin du festival, pour ne pas me répéter) où l’horreur survient après un calme apparent ; tu sais ces pubs pour la prévention routière ou le SIDA, ou la drogue. On s’attend à voir apparaître d’un instant à l’autre un slogan publicitaire (Drug is bad, Desperate youth), mais choisissant de ne pas rester jusqu’à la fin, nous ne le saurons jamais. Haneke est malheureusement le cinéaste le plus influent du monde…

Heureusement, le court-métrage qui le précède est sublime : Ahendu Nde Sapukai de Pablo Lamar, un jeune paraguayen exilé en Argentine qui parvient un instant à me réconcilier avec le cinéma latino-américain. Son film est un plan fixe d’un quart d’heure sur une procession funéraire, plastiquement magnifique et pourtant tout simple (une colline, une cabane, une lumière crépusculaire, des silhouettes se déplaçant). Après Hamaca Paraguaya de Paz Encina (dont le dispositif est très proche) il y a deux ans, confirmation qu’il se passe un truc passionnant à Asuncion. J’y reviendrai.

Je décide de ne plus prendre le moindre risque pour aujourd’hui et m’engouffre avant que l’orage n’éclate dans la salle du 60e pour voir Lola Montès de Max Ophuls en copie restaurée et director’s cut. Un émerveillement, qui suffit à racheter tous les errements de la journée. J’y reviens plus tard, également (à la fin de mon petit cycle Ophüls).

Soirée tranquille au village international (où je parle beaucoup avec Pablo et son amie Gabriela), tentative infructueuse d’entrer à la soirée Mesrine au Jimmy’s (Kassovitz s’est battu à l’intérieur avec Cassell et a planté la soirée, à ce qu’il paraît), fin de soirée au Porto, le débarcadère des losers. Le serveur, molesté par les questions et remarques hautaines et néanmoins cordiales de D.Chou (tu connais Davy) souhaite le tabasser. Il ne le fera pas, ce que je regrette sincèrement car j’aurais aimé défendre l’intégrité physique de mon ami cambodgien avec mes petits poings (tu sais, Davy, ça nous ramène au rêve que je te racontais l’autre soir, lorsque je devais te sortir de la fosse aux lions). « Les mecs comme toi, en Corse, on les donne à bouffer aux cochons. Si je te recroise par ici, je te coupe en deux », lui dit le type avant qu’on parte. On se marre bien à Cannes, tout de même. Il ne pleut plus.

samedi 17 mai 2008

Paint in Red

Dernier maquis : premier choc du festival. Un choc doux. Un choc indolent. C’est encore difficile de mettre des mots sur le dernier film de Rabah Ameur-Zaimeche. Trop fort. Le mec m’a serré la main putain. J’étais juste devant lui, j’applaudissais, je lui ai souris, et il m’a serré la main… Dernier maquis, un film à la fois naturaliste et anti-naturaliste. Un sentiment de réel très fort et en même temps, une échappée permanente. L’air de rien. Je n’ai pas tout de suite été séduit, il fallu la scène du ragondin, la scène où le type, Géant, rejette le ragondin dans le fleuve, après une discussion avec ses collègues pour savoir s’il s’agissait d’un castor ou d’un rat. On ne quitte pas le chantier, du début à la fin, on est avec les ouvriers, les mécanos, les caristes et les manoeuvres, au milieu des palettes rouges. Ca aurait pu s’appeler Paint in red. JM me disait : je ne suis pas sûr d’adhérer au discours. Quel discours ? La grande force de RAZ, c’est précisément d’échapper au discours. Islam, petit patronat, communisme… Tous les repaires sont brouillés dans ce film. RAZ ne joue jamais les uns contre les autres, ne joue jamais l’idéologie contre une autre, il ne joue que le cinéma (on pense à Guiraudie, le fantastique en moins). Son film est très simple, il filme des ouvriers au travail, des ouvriers qui discutent, entre eux, ou avec « la patron » (RAZ lui-même, mais aussi le surnom que Truffaut donnait à Renoir). De religion, d’augmentation. Sidérante la façon dont RAZ parvient à parler de problèmes très contemporaine (la rentabilité, le communautarisme, l’immigration) sans avoir l’air d’y toucher, sans couvrir son film d’une pesante couche discursive. Chacun a ses raisons, filmons les au mieux, faisons en sorte qu’ils soient beaux. RAZ est décidemment grand. Très envie de le revoir.

Un peu avant dans l’après-midi, j’ai vu le film de Desplechin, Un conte de Noel. Etrange sensation, comme si le film m’avait plu malgré moi. J’ai résisté durant toute la séance, mais j’ai finalement été cueilli. Desplechin pratique tout ce que je déteste (le cinéma français en milieu bourgeois, ultra-écrit, ultra-psychologique), et pourtant c’est irrésistible. Il est doté d’une telle intelligence… Par moment, c’en ai rageur. Je me disais : c’est finalement le Paul Thomas Anderson français. Un type brillant mais abject (c’est le cas de Comment je me suis disputé, un peu de Rois et Reine). Ce même chantage à la virtuosité, cette même façon de revisiter le passé (cinéma classique américain d’un côté, cinéma moderne européen de l’autre) sur un mode grandiloquent, histrionique, foufou, pour le dire comme JB, cette même impolitesse à mettre son intelligence en avant, avant toute chose. Je continue à le penser mais à la limite peu importe dans ce film. Admirable est la façon dont Desplechin évite tout caractère programmatique, par une liberté scénaristique et de mise en scène de tous les instants. Sur le papier, cette réunion familiale à Noël dans le but de s’entre-déchirer, c’est le pire film du monde, c’est Danièle Thompson ou Diane Kurys. Sauf que Desplechin écrit des dialogues comme personne, parvient à saisir des personnages dans leur vérité comme personne et met en scène comme personne. Commençons par ce dernier argument : mon sentiment jusqu’à présent (confirmé par des interviews) c’était que Desplechin s’en foutait de la mise en scène. Ce n’est pas tout à fait exact : il s’en fout de la doxa auteuriste. Il n’hésite pas à couper dans un plan pour passer à l’idée suivante, n’hésite pas à filmer chaque scène de 5 angles différents (et à tous les utiliser), n’hésite pas à jouer des plans de coupe (photos de famille, objets, bâtiments, images du passé…) pour brouiller les pistes. Après tous ces films contrits (Ceylan, Skolimoski), ça faisait plaisir de voir un film qui se départait du sacro-saint plan-séquence et découpage raisonnable. J’imaginais Desplechin devant sa tale de montage se dire, non pas (comme le pensent beaucoup) « je vais faire 6 coupes, un zoom et un iris » pour amuser la galerie, mais « just do it ». Si ça marche, faisons-le. Du coup, on finit par oublier l’aspect hyper-citationnel (Bergman, Truffaut, Godard…) pour rester fasciné par la vérité du propos : une histoire de vampires (Amalric, filmé comme Nosferatu à la sortie du tribunal, pour finalement être celui qui donne son sang), une histoire de don et de reprise. Qu’est-ce qui est gratuit, qu’est-ce qui ne l’est pas.

Je me dis par ailleurs (d’accord en cela avec D.Chou) que le film est terriblement misogyne, et qu’il est finalement étonnant qu’il plaise autant à certaines personnes. Il est très clair que pour Desplechin, les femmes sont des vampires, des êtres dépendants, qui « vivent dans des petites bulles » comme disaient Amalric dans Rois et Reine, toujours sauvés in extremis (ici, Anne de Consigny, qui pourrit la vie à son gosse pour exister, pour avoir la vie que son frère lui a volé, dit-elle) mais de façon hypocrite – se souvenir qu’Amalric n’ouvre pas la lettre de sa sœur…Chiara Mastroiani ne vit elle aussi qu’à travers les hommes, croyant les façonner, mais incapable de se définir sans eux (peut-être la plus belle scène du film lorsqu’elle couche avec Simon). Deneuve et Devos sont magnifiques, ce sont elles qui assument la liberté du film. Deneuve est au centre, c’est elle qui donne (la vie, la mort) et aussi elle qui reçoit (la moëlle de son fils, de son petit-fils, l’amour de toute la famille). Et elle traite tout cela avec une désinvolture, un détachement (la scène sublime de la balançoire avec Amaric, celle de fin à l’hôpital, aussi)… A l’opposé, Devos, pour une fois dans un rôle noble, est celle qui ne doit ni ne donne à personne. Elle est seulement de passage. Lorsque je ne sais plus qui lui dit « mais ce type (Amalric) te gâche la vie », elle répond « pas sûr ». Elle ne fait que parier en permanence (comme Deneuve, sauf qu’elle c’est par force des choses), elle est là pour jouer. Ce sont elles qui rendent la misogynie de Desplechin acceptable, je crois. Il y a encore beaucoup à dire, notamment sur l’analogie du film avec le rap (du sampling musical, de la parole incandescente dite vite), ce sera à la revoyure (au demain si j’ai le courage/temps).

Reste Ceylan, pour prendre la journée à rebours. Un côté mexicain (tendance Reygadas / Ascalante) et russe (tendance Zviaguitsev), du « monumental symbolique. Autant dire que j’adore… Trois singes est une exaspération des pire aspects des Climats (sur lequel j’étais partagé, il est loin Uzak…), dans le côté remords, adultère, culpabilité. Ceylan prend ce qu’il y a de pire chez Antonioni (la superficie de La notte ou l’Eclisse, c’est-à-dire le couple, l’incommunicabilité, etc) sans en égaler la subtilité ou la capacité à s’en extraire pour aborder l’universel. Cela donne un film extrêmement antipathique (je sais, je sais, c’est volontaire), prétentieux (pour pas grand-chose), désagréable, souvent moche (ces peaux jaunâtres). Ceylan expérimente tous azimuts (différentes textures HD, micro-ralentis, sound design ultra-précis, onirisme spielbergien autour de l’enfant perdu), sur-cadre chacun de ses plans, sur-joue la pose auteuriste (ça dure, ça dure), tout ça pour pas grand-chose. Une tempête dans un verre d’eau (et d’eau, de transpiration plus exactement, il est beaucoup question, comme dans Les climats). Il est fâcheux qu’un des formalistes les plus brillants du cinéma contemporain le soit au service d’une idée aussi étriquée du cinéma… Hâte de voir ce que va proposer Jia Zhang-ke demain.

La soirée se termine par une fête ukrainienne-Nemirov, invité par Oppilarque. Vodka à gogo, blondes partout, agréable buffet et rencontre, grâce à Bernard Payen, d’un jeune réalisateur paraguayien, Pablo, qui a un court-métrage à la Semaine. Très hâte de le voir. Demain, 11h. Juste après le Bonello.

Prison (Break ?)

Première journée à Cannes : lose… Impossible de récupérer l’accred’ cinéphile (bureau fermé), et quinzaine (demande non prise en compte, je dois repasser demain). Deux films vus, deux films prisons : Leonora de Pablo Trapero et Quatre jours avec Anna de Jerzy Skolimowski. Le premier est un véritable cauchemar, 2h dans une prison de femmes, la prise d’otage, la vraie, comme tous ces immondes films de maladie (Le scaphandre et le papillon l’an dernier) qui t’obligent à rester au côté d’un type (ou d’une nana) que tu ne connais pas et que tu ne connaîtras jamais vraiment, mais dont tu connaîtras tous les malheurs. Pas une idée de cinéma chez Trapero, ou plutôt si, une seule : tout filmer en gros plan, ça évite de se poser des questions. On est donc avec cette nana, qui a commis un homicide (mais on n’est pas sûr, ça c’est pour L’IDEE de scénario) et qui doit élever son gosse en prison, avant que celui-ci lui soit retiré (dur dur). Combat de femme. Rien ne nous est épargné : le sexe forcé dans les douches, le travelling sur les bourlets des co-détenus (ne pas filmer leurs visages, seulement les gros ventres), les engueulades, les crises de nerf… Le film n’a même pas la politesse de me laisser dormir (c’est pas faute d’essayer) : chaque croûton de pain qui tombe au sol fait le même bruit que la porte en métal de la cellule qui se ferme. Laissez-moi sortir…

Second film de la journée : le Skolimowski. Grosse déception, vue la réputation du gars. Pas grand-chose à en dire, le film m’a abandonné, orphelin, à sa surface, celle d’un film vieillot, alignement scolaire de tous les passages obligés du film d’Europe de l’est, seulement rehaussé par un filmage en HD (la belle affaire). Soit le croisement entre Bela Tarr et Mister Bean : c’est lent, vaguement burlesque, très laid (les gens sont souvent laids dans ces films-là), saumâtre. Une histoire de voyeurisme vue cent fois, une symbolique fenêtre/mur très lourde (ouvrir des fenêtre c’est bien, ériger des murs, c’est mal), un filmage tout en pesanteur. Help.

La journée se termine heureusement très bien par la soirée la Quinzaine. Les gens dansent. Ils sont beaux à voir. Et les DJs sont bons. Surtout lorsqu’ils passent The rythm of the night (souvenir de collège avec Emily). Ne manquait qu’Anchora tu. Pierre, what were you thinking ?

Croisé IU et 365 jours.

Raté Tokyo et le film d’animation isréalien…

free music

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jeudi 15 mai 2008

J'ai toujours aimé l'idée de choisir son camp

Je pars de Paris dans une heure exactement, et n'ai pas rempli la moitié de mes obligations pré-cannoises (comme d'hab'). Rien écrit sur JCVD, juste un truc vite fait sur Justice (pas sûr qu'il soit publié).

Quatrième Cannes, première tenue d'un blog.

Tellement soulagé d'avoir trouvé cette veste (noire, velours), hier. Je n'ai pas vu Semi-Pro, mais au moins j'ai une veste sobre pour mettre avec mes chemises bariolées (ne te moque pas, pas encore, tu auras bien le temps). C'est plus important, non ?

A tout à l'heure

***

Maria, écoute ça :

free music



mardi 13 mai 2008

You'll always walk like a model...

... and terribly, besides (pas sûr pour cette dernière partie)

La sentence est prononcée par l'infâme Robert Ryan à son épouse, jouée par Barbara Bel Geddes, dans le très beau Caught de Max Ophüls (1949).


Cette histoire de mariage raté entre une working girl (apprenant les bonnes manières pour s'extraire de son milieu) et un riche industriel misanthrope et jaloux avait une saveur particulière ce soir, après une journée particulièrement agitée sur le front du rachat des cahiers du cinéma (voir kuhe, que je ne linke pas puisque tu l'as sans doute déjà lu).
Ironie suprême : Burdeau était dans la salle. Il voulait sans doute s'aérer l'esprit après une journée/semaine aussi épuisante... pas de chance. La revue parviendra-t-elle, elle aussi, à s'extraire des griffes de son mari forcé ? Quel médecin veillera à son chevet ? Faudra-t-il qu'elle sacrifie son bébé, qu'elle perde une partie d'elle-même pour refaire sa vie ? C'est tout ce que je lui souhaite.

G.G.

lundi 12 mai 2008

The mist in my street

Une manifestation de cathos intégristes, pour la Pentecôte. Tout va bien et puis soudain...








Que fuient-ils ?


***



Non, non, promis j'exagère pas, c'est à peu près du même niveau (n'ayant pas vu la pièce, j'imagine), la honte du screwball. Et t'avais raison à propos de Kutcher, un vrai beauf. Et Diaz, elle a joué dans quels bons films depuis Mary à tout prix ? Je t'en foutrai moi des "traits pékinois"...

***

Iron Man, Léo Soesanto en a parfaitement parlé dans sa critique (je parle de la version longue, t'as qu'à acheter le mag'). Rien à ajouter si ce n'est que :
- le film est idéologiquement crapoteux, but who cares ?
- limite Z par moment, mais ça fait aussi son charme
- Samuel L.Jackson est un sacré filou en interview (cf. la scène cachée après le générique)

***

A faire :

- S'excuser auprès de D.Chou pour avoir confondu son bras droit et son bras gauche
- Ecrire des textes sur J, B, N, peut-être JCVD et Samani
- Contrat de cession (c'est bon, c'est bon, je vais le retrouver)
- Mail Carlos, Pierre, Antoine
- CAF

***

free music


Then susan comes into the room,
Shes a naughty girl with a lovely smile,

Says lets take a drive to Primrose Hill,

Its windy there and the views so nice,

London ice can freeze your toes

Like anyone I suppose

Im
Holding on for tomorrow...

vendredi 9 mai 2008

Holding on for tomorrow

... le plus beau portait de la France contemporaine, cette histoire de types qui tournent en rond avec leurs petites motos, tu ne trouves pas ? Oui c'est vrai, me dit-il. Puis, alors que nous remontons la rue en direction de Ménilmontant, Jessie se demande pourquoi nous - au sens large - ne supportons plus les films "antonioniens" tandis que nous aimons antonioni, ces films dotés-d'un-vrai-regard-de-cinéaste, avec un sens-de-la-durée-et-du-cadre, une attention-aux-corps-et-décors (quelques noms au hasard : Wonderful town, Rome plutôt que vous... le second étant nettement au dessus du premier, nous sommes d'accord là-dessus) ? Pourquoi leur préférons-nous des films en guenilles, des films luxueux et néanmoins en guenilles, sans apparente plus-value artistique : The return, The mist, Sexy Dance 2, Never Back Down ?

La posture est vieille comme la cinéphilie, nous n'inventons rien, et le savons bien, d'une certaine façon, nous nous conformons même, nous nous conformons à l'anti-conformisme (la grande limite des Mac Mahoniens, comme le disait deux heures auparavant Jessie à Laurent, devant Christine). Mais pourquoi emprunte-t-on aujourd'hui, de façon irrémédiable, ce chemin là ? Pourquoi aujourd'hui ? Jessie, qui avait du préparer sa réponse bien avant de me poser la question, esquisse une hypothèse : ce qui manque au cinéma dit d'auteur (pour faire vite), c'est le glamour, ce glamour qu'on retrouve justement dans les films de fond de catalogue hollywoodiens (mais aussi chez Antonioni, Gus Van Sant ou Wong Kar Wai, précise-t-il), le glamour en guenille.

C'est vrai, lui dis-je, que la nuée de films du tiers-monde défendus par V. (cette huître), ces films qui au mieux nous ennuient, s'en foutent complètement du glamour. Ils font parfois, à la rigueur, l'effort de nous montrer des "images du monde" (comme les séances itinérantes de mon enfance, le cauchemar des mardi soir, les soirées diapo publiques où se pressait tout le professorat de ma bourgade), de jolies photos toujours parfaitement décadrées et étalonnées, comme dans ce film thaï vu hier. Des petites filles en jupe rose qui jouent à la corde devant un ciel gris-bleu à la l'impeccable nuagerie. Ou des "vagues invisibles montrées en gros plan pour être sûr qu'on ne les rate pas", comme disait McL. Alors, oui, évidemment, il a raison Jessie. Il a raison... Mais, tout de même, je me demande s'il ne l'a pas piqué à J.S. son idée de glamour....

Je relis son article et, tiens c'est amusant, l'agression du réel au bord du lac Léman dont il parle m'est familière... Je l'ai ressenti, à peu près à l'identique, il y a quelques semaines. Je crois même reconnaitre l'endroit où a été prise la photo. Impression de déjà lu. Tu ne me crois pas ? J'ai ramené la preuve.
















Nous finissons notre ascension. En haut de la colline, je fais remarquer à Jessie que notre discussion en grimpette s'apparentait à celles de Primrose Hill, ce film qui m'émeut au plus haut point mais qui, lui, le laisse absolument froid, l'agace même - il est rare qu'on soit si radicalement et si frontalement opposés sur un film, ça n'était pas arrivé depuis Transformers et le Chabrol. "Eh bien voilà, tu sais désormais ce qu'il ne faut pas filmer", me dit-il, goguenard. Puis, sans doute à cause de cette affiche de baby-sitter, il évoque Scarlett Johansson comme modèle glamour. Elle, l'actrice la plus surestimée du moment, elle qui n'a même pas la politesse d'être vulgaire, vraiment vulgaire je veux dire, et pas seulement avec sa bouche (la seule partie de son corps dont elle joue). Je lui réponds que Paris Hilton, l'actrice la plus sous-estimé du moment, sait, elle, ce que c'est que la vulgarité, la vulgarité classe, le glamour vulgaire, elle sait ce que c'est d'être classe et vulgaire et glamour - il n'a qu'à voir le magnifique Bottoms up s'il ne me croit pas. Sur ce désaccord irréductible, nous nous séparons. Et je pense à...

***

A faire :
- prendre des nouvelles du pustule sur le bras droit de D.Chou
- adaptateur wifi à Montgallet avec Jenny
- matelas
- prêt
- train liège
- simon
- un seul gros plan à la place des champs contre-champs ?!

***

Une réminiscence du concert de Portishead. Ou plutôt une chanson qui ne me quitte plus depuis.

free music

I met a lady, she was playing with her soldiers in the dark
Oh one by one she had to tell them
That her name was joan of arc.
I was in that army, yes i stayed a little while;

I want to thank you, joan of arc,
For treating me so well.

***
Tu vas dans une boîte R'nB' avec M. et tu fantasmes une sexy dance avec Beyoncé
K. 21:21:24, 27/11/2006

mercredi 7 mai 2008

Portishead les 5 et 6 juin

- 12649 billets vendus (invités inclus)
- 1500 sandwichs (dont 600 excellents sandwichs au jambon et au beurre, le reste comprenant un peu de fromage pour 50 cents de plus)
- 11521 bières
- 10850 soft-drinks (dont de l'eau)
- 959 confiseries diverses et variées

Sinon, sublime concert, un peu trop court néanmoins.

Silence --- Threads ; entre les deux, beaucoup de packs de bière trimballés, quelques glimpses lointains sur le belle Beth, et des escalofrios dès que je parviens à m'éclipser du bar pour entrer dans la salle, un emozione que cresce piano piano - un truc à en perdre son latin.

La confirmation que Third est un des albums majeurs de la décennie, une bombe à fragmentation qui n'a pas fini de laisser retomber ses éclats incandescents dans les oreilles torves de ses contemporains. Un album déjà impressionnant sur le bruyant et médiocre ordinateur portable qui me sert de platine, essentiel un casque vissé sur les oreilles, indescriptible une fois jouée, fort, très fort, dans une salle de concert (ici pour un vrai compte-rendu). Si beau qu'il en rend les vieilles chansons moins chérissables (chose rarissime dans un concert où l'on préfère toujours les anciennes chansons). C'est dire.

Samani et Ophuls attendront un peu.

(je suis assez mécontent de mon texte sur Next, que j'ai dû me résoudre à bâcler, tu verras)

***
Eh, vieux, j'ai griffonné un 11 albums de la décennie (sans ordre pour l'instant) dans le métro en rentrant. Dis-moi ce que t'en penses (je crois qu'on en a pas mal en commun)

Kid A - Radiohead
Sonic Nurse - Sonic Youth (ça aurait pu être n'importe lequel des trois en fait)
Third - Portishead
New moon - Elliott Smith (ben oui)
Illinois - Sufjan Stevens
Feels - Animal Collective
Discovery - Daft Punk
Clouddead - Clouddead
Think Tank - Blur (mais ça aurait pu tout Damon Albarn, le briton le plus important des 2000's)
Pharrell - In my mind
Lift to experience - Lift to experience

Ca fait beaucoup de groupes qui ont commencé dans les 90's, voire 80's, mais j'ai pas pu faire autrement.

Rien à voir, mais j'insiste, Ghost Days, le dernier Syd Matters est sublime. Ecoute-le si tu peux (t'es foutu de pas aimer)

***
A faire
- prendre des nouvelles de l'eczéma de D.Chou
- découpage final et discuter avec le chef op'
- photocopier le contrat de cession
- répondre à monstre et P.I.
- appeler sego pour dvd
- train Liège
- compte-rendu Nyon et Brive
- voir Scum, le film de Barbé
- un pot de départ-arrivée.

***

"The breakfast club est le plus beau film du monde : cinq teens avachis sur leur chaise ou assis par terre pendant une heure et demi. Et une scène de danse, tu te rends compte ?"
K. 01/03/2008 20:19:40

samedi 3 mai 2008

Justice partout, police nulle part ©

Benedict se demandait il y a quelques années (déjà) : quelles images pour la cité ?
Où il ressortait que seul le cinéma était à même de créer du mythe, du signe, quand la télévision, elle, se contentait de signal (des voitures brûlent, tous les jours, il s'agit d'aller le vérifier), de "réel fabriqué". Démonstration impeccable, dont il me manque toutefois quelques clés pour saisir toute la pertinence - je n'ai pas vu la plupart des films cités (cf. à faire).

Aujourd'hui, deux nouvelles pistes sont venus relancer mon intérêt pour la question (en plus d'un projet de film, que tu connais bien, dont je parlerai peut-être ici, plus tard) : Sur la piste, justement, de Julien Samani (qui sera l'objet d'un prochain post) ; et le nouveau clip de Justice, Stress.

***



Stress est ma chanson préférée de l'album de Justice (l'équivalence musical de la fin d'History of Violence, nous disait Davy C. lors du road trip à Aix, tu te souviens). Pourtant, ma première réaction face à son clip fut le rejet. Non pas un rejet violent dû à un outrage moral, non (tu me connais). Seulement une déception, profonde, que ce ne fût que cela, que ce clip ne fût autre chose qu'un décalque vidéo de cette musique ultra-agressive, violence vs. violence, un truc tautologique, servile, vaguement complaisant, servant la soupe aux épigones de Finkielkrautrock, Hanekeskonattendpourfoutrelefeu et Dantectonique qui, à n'en pas douter, s'engouffreraient bien vite dans la brèche (ici par exemple, ça n'a pas tardé) ; je regrettais son absence de contrepoint et de recul, en somme, j'aurais voulu qu'il nous montrât une image différente de la banlieue, autre chose que le sordide manège télévisuel consistant à associer systématiquement banlieue et violence, jeunes (noirs de surcroit) et racaille. Des gars encapuchonnés qui, posés contre un escalator, se feraient des bisous (entre eux, à des filles), ça oui, ça m'aurait plu instantanément (note pour un prochain film). Surtout avec cette musique-là, des capuches et des bisous, so sweet. Bref, j'aurais voulu autre chose que la morgue du Droit de savoir repris avec ironie (parce que, bien sûr, ils sont pas dupes, etc.) par les amis de Kassovitz.

Sauf que.

Sauf que ce clip n'est pas TF1 et que, visiblement, il ne passera jamais sur TF1 (MTV l'a déjà acheté, parait-il, mais c'est différent, tu en conviens). Comme le notait Benedict à l'époque, l'image manquante des émeutes, c'était précisément les émeutes. Incapable (ou non désireuse) de montrer les altercations entre les jeunes et la police, la télé se focalisait alors sur le résultat, les aftermaths - gymnases brûlés, écoles saccagées, carcasses de voiture calcinées... Se rappeler également des bastons de la Gare du Nord en mars et septembre 2007. Que vit-on à la télévision ? Des types qui courent dans la rue, filmés de loin par un "riverain", depuis son balcon ; quelques images floues ou floutées ; interviews à la guillotine ; mains et pieds isolés. Rien ou presque, donc. Entendu, en revanche, beaucoup : voix-off dominatrix, qui à force de marteler les mêmes mots (bagarre, violence, jeunes) finit par faire image. La télé ne montre jamais de telles choses (même dans le droit de savoir, pas à ma connaissance), elle les rejette hors-champ, dans l'espace malléable du commentaire omnipotent.

Pas surprenant dès lors que le clip de Justice me soit familier, bien que je n'aie jamais assisté à de telles scènes (j'habite les beaux quartiers, tu sais bien) et que la télé ne me les aie jamais montrées. A force de l'entendre, j'ai fini par le voir. Je me suis fait mon film, aidé en cela par le cinéma (Orange mécanique, of course), jamais avare d'un bon tuyau. Stress a plus à voir avec le cinéma qu'avec de la télé, tout marketé et branchisé qu'il soit (c'est la grosse limite du clip, son côté Kourtajmé indécrottable, son côté "c'est tellement cool des mecs qui jouent de la trique et défoncent un autoradio passant D.A.N.C.E. avec un blouson † sur le dos, yeah"...). Pas du grand cinéma, non, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, mais un petit truc, bien troussé (mot à bannir, troussé, dans le futur), plus proche du mythe que du signal, quoi qu'en disent les sceptiques.

Partant de cette constatation, les images de Kourtrajmé n'ont plus du tout le même sens que celui que je leur accordais dans un premier temps. Il s'agit bien, comme me le disait Davy C., de se réapproprier un imaginaire kidnappé par les médias et de le réinjecter dans un vaisseau véloce (un X-Wing par exemple), lancé à pleine vitesse contre l'étoile noire : le clip d'un groupe mainstream, issu de la scène electro (majoritairement blanche et petit-bourgeoise), braves petits soldats du combo NRJ-Noos (D.A.N.C.E.!), suffisamment courageux, ou kamikazes, pour accepter (et sans doute même encourager) pareille outrage aux bonnes moeurs. Redonner une charge subversive à des images d'avantage fantasmées que réellement vues (ce qui ne veut pas dire que la violence n'existe pas, qu'elle est fantasmée, tu m'avais compris). Retourner contre la télé la parole viciée qu'elle susurre à nos yeux pour sans cesse nous ensorceler. Lui hurler à la face les images qu'elle ne saurait voir - d'où, effectivement, la pertinence de la comparaison avec Come to daddy d'Aphex Twin (merci Joachim).

Aphex Twin/Chris Cunningham, Come to Daddy



Bon, une fois dit tout cela, je continue à penser qu'un film/clip doux et voluptueux, posé et poseur (dans le bon sens du terme, le sens rinaldobozonien), sur les "mecs de banlieue" reste à faire. GDN, ça veut dire Guerriers de la Nuit ?

***

A faire
- Rassurer D. Chou sur l'ampleur de son herpès.
- Voir De bruit et de fureur; Etat des lieux; Ma 6-T va craquer; Wesh Wesh; La haine; les Kourtrajmé; The wire
- Télécharger 21
- CAF
- Mail Enclave
- Appeler Al, XS, Mat, Mam, Vi, Be, Marie pour l'autorisation de tourner.
- Mail C.
- Découpage final

vendredi 2 mai 2008

The day after...


Je rêvais de créer un blog le 1er mai, j'ai pas eu le temps.
Story of my life.

***

A défaut du jour de fête, ce blog s'ouvre donc sous les auspices du jour d'après. Du village français à New-York (enseveli), far from manhattan, oui, ça se tient, tout compte fait.



***

A faire :
- CAF
- 21
- Sophie Z.
- Mail E.
- Mail C.