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samedi 1 août 2009

Poi, niente


Je profite de mon séjour dans la toujours inspirante ville de Brescia pour entamer une légère réécriture de Far From Manhattan, les essais avec les acteurs en ayant confirmé la nécessité.

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Funny People ressemble, dans sa démarche, à deux autres grands films américains sortis cette année, deux films condamnés à cliver violemment les fans, deux films d'auteur au sommet, revenant du geste le plus radical de leur carrière, et tentant de confirmer l'essai, non par un allongement mais par un approfondissement du sillon. Il s'agit de Public Enemies et Inglorious Basterds, qui, à l'instar de Funny People, sont des sommets de déceptivité. Ceux qui aiment Tarantino parce qu'il est "déjanté", Michael Mann parce qu'il est "racé" et Apatow parce qu'il est "fun" sont, ou seront, nécessairement déçus par des bâtards finalement assez glorieux, par des ennemis surtout centrés sur la chose privée et par des people en fin de compte bien sinistres - c'est d'ailleurs en l'écrivant que je me rends compte de la similitude des titres. Des films où ressortent de façon un poil outré (mais jamais vulgaire) des thématiques jusqu'à présent souterraines, des films qui révèlent pas forcément la facette plus sympathique de leur auteur , des films très riches thématiquement, longs, foisonnants, et en même temps ingrats, où les nerfs ressortent par endroit à vif. Des films un peu gras (tous tournent autour des 2h30) mais écorchés - je me bats pour ne pas dire malade, parce qu'en l'occurrence ce serait galvaudé.

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Je ne vois qu'une faille, possible (ie à vérifier lors de la 2e vision), dans le film d'Apatow : le personnage de Leslie Mann, qui me semble à première vue moins bien écrit (moins aimé) que ses contreparties masculines. C'est d'autant plus dommage que : 1- avec la jeune stand-up comedian dite "fille aux grosses lunettes", Apatow a réussi un de ses meilleurs personnages féminins, prouvant qu'il était capable de montrer des filles aussi drôles que les mecs ; 2- c'est la deuxième fois que Madame Mann, endosse un rôle un peu ingrat (la belle-soeur pimbêche de Knocked Up), pouvant être légitimement jalouse de Julie Andrews pour le coup. C'est un phénomène qui ne laisse pas de me surprendre.

(à creuser : les similitudes avec Blake Edwards et surtout James L. Brooks)
(les éventuelles similitudes avec Desplechin - qu'est-ce qui fait que c'est mieux que Desplechin, qu'est-ce qui fait que la cruauté n'y est jamais une humiliation - et retrouver le grand article de Bozon sur "gifler ses personnages")

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J'ai retrouvé, par hasard en fouillant sur un vieux disque dur, l'image la plus marquante de mon adolescence, celle dans laquelle j'aurais souhaité me perdre, avec laquelle j'aurais voulu fusionner. Ah, Sarah Michelle...

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A.H. m'a spotted et linké sur son twitter. Si bien qu'en rentrant tout à l'heure, j'ai trouvé ça dans ma boîte aux lettres :
Le choc. J'hésite de plus en plus entre assumer la popularité croissante de ce blog et le fermer pour en créer un nouveau ailleurs, plus anonyme (sur le modèle rsc), selon le principe "pour être semi-heureux, vivons semi-caché".
(no big deal, Alex, je me posais déjà la question avant, ça ne change pas grand chose)

lundi 17 novembre 2008

Just Got Married !

...and pregnant !
Il faut absolument que tu ailles lire son blog. Si tu n'y pas accès, fais-moi penser à te le recopier et te l'envoyer. Il faut de toute façon qu'on se remette à le lire régulièrement. Elle y écrit des trucs désarmants, sur sa nouvelle vie à Austin, sur sa maladie qu'elle n'espère pas trop grave, sur son nouveau matelas garanti 20 ans, sur son procès gagné au prud'hommes, etc. On l'a laissé quelques mois, et tant de choses ont l'air de lui être arrivées.

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(il n'y aura plus jamais les critiques de DVD sur le site?)

Toute proportion gardée, The return est au film de fantôme ce que Lost Highway était au film noir : une revisite ultime du genre, en quatrième vitesse et à tombeau ouvert (l'aubaine pour des fantômes), un film-cerveau où temps et espace se court-circuitent, un geste maniériste abstrait et désespérément beau, d'une inventivité visuelle sidérante, à l'intersection de l'art plastique le plus conceptuel et de la série B la plus vile. Le scénario, élémentaire (une jeune fille revit sans cesse le trauma d'une autre fille décédée) a déjà été écrit, filmé cent fois ; c'est que toutes les histoires ont été racontées, et il n'en demeure aujourd'hui que des fantômes errant dans l'esprit de cinéastes possédés. Asif Kapadia, comme beaucoup, est hanté par Hitchcock, ses transferts de personnalité (Vertigo), ses bourgades intemporelles (Les oiseaux), ses bâtisses hopperiennes et ses escaliers flippants (Psycho), ses croisements routiers au milieu des champs (La mort aux trousses), tous éléments convoqués ici de manière spectrale, comme délavés, rouillés. Le décor de The return n'est, au fond, qu'un décor de cinéma, une installation à ciel ouvert dont il semble impossible de s'échapper, et son héroïne une pure idée (le présent condamné à revivre le passé) incarnée dans un corps éternellement adolescent, celui de la belle Sarah Michelle Gellar. Un choix de casting particulièrement pertinent puisque outre la chasseuse de vampires, SMG fut l'actrice de The Grudge de Takashi Shimizu (le film est explicitement cité vers la fin), autre maniériste tortueux explorant cette idée du film de fantôme comme remake circulaire, obligation à refaire sans cesse les mêmes gestes. Sorti de nulle part, Asif Kapadia frappe très fort dès son second film ; une apparition fulgurante qui n'est pas sans rappeler celle d'un autre indien, lui aussi obsédé par les fantômes...


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Tu m'excuseras, mais je n'ai plus très envie d'écrire sur Bond, trop de temps a déjà passé. Disons seulement, pour faire vite, que ce qui m'y a séduit théoriquement, au-delà de l'évidence attractivité de Daniel Craig, c'est l'absence totale de lisibilité - flagrante dans la première scène où on met 10 minutes à comprendre qui est qui, et qui pourtant est très efficiente, très significative aussi - prenant acte, après 24, Bourne, la trilogie T.Scott et Miami Vice (et aussi d'une certaine façon Speed Racer) du brouillage généralisé des cartes et de la dissolution des corps dans le cinéma d'action américain (en tout cas le plus intéressant). Undercover, out of control, in limbo, liquid, etc. Du coup, je ne peux pas être d'accord quand avec toi quand tu écris "Marre de ces cinéastes qui court-circuitent l'espace plutôt que de le mettre en tension". Je pense que tu commets la même erreur qu'avec Miami Vice (même si ce dernier s'élève très au-dessus de Bond, hein). L'abandon de la lisibilité n'est pas une perte, ou un défaut : c'est une nouvelle donne esthétique (et politique), et il va falloir s'y habituer.

Quand l'espace est applani (par exemple sur une carte électronique), annihilé, abstrait, éclaté et que le corps n'est plus qu'un vague treillis de lignes plus ou moins contigues à cet espace, dissout lui aussi, alors ne restent que les visages peu expressifs, les visages seuls comme réceptacles des joies et souffrances. Ce que démontre admirablement cette pub, la plus belle (plus belle même que le film, je te l'accorde) vue depuis...



Bond, le martyr hi-tech, nous éloigne des acquis picturaux de la Renaissance pour nous rapprocher de l'iconographie religieuse médiévale : visages peu expressifs sur corps immobiles dans espaces plans (enfin pas tout à fait, ça mériterait développement). Le film qui pousse le plus loin cette tendance étant bien sûr le meilleur film de l'année, Speed Racer.

Au-delà de cet attrait théorique, j'ai pris mon pied tout le long, sauf quelques scènes de gras brosnanien tel que la bataille d'avions au dessus du désert de Potosi, suivie de la ridicule et attendue révélation sur les richesses aquifères qu'il recèle. Toute la fin, dans cet hotêl dubaï style au milieu du désert, me semblent en revanche très belles (et j'adore Amalric sautant sur Craig à la hache). Et puis t'as vu, la piste M/Mum se confirme (she's my mother, or so she believes)...

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Ces comédies ne sont souvent que des copies plus ou moins aimables (et adroites) des films les plus ordinaires de Cukor ou de Borzage. Dans sa volonté d'annoblissement, la politique des Horreurs brasse tous les vieux concepts et affuble d'habits quelque peu ridicules des films (parfois charmants) qui n'en demandent pas tant - encore heureux qu'ils n'en demandent pas tant, sinon ce serait comme le dernier woody allen : très mauvais ; ndla - Qui le premier a eu l'idée, par exemple, de qualifier Sans Sarah rien ne va de comédie de remariage (euh...) ? Non seulement Stanley Cavell n'a rien à voir là dedans, mais c'est en plus l'une des choses les plus laides et plus mal jouées que l'Amérique ait produites depuis Independence Day.
Pierre Léon, Trafic Automne 2008

Tiens, c'est vrai ça, c'était pas si mal Independence Day.

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On pourrait y aller ensemble, j'hésite
JWL, 02:00:02, 15/11/2008