Mail reçu : "Tu m'avais parlé de lui (la fameuse conversation où tu as lâché un "ouais parce que moi la littérature ça m'intéresse pas" qui t'a fait traverser le sous-sol de papier de mon estime ), et voilà que je lis par hasard sur le blog du critique du Nouvel Obs un des 3 papiers élogieux qu'il fait dans l'année et qui est consacré à lui. Parallèle entre Djian qui est un vrai romancier et Yann Moix qui l'attaque dans le Figaro où il a une tribune - querelle sans intérêt, pas plus pour toi que pour moi, même si je suis à 100 % du côté du Nouvel Obs. Mais je te copie-colle juste cet extrait du dernier roman de Djian dont le résumé donne très envie, pas de le lire en priorité, mais de l'inscrire disons sur sa liste de mars :
Chaque fois que j’écoutais Banshee Beat d’Animal Collective, je prenais conscience que l’homme n’était pas simplement destiné à répandre la souffrance et la laideur sur le monde. Il pleuvait, il tombait des cordes, mais cette musique frôlait le miracle. Il y avait un moment où forcément l’on posait son verre et où l’on commençait à danser – en remerciant Dieu de ne connaître ni guerres ni famines etc. –, à se déhancher, à laisser poindre un sourire de satisfaction. (...) Il devenait de plus en plus difficile de préserver de tels moments. Dans l’ensemble, selon moi, la vie était plutôt une affaire douloureuse. Je n’avais pas dansé tous les jours, si j’avais bonne mémoire. Aussi, puisqu’il en était ainsi, me laissai-je un moment porter par la musique – remuant comme une espèce de ver dans une prise électrique – tandis que la pluie ruisselait sur les baies. Il faisait déjà sombre. Comment ferions-nous, me disais-je, s’il n’y avait pas la musique? J’avais ouvert une bonne bouteille de vin blanc".
Chaque fois que j’écoutais Banshee Beat d’Animal Collective, je prenais conscience que l’homme n’était pas simplement destiné à répandre la souffrance et la laideur sur le monde. Il pleuvait, il tombait des cordes, mais cette musique frôlait le miracle. Il y avait un moment où forcément l’on posait son verre et où l’on commençait à danser – en remerciant Dieu de ne connaître ni guerres ni famines etc. –, à se déhancher, à laisser poindre un sourire de satisfaction. (...) Il devenait de plus en plus difficile de préserver de tels moments. Dans l’ensemble, selon moi, la vie était plutôt une affaire douloureuse. Je n’avais pas dansé tous les jours, si j’avais bonne mémoire. Aussi, puisqu’il en était ainsi, me laissai-je un moment porter par la musique – remuant comme une espèce de ver dans une prise électrique – tandis que la pluie ruisselait sur les baies. Il faisait déjà sombre. Comment ferions-nous, me disais-je, s’il n’y avait pas la musique? J’avais ouvert une bonne bouteille de vin blanc".
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bye
C.W., 07/02/09, 02:17
Autre mail : "et pour benjamin button, j'aurais du t'écouter, bien sûr, au lieu de me laisser ébranler par tous ces 'étalements de mesquinerie' (j’ai lu et beaucoup aimé ton texte, bien sûr, qui me convainc aussi que les fincher d’avant zodiac ont peu de chances de m’enthousiasmer). rien à voir, j'ai enfin vu mes premiers épisodes de buffy, début de saison 4 (les bouts entraperçus il y a dix ans chez un copain dont les soeurs étaient fans ne comptent pas, en vf qui plus est), j'adore (sarah m. tout autant) et ça me rend presque triste, que cette série n'ait pas accompagné mon adolescence comme elle l'aurait du. j’aurais jamais cru ça, c’est profond comme apatow, terrorisant comme lynch, astucieusement méta comme shy (willow à buffy : ‘i’m not your sidekick’)… et génialement drôle. impur, fou fou et déjanté comme jumper (j’attends énormément de push, sur ce plan), et aussi une somme de culture populaire us (les simpson, studio 60), bref tout ce que j’ai aimé récemment. Et sarah m. est une des plus grandes actrices au monde, oui, un coup enfant gâtée butée, l’autre midinette, puis proche de l’asile, et une même fantaisie dans chaque registre. et quelle fragilité, quand elle suit le type odieux qui l’a plaqué et s’excuse, c’est juste pas possible, et elle le rend crédible je n’ai toujours pas compris comment. Et cette manière de jouer de son statut de blonde décolorée, de connaître ses limites et de s’en désoler, j’ai rarement vu une série aussi sadique envers son héroïne (‘oh yes, you’re willow’s friend’). Enfin voilou…
bye
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C'est l'un des plus beaux films que j'ai vu parce qu'il contient tous les autres, ou en tout cas une infinité. C'est un film qui justifie le cinéma, tout en étant chargé jusqu'à la gueule de littérature, donc un amplificateur d'existence. Sublime.C.W., 07/02/09, 02:17