Tu as vu le dernier clip de Beyoncé, avec Lady Gaga ?
C'est génial pas vrai ? Beyoncé n'est pas seulement la plus belle femme au monde et la meilleure chanteuse de r'n'b (en tout cas celle qui accumule le plus de lauriers), elle est aussi celle qui maîtrise le mieux son image. Et le clip de Video Phone, ce n'est rien d'autre que la démonstration crâneuse de cette maitrise. Tu as vu comme elle y exulte ? Comme elle met les petits hommes à tête de caméras à ses pieds ? Comme l'image devient épileptique dès qu'elle s'approche trop près d'elle - l'infilmabilité étant de toute façon, et depuis toujours, le motif favori de Beyoncé ? Comme elle se déguise et se démultiplie, enfin, pour incarner toutes les femmes en même temps - l'über-femme. Et tu l'as vu avec son énorme fusil ? Beyoncé, c'est Leni Riefensthal + Barack Obama.
Et c'est surtout l'inverse de Britney Spears : on peut lire Video Phone comme une réponse cinglante à Piece of me. D'un côté, la frêle Britney qui tente, au milieu d'une discothèque peuplée de ses sosies, de braver les démons qui l'enserrent, dans un chant du cygne sublime mais signant aussi sa perte : "you want a piece of me ?", dit-elle, comme pour geindre "mais vous voulez quoi encore, vous m'avez déjà tout pris ?". Un sens certain du tragique, certes (qui fait qu'au final, je l'aime bien malgré tout, Brit)
De l'autre côté, Beyoncé, toute puissante, qui invite son exact opposée (Lady Gaga : blanche, blonde, petite, suicidaire, et en même temps l'anti-Britney) pour un petit tour de son royaume, complètement verrouillé (cf le premier plan). Elle y nargue les paparazzi en s'offrant à eux, entière mais insaisissable. "tap me on your video phone, i can handle you". C'est elle qui te manipule, et pas l'inverse. "Et si tu veux savoir ce que ça fait de me filmer, je vais te montrer ce que je lui fais subir, moi, à ton image".
Je comprends qu'on puisse trouver ça indécent, cette démonstration permanente de force. Mais quelle autre star peut se targuer d'une telle infaillibilité ? Aucune, et ça ça me fascine. Et surtout ça va à l'encontre d'une certaine exploitation marketing de la détresse (Amy Winehouse, Pete Doherty, Britney Spears...), et ça c'est cool.
Au fond, préférer Britney, c'est aimer les femmes tant qu'elles sont faibles, à protéger, à consoler (autre exemple : Kristen Stewart dans Twilight 2) (c'est pour t'obliger à répondre que je dis ça :p). Tandis qu'aimer Beyoncé (la femme qui "upgrade" Jay-Z, ne jamais l'oublier), c'est reconnaitre qu'une femme puisse être à la fois hyper-féminine et hyper-puissante. Qu'elle puisse revendiquer son genre* et dominer le monde. Beyoncé über alles.
* et sa couleur de peau, mais c'est moins présent dans sa clipo/filmographie
* et sa couleur de peau, mais c'est moins présent dans sa clipo/filmographie