jeudi 16 avril 2009

Sembri piu giovane

Ce soir, j'ai vu Les nuits de la pleine lune, reprenant, à l'occasion d'une intégrale à la Filmothèque, le cycle Rohmer interrompu il y a un an. Je compte bien le terminer cette fois. Après la (relative) déception du Rayon Vert hier, pour des raisons difficilement explicables, Les nuits m'est apparu comme l'un des plus beaux films qui soient. De son auteur, de son pays, de son époque. Pas le courage de me lancer dans une critique à cette heure-ci, mais envie de te faire partager cette scène de danse, une des plus belles jamais filmées, qui à n'en pas douter va te rendre fou. N'ait crainte, je ne suis pas cruel, je vais me débrouiller à te faire passer le film par ta tante.



Tu conviendras que la moue de Pascale Ogier à 1:36 est à pleurer. Et son petit pas de danse à la fin... Laurent T nous confiait (j'étais avec KB à la projection) que Rohmer n'avait jamais, de toute sa vie, participé à une fête de ce genre (l'imagine-t-on jeune, de toute façon ?), et qu'il avait donc fait entièrement confiance à son actrice pour l'organiser. En faisant quelques recherches sur elle, je suis tombé sur cette chanson que Renaud avait composé à sa mort. Y'en a qui doutent de rien.
(demain matin, le pont du nord sera sur mon disque dur) (ça y est, le pont du nord est sur mon disque dur)

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A propos de disque dur, je laisse That's Life à disposition ici (mot de passe : andrews), pour ceux qui l'auraient raté au TNL.

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A propos de TNL, j'ai le choix entre le 7 et le 12 mai pour le prochain (pas le 21, à cause de Cannes). Le premier est un jeudi mais a le désavantage d'être une veille de pont, le second est un mardi : sondage, lequel préfères-tu ? Le film sera Super Nacho, ou Nacho Libre, de Jared Hess, en espérant pouvoir programmer Napoleon Dynamite pour cloturer la saison en juin. Tu as réussi à l'avoir au fait ?

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J'ai reçu ça, à propos de Tokyo Sonata :
"maintenant, je reviens à l'instant de tokyo sonata, je suis encore sous le choc, c'est magnifique, le murnau du dernier des hommes rencontre in fine le rozier de maine-océan et, par la grâce de chemins de traverse croisés et décroisés dans une lie sans fond, on se rend compte que ce n'était pas umberto d qu'on voyait, mais miracle à milan du même de sica, qu'on s'était juste trompé de film en fait, et que capra pouvait encore exister à l'époque des subprimes, que james stewart aussi pouvait repartir à zéro, et qu'il est japonais, et qu'il est filmé par ozu, et que kyoshi peut enfin, plus d'une décennie après les finalement mauvais cure et kairos, se faire un prénom et égaler son illustre homonyme, tant il y a in fine quelque chose de barberousse. (non, là tu bluffes, je reconnais quand tu bluffes). Et cette chorégraphie des plans dans la première heure, et les respirations finales... Ca fait 2 fois qu'on utilise le Clair de lune de Debussy, et ca fait 2 fois que ca fait mouche (où ça déjà ?). Mon numéro deux derrière button, sans problème. "
En complément du texte de JS, bien sûr.

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Et cadeau, rien que pour toi, preuve que j'ai gagné mon pari :


Ancora Tu from Raqi33 on Vimeo.

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"pourquoi ça tourne toujours au dîner de con avec toi est devenu une des meilleures scènes de pierre-nicolas. merci"
MM, 12/04/09 18:52

Jean-Paul Le Chanois

"Quand nous étions jeunes, avec les gens des Cahiers, on a beaucoup défendu le cinéma américain de l'époque, contre le cinéma français des années 50, que nous appelions "la qualité française". Mais ça n'a servi à rien puisque ce cinéma est revenu. Téchiné aujourd'hui, c'est Duvivier ; enfin non, Duvivier avait plus de talent. Téchiné c'est Christian-Jaque... Non, Christian-Jaque était sympa. Téchiné, ça serait plutôt Jean-Paul Le Chanois, voilà."
Jean-Luc Godard, entretien avec Serge Kaganski et Jean-Marc Lalanne, 2004.

N'ayant rien vu d'autre que Les roseaux sauvages à la télé à l'époque de son passage (plu, sans plus), j'étais toujours resté persuadé que Godard avait raison, et n'avais donc pas cherché à aller plus loin. Téchiné = Le Chanois, c'était réglé. Puis j'ai vu Les Témoins, éblouissant. Mais je me suis dit : c'est un one shot, un coup de bol. Puis je me suis souvenu que deux ou trois choses m'avaient séduit dans Les temps qui changent. Vraiment séduit, à tel point qu'il m'arrivait souvent d'y penser alors même que j'avais trouvé le film dans son ensemble passable (il faudrait que je le revois du coup). Cette scène, par exemple, complètement abstraite, digne de Brakhage, où des gravats ensevelissent Depardieu ; où cette autre scène, avec les clandestins cachés dans la forêt, qui m'a secrètement influencé pour L'enclave, qui fut même - je ne m'en rends compte que maintenant - mon influence principale pour la partie forêt. Puis je lisais ça et là des choses sur lui me laissant croire que j'avais peut-être eu tort de le laisser de côté à cause de quelques propos péremptoires (mais hilarants) d'un vieil homme notoirement aigri (qui dans la même interview se payait tout de même Brisseau, Gus Van Sant et Kiarostami...). Bref, je me faisais peu à peu à l'idée que Téchiné pouvait me plaire (malgré l'affiche hideuse de La fille du RER). Mais crois-moi, je ne m'étais pas préparé à recevoir une telle gifle, à trouver le film aussi majestueux. Un de mes films français préférés des années 2000, assurément. Alors quand je lis que tu détestes à ce point, toi surtout, tu comprends que je sois désappointé. T'es quand même gonflé de me dire "mouais, j'ai lu ce que tu avais écris, tu ne parles que scénario, blabla" : j'ai encore rien écrit ! En tout cas le film clive. Je ne connais que des gens qui détestent ou qui adorent. Personne, mais vraiment personne, au milieu. Non capisco il fenomeno, qui défie l'habituelle logique de chapelles...

Promis, je prends le temps de te répondre. Je voulais le faire cette semaine, mais mon esprit a été accaparé par Star Trek, enfin le chef d'oeuvre attendu de JJ Abrams - envolées les réserves sur Cloverfield et M:I:3.



Je me réjouis quoi qu'il en soit d'avoir, enfin, mis la main sur la B.O. de Barroco, qui m'avait tant ému dans Le passe-montagne de Stévenin (puisque je n'ai pas vu Barroco), et que Sarde réutilise effectivement dans La fille du RER.


barroco