jeudi 20 août 2009

Abel-Truchet (1)


Certains commentateurs et non des moindres (Jean-Baptiste Thoret, par exemple, dans sa critique pour Charlie Hebdo) semblent regretter que Michael Mann soit passé, avec Public Enemies, de l'opéra à la folk song. Pourquoi le regretter ? Tout le monde sait que Bob Dylan est meilleur que Dick Wagner.

***
Le même regrette également l'absence du plan mannien par excellence, le désormais fameux regard vers l'horizon : baie vitrée, qui ouvre sur les lumières de L.A. dans Heat, sur l'océan dans Miami Vice ; carte postale d'îles lointaines dans Collateral, etc... Plutôt que de le regretter, ne vaudrait-il mieux pas se demander ce qu'il y a à la place dudit plan ? Se demander, ainsi, ce qui se passe lorsque ce n'est plus l'horizon que le héros mannien (en l'occurrence Dillinger) trouve à la pointe de son regard, mais son propre reflet ? Se demander, enfin, ce qui se passe lorsque le miroir dans lequel apparaît ce reflet est en fait un écran de cinéma ?

***
Je fais une courte parenthèse à propos de Miami Vice, avant d'en revenir à Public Enemies.

On avait déjà noté à quel point, entre Heat et Miami Vice, la valeur du regard-horizon avait changé : au long regard contemplatif et mélancolique de Robert De Niro dans le premier, succédait une contemplation court-circuitée (et sans la moindre expression mélancolique) de Colin Farrell dans le second, interrompue dès après quelques secondes par la nécessité de mener l'interrogatoire. There's no time for daydreaming dans la police de Miami... (à suivre)

4 commentaires:

Stephen N. Stephen a dit…

Dylan/Wagner: pas si vite (bien que je n'aime pas l'opera (pour l'instant)).

M. a dit…

C'est faux, concernant l'absence de "plan mannien" dans PE: on voit Johnny Depp scruter l'horizon après la première scène de la prison, lorsque lui et son gang sont brièvement recueillis par une famille pauvre. D'ailleurs le plan est intéressant (on le voit un peu dans la b-a il me semble): on croit d'abord que c'est un regard subjectif avant que le panoramique n'intègre Depp (de dos) dans le champ.

'33 a dit…

Ca alors ! Ca me donne évidemment envie de revoir le film immédiatement. Je me souviens de la scène, mais pas du plan.
Ceci dit, ça ne change pas le constat, au contraire : si on a du mal à s'en souvenir, c'est que le plan est de plus en plus court.

M. a dit…

Allez revoir la b-a, à 1:55 très exactement, ça vous dira peut-être quelque chose.

Cela dit, je suis d'accord avec vous: le plan est assez court et surtout il n'a pas le même effet de contrepoint que dans Miami Vice, par exemple. Par ailleurs il est peut-être situé trop tôt dans le récit pour être vraiment marquant (quoique, Manhunter...)